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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/101

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HOMÉLIE XX.


OR, IL Y AVAIT A DAMAS UN DISCIPLE NOMMÉ ANANIE, A QUI LE SEIGNEUR DIT, DANS UNE VISION « ANANIE ». ET IL RÉPONDIT : « ME VOICI, SEIGNEUR ». LE SEIGNEUR LUI DIT : « LEVEZ-VOUS, ET VOUS EN ALLEZ DANS LA RUE QU’ON APPELLE DROITE, CHERCHER DANS LA MAISON DE JUDAS UN NOMMÉ SAUL DE TARSE, CAR IL Y EST EN PRIÈRES ». ET IL A VU, DANS UNE VISION, UN HOMME NOMMÉ ANANIE, QUI ENTRAIT ET LUI IMPOSAIT LES MAINS, AFIN QU’IL RECOUVRÂT LA VUE. (VERS. 10, 11, 12, JUSQU’AU VERS. 25)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Paul aveugle, à Damas, guéri par Ananie. – Zèle ardent de Paul ; sa prudence et son courage.
  • 3 et 4. Beau développement sur cette pensée : la grande accusation que le chrétien doit redouter, c’est d’avoir été inutile.


1. Pourquoi le Seigneur n’appelle-t-il, n’envoie-t-il aucun des principaux apôtres pour l’instruction de Paul ? C’est qu’il ne fallait pas un homme pour amener Paul à la foi, il fallait le Christ lui-même. Ananie ne l’a pas enseigné, mais seulement baptisé. A peine baptisé, Paul s’attire la grâce de l’Esprit par l’ardeur de son zèle. Maintenant, qu’Avanie fut un personnage considérable, c’est ce qui est évident, et parce qui lui est communiqué, et par la réponse qu’il oppose : « Seigneur, j’ai entendu dire à plusieurs, combien cet homme a fait de maux à vos saints, dans Jérusalem (13) ». S’il, a pu opposer, à Dieu, une pareille réponse, que n’aurait-il pas dit à un ange que Dieu lui aurait envoyé ? Nous avons vu que Philippe ne fut pas averti de ce qui doit arriver ; un ange se montre à lui ; l’Esprit lui ordonne d’avancer, de s’approcher du chariot. Ici, l’Esprit fait plus ; il rassure Ananie ; il semble lui dire : C’est un homme qui est en prières, c’est un aveugle, et vous avez peur. Moïse aussi nous fait voir une peur semblable. Les paroles d’Avanie marquent plutôt la peur que le manque de foi. Écoutez-les : « Seigneur, j’ai entendu dire à plusieurs, combien cet homme… » Que dites-vous ? Dieu parle, et vous hésitez ! Ainsi, on ne connaissait pas encore la puissance du Christ. « Et même il est venu en cette ville, avec un pouvoir des princes des prêtres, pour emmener prisonniers tous ceux qui invoquent votre nom (14) ». D’où le savait-on ? Il faut croire que la terreur était générale, et l’on avait eu grand soin de courir aux informations. Ananie ne parle donc pas pour apprendre au Christ quelque chose, mais Ananie ne comprend pas, dans une pareille conjoncture, la possibilité de ce qu’on lui demande. C’est ainsi qu’ailleurs les disciples disent : « Qui peut être sauvé ? » (Mc. 10,26) Mais voyez comme tout est disposé de manière à lui inspirer de la confiance. Un songe, une vision, une voix qui avertit : Il est en prières, dit le Seigneur, donc ne craignez rien. Et pourquoi ne lui annonce-t-il pas clairement la victoire remportée ? C’est pour nous apprendre à ne pas publier nos triomphes, ou plutôt, c’est précisément parce que le Seigneur voyait la crainte d’Avanie. Et ce n’est pas pour Dieu une raison de lui dire : Il ne refusera pas de vous croire. Mais que lui dit-il ? « Levez-vous, et vous en allez. Car il a vu, dans une vision, un homme qui lui imposait les mains. Dans une vision », parce qu’il était aveugle. Et la grandeur du miracle n’a pas transporté le disciple, tant il avait peur ! C’est de lui pourtant que Dieu s’est servi pour rendre la vue à Paul devenu aveugle. Le Seigneur lui repartit : « Allez le trouver, parce que cet homme