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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/71

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et votre femme et votre fille qui vous écoutent, et vous encore plus qu’elles ? Il vaudrait bien mieux se taire, que de dire ce qu’on ne peut écouter sans rougir, et ce qu’on croirait digne de châtiment dans la bouche d’un esclave. Quelle excuse donc vous restera-t-il, lorsque vous allez voir avec tant d’ardeur ces objets infâmes, et que vous préférez à toute chose ce qu’il n’est pas même permis de dire ?
Je finis ici ce discours, afin de ne point paraître trop sévère. Mais si vous ne vous corrigez, je me servirai d’un fer encore plus tranchant, et je vous ferai une incision plus profonde. Je ne vous donnerai point de relâche, que je n’aie entièrement renversé ce théâtre diabolique, afin de rendre pure et sans tache l’assemblée de notre église. C’est ainsi que nous serons délivrés de tous les dérèglements de cette vie, et que nous mériterons le bonheur de l’autre, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VIII


« ET ÉTANT ENTRÉS DANS LA MAISON, ILS TROUVÈRENT L’ENFANT AVEC MARIE SA MÈRE, ET SE PROSTERNANT EN TERRE, ILS L’ADORÈRENT. ET OUVRANT LEURS TRÉSORS, ILS LUI OFFRIRENT POUR PRÉSENTS, DE L’OR, DE L’ENCENS ET DE LA MYRRHE », ETC. (CHAP. 2,11, JUSQU’AU VERSET 16)

ANALYSE.

  • 1. Les Mages adorent Jésus-Christ comme Dieu.
  • 2. La fuite du Christ enfant en Égypte.
  • 3. Éloge de saint Joseph.
  • 4. La Judée chasse le Christ et l’Égypte le reçoit. – État florissant de la religion chrétienne en Égypte à l’époque de saint Chrysostome.
  • 5. Saint Chrysostome propose à son peuple l’exemple des solitaires d’Égypte, et particulièrement de saint Antoine.


1. Comment donc saint Luc dit-il que l’enfant était couché dans une crèche ? Voici : Joseph et Marie n’ayant pu trouver asile dans une maison, à cause du grand nombre d’étrangers venus à Bethléem pour le recensement, S’étaient réfugiés dans une étable ; la Vierge mit alors au monde l’enfant-Dieu, et le coucha dans la crèche de l’étable. Cette explication, saint Luc lui-même la donne en disant « Elle coucha l’enfant dans la crèche, parce « qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie. » (Lc. 2,7) Mais ensuite elle le retira de là et le prit sur ses genoux.
A peine arrivée à Bethléem, la Vierge accouche ; cette circonstance n’a rien de fortuit, elle fait partie du plan divin touchant le mystère de l’Incarnation, elle est nécessaire pour l’accomplissement des prophéties.
Mais qui put porter les mages à adorer l’enfant ? Ce n’était pas l’extérieur de la Vierge qui n’avait rien d’extraordinaire, ni l’apparence de la maison qui était loin d’être magnifique, ni le reste de l’entourage où l’on ne voyait rien qui pût frapper et captiver. Cependant non seulement ils l’adorent ; mais ils ouvrent leurs trésors, et lui font des présents, plutôt comme à un Dieu que comme à un homme, puisque la myrrhe et l’encens sont particulièrement dus à Dieu. Qu’est-ce donc qui les prosternait en adoration devant un enfant, sinon ce qui les avait déjà portés à quitter leur maison pour faire un si long