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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/123

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tout ; voilà d’où vient, sur la terre, la corruption ; nul ne se propose de vivre selon Dieu. Les zélés catéchumènes n’ont aucun souci de mener une vie droite. Et voilà comment ceux qui ont déjà reçu le baptême ont été baptisés : les uns, c’est quand ils n’étaient encore que des enfants ; les autres, c’est dans leurs maladies, après de nombreux délais, parce qu’ils ne sentaient pas en eux le désir de vivre selon Dieu ; et ceux-là n’ont aucun zèle. Et ceux qui ont reçu le baptême en parfaite santé, montrent à leur tour aussi peu de zèle ; ils sortent du baptême plein d’ardeur, mais ils sont bientôt les premiers à éteindre leur feu. Et ne pouvez-vous donc pas vous livrer à vos affaires ? Et, est-ce que je vous sépare de votre femme ? C’est de la fornication que je veux vous séparer. Est-ce que je vous interdis l’usage de votre fortune ? C’est l’avarice que je vous interdis, et la rapine. Est-ce que je veux vous contraindre à vous dépouiller de tout ? Un peu de ce que vous avez, voilà tout ce que je vous demande pour les indigents. « Votre abondance », dit l’apôtre, « supplée à leur pauvreté ». (2Cor. 8,14) Dans cette mesure même nous ne réussissons pas à vous persuader. Est-ce que nous vous forçons au jeûne ? C’est l’ivresse que nous voulons réprimer, avec la gourmandise. Ce que nous retranchons, c’est ce qui vous déshonore, c’est ce que vous-mêmes, vous trouvez plus affreux que la géhenne, plus redoutable, plus odieux. Est-ce que l’on vous interdit le plaisir et la joie ? Non, mais ce qui est honteux, ce qui est indigne.
4. Que craignez-vous, que redoutez-vous, pourquoi tremblez-vous ? Là où se trouve le lien conjugal, la vraie jouissance des richesses, la tempérance, quelle est l’occasion de pécher ? Vos maîtres, en dehors de l’église, d’un ton qui commande, exigent de vous bien autre chose, et vous les écoutez. Ce n’est pas seulement une petite part de ce que vous avez qu’ils réclament, mais ils vous disent : Il faut donner tant, et, quand vous objecteriez votre pauvreté, peu importe, ils insistent encore. Le Christ au contraire ne parle pas ainsi : il vous dit : Selon ce que vous avez, donnez, et je vous mettrai au premier rang. Ces étrangers vous disent encore : Voulez-vous de la gloire ? Abandonnez père, mère, parents, proches, et résidez dans les palais des rois, pour y être fatigués, affligés, esclaves, en proie à des douleurs sans nombre. Le Christ au contraire ne parle pas ainsi, il vous dit Restez chez vous, avec votre femme et vos enfants ; vivez tranquilles, à l’abri des dangers. Sans doute, me direz-vous ; mais le roi promet des richesses. Mais Dieu promet la royauté, et, de plus, des richesses avec la royauté ; car il dit : « Cherchez premièrement le royaume des cieux, et toutes ces choses vous seront données par surcroît ». (Mt. 6,33) Le roi de la terre ne donne rien par surcroît, tandis que Dieu donne d’avance. « J’ai été jeune », dit le Psalmiste, « et je suis vieux maintenant ; mais je n’ai point encore vu le juste abandonné, ni sa race cherchant son pain ». (Ps. 36,25) Commençons donc, pratiquons les premières vertus ; ne nous attachons qu’à la vertu seule, et vous verrez quels biens elle conquiert. Est-ce donc sans fatigue que vous gagnez les biens de la terre ; vous qui montrez tant de mollesse à la poursuite des biens du ciel ? Oui, me direz-vous, on a ceux d’ici-bas sans peine, sans fatigue ; c’est pour les biens d’en haut qu’il faut se fatiguer. Tout au contraire, mille fois non ; mais si nous voulons dire la vérité, ces biens d’en-bas ne s’acquièrent qu’au prix des fatigues et des sueurs ; les biens d’en haut, nous n’avons qu’à vouloir, s’obtiennent facilement.
Ne nous éloignons pas, je vous en prie, des divins mystères ; ne remarquez pas que celui qui avant vous a été baptisé est devenu un méchant, est déchu de ses espérances ; ne vous relâchez pas. Que voyons-nous dans la milice ? Les timides d’une part ; de l’autre, les braves qui se couvrent de gloire ; ne regardons pas les lâches ; rivalisons avec les vaillants. En outre, considérez combien d’hommes, après le baptême, sont devenus des anges ; redoutez l’avenir incertain. La mort vient comme un voleur de nuit, et ce n’est pas assez dire, comme un voleur ; elle nous surprendra pendant notre sommeil ; pendant que nous sommes nonchalamment couchés, la voilà qui nous prend, qui nous emporte. Si Dieu a fait l’avenir incertain, c’est pour que l’attente continuelle de cette heure incertaine nous attache à la vertu. Mais Dieu est bon, me direz-vous ; combien de temps encore répéterons-nous cette froide et ridicule parole ? Eh bien, moi je dis et je ne cesserai pas de redire, non seulement que Dieu est bon, mais que rien ne surpasse sa bonté, et qu’il dispose toutes