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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/121

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 Vous savez qu’il n’est pas permis aux Juifs d’avoir quelque liaison avec un étranger, ou d’aller le trouver chez lui ». Mais pourquoi n’a-t-il pas tout de suite parlé de sa vision ? Parce qu’il était tout à fait étranger aux sentiments de la vaine gloire. Il se dit envoyé de Dieu ; comment a-t-il été envoyé ? Il ne l’explique pas ; mais, quand la nécessité le commande. Voici comment il s’exprime : « Vous savez qu’il n’est pas permis aux Juifs d’avoir quelque liaison avec un étranger, ou d’aller le trouver chez lui ». Voyez comme il est loin de la vaine gloire ! En parlant ainsi, il se fait, de ce qu’ils savent eux-mêmes, une garantie.
Eh bien, maintenant, Corneille ? « Nous voilà », dit-il, « maintenant en la présence de Dieu, pour entendre tout ce que le Seigneur vous a ordonné de nous dire ». Il ne dit pas : En présence d’un homme, mais en la présence « de Dieu », montrant, par ces paroles, en quelle disposition on doit s’approcher des serviteurs de Dieu. Comprenez-vous cette ferveur ? Comprenez-vous combien cet homme était digne de cette grande distinction ? « Alors Pierre », dit le texte, « prenant la parole, dit : En vérité, je vois bien que Dieu n’a point d’égard aux diverses conditions des personnes ». Cette observation, Pierre l’adresse aux Juifs présents ; c’est pour sa défense. Au moment de révéler la – parole aux gentils, il commence par présenter comme sa défense. Quoi donc ? Auparavant, Pierre faisait-il donc acception des personnes ? nullement. Même auparavant, il était toujours le même. « Tout homme », dit-il, « qui craint Dieu, et dont les œuvres sont justes, lui est agréable ». C’est ce que déclare Paul dans ses lettres : « Lors donc que les gentils, qui n’ont point la loi, font les choses que la loi commande ». (Rom. 2,14) Voilà le dogme et la conduite de Dieu. Si Dieu n’a dédaigné ni les mages, ni l’Éthiopien, ni le larron, ni la courtisane, à bien plus forte raison, ne méprisera-t-il pas ceux qui opèrent la justice et qui la veulent. Mais quoi ? S’ils sont doux et bons, ceux qui ne veulent pas croire ? Eh biefs, vous venez de donner la raison, c’est qu’ils ne veulent pas croire. Maintenant, l’homme bon ici, ce n’est pas celui qui a la douceur en partage, mais celui qui opère la justice, c’est-à-dire celui qui, dans toutes ses actions, est agréable au Seigneur, et, pour être agréable, il faut craindre Dieu. Or, un homme de ce – caractère, Dieu seul le connaît. Voyez comment le centenier s’est rendu agréable. A peine a-t-il entendu la parole, il a obéi ; aujourd’hui, me direz-vous, un ange viendrait, que personne ne l’écouterait. Mais aujourd’hui les signes sont beaucoup plus considérables qu’autrefois, et cependant combien d’incrédules ? Pierre communique ensuite la doctrine, et il a soin de conserver aux Juifs, leur noble prérogative. « Dieu a fait entendre sa parole aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix, par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous ». Il parle d’abord de la domination, et il le fait en termes tout à fait élevés, parce qu’il s’adresse à une âme déjà élevée, et qui reçoit avec chaleur ce qu’on lui annonce. Ensuite, pour prouver comment c’est le Seigneur de tous, il a soin de dire : « Dieu a fait entendre sa parole, en leur annonçant la paix », c’est-à-dire, en les appelant au bonheur, non pas au jugement.
3. Par là, il déclare que la parole a été envoyée par Dieu, d’abord aux Juifs. Il en donne ensuite la démonstration, par les événements qui se sont accomplis dans toute la Judée. « Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée ». Et voici qui est admirable : « Qui a commencé par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché ». Il a d’abord parlé de l’œuvre glorieuse du Seigneur ; ce n’est qu’après qu’il a assez d’assurance pour parler de sa patrie : « Jésus de Nazareth ». Pierre n’ignorait pas que la seule patrie était une occasion de scandale. « Comment Dieu a oint de l’Esprit-Saint et de force », seconde preuve. On aurait pu dire, qui le démontre ? Pierre ajoute : « Qui passait, en faisant le bien, et en guérissant tous ceux qui étaient sous la puissance du démon ». Il montre ensuite la grandeur du pouvoir unie à ses bonnes couvres ; pour surmonter le démon il fallait que ce pouvoir fût grand. On en donne la cause : « Parce que Dieu était avec lui ». Voilà pourquoi les Juifs aussi disaient : « Nous savons, maître, que vous êtes venu de la part de Dieu, car personne ne saurait faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est avec lui ». (Jn. 3,2) Et maintenant, après avoir montré qu’il est envoyé de Dieu, il ajoute qu’il a été tué, pour prévenir l’égarement des pensées. Remarquez-vous que, nulle part, il ne cache le supplice de la croix ? au contraire, il se hâte de le mentionner. « Cependant ils l’ont fait mourir », dit-il, « en l’attachant à une croix ; et Dieu a voulu qu’il se montrât vivant, non à tout le peuple, mais aux témoins que Dieu avait choisis, avant tous les temps (39, 40) ». C’était le Christ qui les avait choisis lui-même ;