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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/127

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surabondamment que le commencement n’est pas le fait de l’apôtre. S’il était parti de lui-même, sans que rien fût arrivé, les Juifs auraient été tout à fait choqués. Il commence par se les rendre favorables en disant : « À ceux qui ont déjà reçu le Saint-Esprit comme nous ». Et encore : « Quand j’eus commencé à leur parler, le Saint-Esprit descendit sur eux comme il était descendu sur nous au commencement (15) ». Et non content de ce qu’il vient de dire, il rappelle la parole du Seigneur : « Alors je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a baptisé dans l’eau, mais vous serez baptisés dans le Saint-Esprit (16; Mt. 3,11) ». C’est pourquoi il n’est rien arrivé de nouveau ; c’est une prédiction qui s’est accomplie, filais, dira-t-on, le baptême n’aurait pas dû être donné ; remarquons que le baptême était un fait accompli, puisque le Saint-Esprit était descendu. Aussi Pierre ne dit-il pas : J’ai ordonné d’abord de les baptiser ; que dit-il ? « Peut-on refuser l’eau du baptême ? » montrant par là qu’il n’a rien fait de son propre mouvement. Ce que nous avions, ils l’ont reçu. « Puis donc que Dieu leur a donné la même grâce qu’à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je ; moi, pour empêcher le dessein de « Dieu ? (17 »). C’est pour leur fermer complètement la bouche qu’il ajoute : « La même grâce ». Voyez-vous comme Dieu accorde à ces gentils les mêmes avantages qu’aux apôtres, aussitôt qu’ils ont cru. Dieu leur donne une grâce égale à celle qu’il nous communique, à nous qui avons cru clans le Seigneur ; Dieu se charge lui-même de les purifier. Et l’apôtre ne dit pas : la même grâce qu’à vous, mais « Qu’à nous » ; manière d’adoucir son discours. Qu’avez-vous donc à vous indigner, puisque nous nous rangeons nous-mêmes parmi vous ? « Ayant entendu ces paroles, ils s’apaisèrent, et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc aussi fait part aux gentils du don de la pénitence ; qui mène à la vie (18) ? » Voyez-vous comme tout s’explique et s’apaise par suite du discours de Pierre, qui raconte exactement ce qui est arrivé ? Les voilà donc glorifiant Dieu, qui accordait aussi la pénitence aux gentils, et voilà en même temps ces Juifs humiliés par ces discours. À partir de ce moment, la porte est ouverte aux gentils. Mais, si vous le voulez bien, reprenons plus liant. Le texte ne dit pas que c’était Pierre qui disputait ; mais : « Les circoncis ». En effet, Pierre savait bien ce qui se préparait. Il y avait lieu d’admirer que les gentils fussent arrivés à la foi. Néanmoins, quand les Juifs entendirent que les gentils avaient cru, ils ne s’émurent point ; ce qui les indignait, c’est que Dieu leur eût accordé l’Esprit ; c’est, lorsque Pierre racontait sa vision, ce qu’il disait : Dieu m’a montré qu’il n’y a aucun homme qui soit impur et souillé. Pierre le savait déjà auparavant ; aussi prépara-t-il son discours dans l’intérêt des gentils, pour montrer qu’il n’y avait plus de gentils, dès que la foi les avait saisis. Il n’y a rien d’étonnant qu’ils aient reçu l’Esprit avant le baptême ; la même chose est arrivée de notre temps. Pierre montre ici qu’ils n’ont pas été baptisés comme les autres, mais bien ; mieux. Les choses sont donc disposées avec une parfaite sagesse, de manière due les Juifs, réduits au silence, regardent les gentils comme leurs égaux. « Et ils le prièrent », dit le texte, « de rester ». Avez-vous bien compris les mauvaises dispositions des Juifs ? Voyez-vous quel zèle pour la loi ? Ne respectant ni la dignité de Pierre, ni les signes qui avaient paru, ni un si grand ouvrage, ni ce prodige de conversion, ils disputaient sur de petites choses. Si, en effet, rien de ce que vous avez vu pour la défense de Pierre ne se fût manifesté, Pierre n’aurait pas assez fait. Mais Pierre ne se défend pas par ces règles étroites ; c’était un homme sage, ou plutôt ses paroles ne venaient pas do sa sagesse à lui, ruais de l’Esprit, et, dans sa défense, il ne s’attribue rien à lui-même, il attribue tout à Dieu. Il leur dit presque : C’est Dieu qui a fait que j’eusse un ravissement ; moi j’étais simplement en prière ; c’est Dieu qui m’a montré cette nappe ; moi, je lui faisais des réponses contraires ; Dieu m’a encore répondu, et moi, je ne l’entendais pas encore ; « Et l’Esprit me dit d’aller » ; et, eu allant, je ne courais pas ; j’ai dit que c’était Dieu (lui m’envoyait ; et cependant ce n’est pas moi en suite qui ai baptisé ; mais c’est Dieu encore qui a tout fait. Ainsi, en réalité, c’est Dieu qui les a baptisés, ce n’est pas moi. Et Pierre ne dit pas : Après tout ce qui était arrivé, ne fallait-il pas ajouter l’eau, qui manquait encore ? Non : comme si rien n’eût manqué au baptême. « Qui étais-je », dit-il, « pour empêcher le dessein de Dieu ? » Ah ! quelle manière de se défendre ! En effet, il ne leur dit pas