Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/109

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l’aumône. Alors Pierre, ayant fait sortir tout le monde, se mit à genoux, et en prières, et, se tournant vers le corps, il dit : « Thabite, levez-vous ; elle ouvrit les yeux et, ayant vu « Pierre, elle se mit sur son séant (40) ». Pourquoi faire sortir tout le monde ? pour éviter l’émotion, le trouble causé par les larmes. « Se mit à genoux, et en prières » ; c’était la marque d’une grande application pour prier. « Il lui donna la main », dit le texte (41). Ici, le texte montre successivement la vie, ensuite la force communiquée, l’une par la parole, l’autre par la main. « Il lui donna la main ; et la leva, et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur rendit vivante ». C’était, pour les uns, une consolation ; ils revoyaient leur sœur ; ils contemplaient un miracle ; pour les veuves, c’était une protection qu’elles retrouvaient. « Ce miracle fut su de toute la ville de Joppé, et plusieurs crurent au Seigneur ; et Pierre demeura plusieurs jours, dans Joppé, chez un corroyeur nommé Simon ».
3. Voyez la modestie et la douceur de Pierre : il ne reste pas auprès de cette femme, auprès de quelqu’autre personnage marquant, mais chez un corroyeur ; par tous les moyens, il enseigne l’humilité. Il ne veut pas que les humbles rougissent, que les grands s’élèvent. S’il fit son voyage, c’est qu’il pensait que les fidèles avaient besoin de sa doctrine. Mais reprenons les paroles de notre texte : « Il cherchait », dit le texte, « à se joindre aux disciples ». Paul ne les aborde pas effrontément, mais avec humilité. L’Écriture ici donne le nom de disciple même à ceux qui ne faisaient pas partie des douze ; c’est que tous méritaient alors ce nom de disciples, par l’excellence de leurs vertus. Leur vie était conforme à un modèle illustre. « Mais tous le craignaient », dit le texte. Voyez comme ils redoutaient les périls, comme la crainte était puissante encore. « Alors Barnabé, l’ayant pris avec lui, l’amena aux apôtres et leur raconta ». Ce Barnabé, je crois, était depuis quelque temps l’ami de Paul ; de là vient qu’il raconte tout ce qui le concerne. Quant à Paul, il n’en dit rien lui-même, et je pense que plus tard il n’en parle pas davantage, excepté dans quelque nécessité. « Et il était avec eux dans Jérusalem, parlant avec force et liberté au a nom du Seigneur Jésus ». Ce qui donnait aux autres de la confiance. Voyez-vous, ici encore, ce que vous avez vu ailleurs, des fidèles qui veillent prudemment sur lui, et qui le font partir, et comment la main de Dieu ne se montre pas encore pour le défendre ? Et c’est par là qu’éclate son énergie propre. Dès ce moment, je ne crois pas qu’il voyage par terre ; il dut s’embarquer ; ce qu’il fit par le conseil de celui qui voulait faire servir son voyage à la prédication. Et les pièges qu’on lui tendait, et le voyage à Jérusalem, tout cela était disposé, non sans dessein, mais afin qu’il ne demeurât pas plus longtemps suspect. « Et il disputait avec les Juifs grecs. Cependant « l’Église », dit le texte, « était en paix, et elle s’établissait, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation du Saint-Esprit », c’est-à-dire, elle croissait, elle portait la paix dans son sein, la véritable paix ; et il était bon qu’il en fût ainsi, car la guerre extérieure lui avait fait beaucoup de mal. « Et elle était remplie de la consolation du Saint-Esprit ». L’Esprit-Saint les consolait, et par les prodiges, et par les œuvres. En outre, il résidait dans chacun des apôtres en particulier. « Or Pierre, visitant de ville en ville tous les disciples, vint aussi voir les saints qui habitaient à Lydde. Il y trouva un homme nommé Enée, qui était couché et il lui dit : Enée, le Seigneur Jésus-Christ vous guérit ». Parole, non d’ostentation, mais de confiance. Quant à moi, je suis tout à fait porté à croire que le malade a ajouté foi à la parole, et que c’est là ce qui l’a guéri. Que le miracle ait été fait sans ostentation, c’est ce qui résulte de ce qui suit. En effet, Pierre ne dit pas : Au nom de Jésus-Christ, mais il semble annoncer un miracle plutôt que l’opérer. « Tous ceux qui demeuraient à Lydde en furent témoins, et ils se convertirent au Seigneur ». J’ai donc eu raison de dire que les miracles avaient pour but la persuasion et la consolation.
« Il y avait aussi à Joppé, entre les disciples, une femme nommée Thabite. Or, il arriva en ce temps-là, qu’étant tombée malade, elle mourut ». Voyez-vous les signes miraculeux qui se montrent partout ? Il n’est pas dit simplement que Thabite mourut, mais, après être tombée malade ; mais l’on n’appela pas Pierre avant qu’elle fût morte. « Et les disciples, ayant appris que Pierre y était, envoyèrent vers lui pour le prier de venir auprès d’eux » : Voyez, ils ont recours à d’autres pour le faire venir,