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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/102

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m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les gentils, devant les rois, et devant les enfants d’Israël ; car je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom (15, 16) ». non seulement, ce sera un fidèle, dit le Seigneur, mais un docteur, et il parlera, en toute liberté, « devant les gentils et devant les rois ». Sa doctrine grandira au point de prévaloir sur toutes les nations et sur les rois. « Ananie s’en alla donc, et, étant entré dans la maison, il lui imposa les mains et lui dit. Saul, mon frère, le Seigneur m’a envoyé Jésus, qui vous est apparu dans le chemin par où vous veniez, afin que vous recouvriez la vue, et que vous soyez rempli du Saint-Esprit (17). Jésus », dit-il, « qui vous est apparu dans le chemin ».
Certes, ce n’est pas le Christ qui lui a dit ces choses, mais l’Esprit. « Et aussitôt, il tomba de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue ; et s’étant levé, il fut baptisé (18). Ayant ensuite mangé, il reprit des forces (19) ». Il ne fit que lui imposer les mains, et aussitôt de ses yeux tombèrent les écailles. On a trouvé, dans ces écailles, la cause de cette cécité. Mais pourquoi le Seigneur ne lui enleva-t-il pas les yeux ? Voici ce qu’il y eut de plus étrange : Saul, ayant les yeux ouverts, ne voyait point : il subit cette infirmité jusqu’à ce qu’il eût quitté la loi pour Jésus. « Et aussitôt », dit le texte, « il fut baptisé. Ayant ensuite mangé, il reprit des forces ». Il va sans dire qu’il était brisé par le voyage, par l’épouvante, par la faim, par le trouble de son cœur. Pour prolonger ce trouble, le Seigneur le laissa dans la cécité jusqu’à l’arrivée d’Avanie. Il ne fallait pas non plus qu’on prît cette cécité pour une imagination ; de là, les écailles. Ce qui est certain, c’est que Saul n’eut pas besoin d’autre enseignement ; ce qui lui était arrivé lui tint lieu d’enseignement. « Et il demeura, durant quelques jours, avec les disciples qui étaient à Damas. Et il se mit aussitôt à prêcher Jésus dans les synagogues, assurant qu’il était le Fils de Dieu (20) ». Voyez, tout de suite il se met à enseigner dans les synagogues. Il ne rougit pas de son changement, il n’a pas peur de démentir ce qui l’a rendu fameux auparavant. Et non seulement il enseigne, mais il enseigne dans les synagogues. Ainsi, il a commencé par donner la mort, il était prêt à commettre mille meurtres. Voyez-vous la puissance du signe qui l’a frappé ? Par le même signe, Saul, à son tour, surprend tous les hommes. Ce que montre le texte, en ajoutant : « Tous ceux qui l’écoutaient étaient frappés d’étonnement, et ils disaient : N’est-ce pas là celui qui, persécutait avec tant d’ardeur, dans Jérusalem, ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici pour les emmener prisonniers aux princes des prêtres ? Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, leur prouvant que Jésus était le Christ (21, 22) ». Dans sa connaissance de la loi, il leur fermait la bouche, il ne leur permettait pas de souffler le mot. Ils avaient cru se délivrer de tous les discours de ce genre en se délivrant d’Étienne, et ils retrouvaient un autre Étienne encore plus véhément.
2. Mais reprenons ce qui concerne la vision d’Avanie. Le Seigneur ne lui dit pas : Allez lui parler et l’instruire. Car si ces paroles : « Il est en prières, et il a vu un homme qui lui imposait les mains », ne suffisaient pas pour persuader Ananie, à plus forte raison, les autres paroles eussent été peu convaincantes. « Il a vu », dit le texte, « dans une vision » ; par conséquent il ne se défiera pas de vous ; donc ne craignez rien, mettez-vous en route. C’est ainsi qu’il arrive à Philippe de ne pas tout comprendre au premier moment. « Parce qu’il m’est un vase d’élection ». Paroles qui ont pour but de dissiper la crainte, et d’inspirer la confiance ; puisque ce persécuteur devait prendre les intérêts du Seigneur, au point de souffrir beaucoup de maux. L’expression, « C’est un vase », montre que la perversité n’est pas naturelle en lui ; « d’élection », montre qu’il a été trouvé bon, car on ne choisit que ce qui a été trouvé bon. La réponse d’Avanie ne prouve pas qu’il refuse de croire, ni qu’il pense que le Christ se soit trompé ; rejetons ces pensées ; mais Ananie effrayé, tremblant, n’a rien entendu de ce qu’on lui disait, du moment que le nom de Paul eut frappé son oreille ; telle fut son épouvante aussitôt qu’il eût entendu ce nom ; et cependant, en apprenant la cécité dont le Seigneur l’avait frappé, Ananie devait se rassurer. « Et même il est venu en cette ville, dit-il, pour emmener prisonniers tous ceux qui invoquent votre nom ». C’est comme s’il disait J’ai peur qu’il n’aille, moi aussi, m’emmener à Jérusalem ; voulez-vous me jeter dans la