Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chaque jour sur des sujets qu’il aurait eu tort de traiter avec d’autres personnes. Il me semble, à moi, que les amis, les parents de Corneille vivaient sous sa direction. « Lorsque Pierre fut entré, Corneille vint au-devant de lui, et, se jetant à ses pieds, il l’adora. Mais Pierre, le relevant, lui dit :« Levez-vous, je ne suis qu’un homme (25, 26) ». Ce que fait Corneille prouve son humilité, prouve que c’est un homme d’un bon exemple, qui sait bénir Dieu ; Corneille montre aussi par là qu’indépendamment de l’ordre qu’il a reçu, il agit par un fonds considérable de piété qu’il porte en lui. Et maintenant, Pierre ? « Levez-vous, je ne suis qu’un homme ». Voyez-vous comme les apôtres tiennent, avant tout, à prévenir la trop haute opinion que l’on pourrait se former d’eux ? « Et s’entretenant avec lui, il entra dans la maison, où il trouva plusieurs personnes qui s’y étaient assemblées ; alors, il leur dit : Vous savez que les Juifs ont en grande horreur d’avoir quelque liaison avec un étranger, ou d’aller le trouver chez lui (27, 28) ». Voyez-le parler tout de suite de la bonté de Dieu, et montrer la grandeur des biens qu’il leur a départis. Et il ne faut pas seulement admirer ici les paroles qu’il fait entendre ; mais, en même temps, la grandeur de ses paroles, et la modestie de sa conduite. En effet, il ne leur dit pas : Nous, qui ne daignons pas entretenir des rapports avec qui que ce soit, nous venons vers vous ; mais que dit-il ? « Vous savez (c’est l’ordre de Dieu, dit-il), qu’il est contraire à la loi, d’avoir des liaisons avec un étranger, ou d’aller le trouver chez lui ». Et ensuite, pour n’avoir pas l’air de faire à Corneille une faveur : « Mais Dieu m’a fait voir que je ne devais regarder aucun homme comme impur ou souillé ». Ce qu’il dit là, c’est pour ne pas avoir l’air d’adresser une flatterie à Corneille. « C’est pourquoi dès que vous m’avez demandé, je n’ai fait aucune difficulté de venir (29) ». Les apôtres ne voulaient pas que la chose parût défendue, et toutefois faite par égard pour Corneille qui était un personnage important. Pierre veut que le Seigneur seul paraisse avoir dirigé sa conduite. Voilà pourquoi il rappelle la défense, non seulement d’avoir quelque liaison avec un étranger, mais encore d’aller le trouver chez lui.
« Je vous prie donc de me dire pourquoi vous m’avez envoyé chercher ». Ce n’est pas par ignorance qu’il interroge ; Pierre savait tout, sa vision l’avait instruit. De plus, les soldats l’avaient averti. Mais il veut, avant tout, que ces gentils s’expriment et se montrent attachés à la foi. Que fait donc Corneille ? Il ne répond pas : Est-ce que les soldats ne vous l’ont pas dit ? Mais voyez la douceur, l’humilité de son langage : « Il y a maintenant quatre jours que, jeûnant et m’étant mis en prières, dans ma maison, à la neuvième heure, j’ai vu un homme qui est venu se présenter devant moi, vêtu d’une robe éclatante, et il m’a dit : Corneille, votre prière a été exaucée, et vos aumônes sont montées jusqu’en la présence de Dieu, et il s’en est souvenu (30, 34). M’étant mis en prière, dit-il, à la neuvième heure ». Qu’est-ce à dire ? Cet homme me semble s’être fixé certains jours, pour mener une vie plus appliquée à la piété ; et voilà pourquoi il dit : « il y a quatre jours ». Voyez le prix de la prière c’est pendant qu’il s’appliquait à un pieux devoir qu’un ange lui apparaît. Le jour présent, un ; le jour où les envoyés de Césarée sont partis de Joppé, deux ; le jour de l’arrivée à Joppé, trois ; le jour de la vision de Corneille, quatre ; de sorte que c’est le second jour en remontant, après le jour de la prière de Pierre : « Je vis un homme qui se présenta tout à coup devant moi, vêtu d’une robe éclatante : » Il ne dit pas, un ange, tant il évite de prononcer des paroles orgueilleuses. Et il me dit : « Corneille, votre prière a été entendue, et vos aumônes sont montées jusqu’à la présence de Dieu, et il s’en est souvenu. C’est pourquoi, envoyez à Joppé, et faites venir de là Simon, surnommé Pierre ; il loge dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer. C’est lui qui vous dira ce qu’il faut que vous fassiez. J’ai envoyé à l’heure même vers vous, et vous m’avez fait la grâce de venir ; nous voilà donc maintenant tous assemblés devant vous, pour entendre tout ce que le Seigneur vous a ordonné de nous dire (32, 33) ». Donc la question de Pierre : « Pourquoi m’avez-vous envoyé chercher ? » n’était que pour motiver ces paroles de Corneille. « Alors Pierre, prenant la parole, dit : En vérité, je vois bien que Dieu n’a point d’égard aux diverses conditions des personnes, mais qu’en toute nation, celui qui le craint, et qui pratique