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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/122

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mais l’apôtre attribue cela à Dieu : « Choisis, avant tous les temps », dit-il. Voyez comment il prouve la résurrection ; par le repas en commun. Pourquoi le Christ ressuscité ne fait-il aucun miracle, se bornant à manger et à boire ? c’est que la résurrection, toute seule, était, d’elle-même, un assez grand miracle ; et impossible d’en trouver une plus grande preuve que ce fait, que le ressuscité buvait et mangeait. « Pour attester », dit-il. Ces paroles ont une énergie terrible ; impossible de prétexter l’ignorance. Et l’apôtre ne dit pas C’est le Fils de Dieu, mais, ce qui était de nature à épouvanter le plus les Juifs : « C’est lui qui a été établi de Dieu, pour être le juge des vivants et des morts (42) ». Suit une preuve imposante prise des prophètes, lesquels étaient en grande estime : « Tous les prophètes lui rendent témoignage (43) ». Après avoir inspiré la crainte, il mentionne le pardon, annoncé non par lui, mais par les prophètes ; ce qui est terrible, vient de lui, ce qui est plus doux, vient des prophètes. O vous tous, qui que vous soyez, qui avez obtenu cette rémission des péchés, vous tous, tant que vous êtes, qui avez trouvé la foi, après avoir appris la grandeur du don, je vous en conjure, veillez sur vous-mêmes, n’outragez pas le bienfaiteur. Si nous avons obtenu la rémission des péchés, ce n’est pas pour dégénérer, mais pour nous élever bien plus haut vers la perfection.
Donc, gardons-nous bien de dire que la cause de nos malheurs, c’est Dieu, parce qu’il ne punit pas, parce qu’il n’inflige pas de châtiment ; car enfin, répondez-moi : un meurtrier est pris, le prince le relâche, les meurtres qui suivront, seront-ils imputés au prince ? Non, assurément ; et comment se peut-il que notre langue impie outrage Dieu sans épouvante, sans un frisson d’horreur ? Quels discours n’entendons-nous pas ? Quel bruit de paroles ! C’est Dieu lui-même qui a permis les crimes, répète-t-on. Il fallait châtier les coupables ; honneurs, couronnes, dignités, il ne leur fallait rien de tout cela, il en fallait tirer satisfaction et vengeance. Que fait Dieu au contraire ? il les honore et les rend tels qu’ils sont. Je vous en prie, je vous en conjure, qu’aucun de nous jamais ne fasse entendre de pareilles paroles. Mieux vaudrait mille fois être enfoui dans la terre, que de proférer, contre Dieu, de pareils discours. Les Juifs aussi disaient : « Toi qui détruis le temple de Dieu, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même » ; et encore : « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ». (Mt. 27,40) Mais ces blasphèmes d’aujourd’hui sont plus affreux que ceux-là ; qu’il ne soit pas dit que nous l’appelons un docteur d’iniquités ; n’allons pas, par de pareils blasphèmes, nous exposer à l’éternel supplice. Car, dit l’apôtre, « vous êtes cause que le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations ». (Rom. 2,24) Appliquons-nous à faire dire le contraire ; menons une vie conforme à notre vocation ; approchons-nous du baptême de l’adoption, car elle est vraiment grande, la puissance du baptême, qui admet les hommes régénérés au partage des dons célestes ; qui ne souffre pas que les hommes restent simplement des hommes. Faites en sorte que le grec ait foi dans la grande puissance de l’Esprit, puissance qui transforme, puissance qui régénère. Pourquoi attendre ainsi l’heure de vos derniers soupirs, comme un fugitif, comme un méchant, comme un être qui ne doit pas vivre pour Dieu ? Pourquoi cette disposition de votre cœur, comme si votre Dieu était sans entrailles, était un maître féroce ? Quoi de plus froid, quoi de plus misérable, que de recevoir ainsi le baptême ? Dieu a fait de vous son ami ; il vous a gratifié de tous ses dons, afin que vous-même vous lui montriez tout ce qu’on attend d’un ami. Répondez-moi : je suppose un homme à qui vous auriez fait mille injures, mille outrages, vous tomberiez entre ses mains, et cet homme se vengerait de vous en partageant, avec vous, tous ses biens ; pour les injures qu’il aurait reçues de vous, il vous admettrait au nombre de ses amis, il vous couronnerait, il dirait que vous êtes son propre fils, et ensuite, tout à coup, il viendrait à mourir. Ne regarderiez-vous pas sa mort comme un malheur ? ne diriez-vous pas : Je voudrais le voir vivant, afin de m’acquitter envers lui, afin de le payer de retour, afin de ne pas paraître ingrat envers mon bienfaiteur ? Voilà certes quelles seraient vos dispositions envers un homme ; et, quand il s’agit de Dieu, vous pensez à partir sans vous acquitter envers celui qui vous a fait tant de dons ? Ah ! croyez-moi, approchez-vous de lui, quand vous pouvez encore le payer de retour. Pourquoi fuir ? Sans doute, me répond-on, mais je ne suis pas maître de moi. Donc Dieu nous a commandé l’impossible ? Voilà ce qui bouleverse