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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/120

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la justice, lui est agréable (34, 35) ». Ce qui veut dire : soit incirconcis, soit circoncis. Paul fait la même déclaration : « Car Dieu ne fait point acception des personnes. (Rom. 2,11) Nous voilà donc maintenant tous assembles », dit Corneille, « en présence de « Dieu ». Voyez la grandeur de la foi, la grandeur de la piété ! il savait bien que Pierre ne disait rien au nom de l’homme ; « Dieu m’a montré », dit Pierre, et voilà pourquoi Corneille répond : « Nous voilà donc maintenant tous assemblés, pour entendre tout ce que le Seigneur vous a ordonné de nous dire ». Eh quoi ! le Persan est-il donc agréable au Seigneur ? Il le sera, s’il le mérite par sa foi. Voilà encore pourquoi le Seigneur n’a pas dédaigné l’eunuque de l’Éthiopie. Et que direz-vous, m’objectera-t-on, des hommes religieux qui ont été dédaignés ? Loin de nous cette pensée ! nul n’est dédaigné parmi ceux qui ont la piété en honneur ; non, non. Il n’est pas possible qu’un tel homme soit dédaigné. « En toute nation », dit l’apôtre, « celui qui craint Dieu, et qui pratique la justice ». Ce qu’il entend par justice, c’est la vertu tout entière.
2. Voyez-vous comme Pierre rabaisse l’orgueil par ces paroles : « En toute nation, celui qui craint Dieu, lui est agréable ? » c’est comme s’il disait : Dieu ne rejette personne ; il agrée tous ceux qui ont la foi. Ensuite, comme Pierre ne veut pas que ceux à qui il s’adresse, se croient au nombre des rejetés, il ajoute : « Dieu a fait entendre sa parole aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous (36) ». Ces paroles ont pour but de persuader les personnes présentes ; il s’exprime ainsi pour faire parler Corneille : « Dieu a fait entendre », dit-il, « sa parole aux enfants d’Israël ». Voyez ! il leur donne, en parlant ainsi, la prérogative ; ensuite il les produit comme témoins, en disant : « Vous savez la parole qui s’est fait entendre dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché ». Ce qu’il confirme par les paroles suivantes : « Comment Dieu a oint de l’Esprit-Saint et de force Jésus de Nazareth (37, 38) ». Il ne dit pas : Vous connaissez Jésus (car ils ne le connaissaient pas), mais il raconte ce que Jésus a fait. « Qui a passé, en faisant du bien, et en guérissant tous ceux qui étaient sous la puissance du démon ». Ces paroles montrent toutes les possessions des démoniaques, les convulsions sous l’action de Satan. « Parce que Dieu était avec lui ». Il abaisse ensuite son langage, non sans dessein, à mon sens, mais parce qu’il parle à des hommes : « Et nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites dans la Judée et dans Jérusalem (39) ». Et vous, dit-il, et nous. « Ils l’ont fait mourir en l’attachant à une croix ». Ici, il prêche la passion. « Mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et a voulu qu’il se montrât, non pas à tout le peuple, mais aux témoins fixés d’avance par Dieu ; à nous, qui avons mangé qui avons bu avec lui, après sa résurrection d’entre les morts ». Voilà la plus forte preuve de la résurrection. « Et il nous a commandé de prêcher et d’attester devant le peuple que c’est lui qui a été établi de Dieu pour être le juge des vivants et des morts (39, 40, 41, 42) ». Voilà encore un grand argument pour montrer que les apôtres sont dignes de foi. Il rend donc témoignage, en disant : « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que tous ceux qui croiront en lui, recevront, par son nom, la rémission de leurs péchés (43) ». Il prédit ainsi ce qui arrivera ; il confirme cette prédiction en citant à propos les prophètes.
Mais reprenons ce qui a été dit plus haut de Corneille. « Il envoya », dit le texte, « à Joppé pour faire venir Pierre ». C’est parce qu’il avait la certitude que Pierre viendrait qu’il l’envoya chercher. « Et Pierre s’entretenant avec lui », dit le texte. De quoi s’entretenait-il ? Sans doute, j’imagine, de ce qui a été dit plus haut. « Et, se jetant à ses pieds, il l’adora ». Vous voyez partout un entretien sans adulation, et plein d’humilité ; c’est un mérite que nous avons déjà remarqué dans l’eunuque ; « il commanda », dit le texte, « à Philippe, de monter et de s’asseoir dans le char », quoiqu’il n’ignorât pas quel homme c’était ; et qu’il ne sût que ce qu’il venait de lire dans le prophète. Celui-ci fait plus : il tombe, il se jette aux pieds de l’apôtre. Voyez-vous ces mœurs sans aucune espèce de faste ? Mais maintenant considérez comment Pierre montre qu’il vient de la part de Dieu, lorsqu’il dit : «