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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/131

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chants et vos hymnes, et vous passez le temps à rire ! Si la foudre ne tombe pas, non seulement sur ces malheureux, mais sur nous, n’y a-t-il pas lied d’en être surpris ? car voilà qui est fait pour attirer la foudre. Le souverain est là ; son armée vous voit ; et vous, bravant tous ces regards, vous riez ou laissez rire ? Mais à quoi bon ces reproches ? à quoi bon ces réprimandes ? Ces fléaux, ces pestes, ces empoisonneurs infectant l’Église de mille souillures ; chassez-les. Quand s’abstiendront-ils de rire, ceux qu’on voit rire à l’heure redoutable ? Quand cesseront-ils de faire des plaisanteries, ceux qui prennent le temps de la bénédiction pour causer et converser ? Comment ! nul respect pour les assistants, nulle crainte de Dieu ! Eh quoi ! ne nous suffit-il pas du secret engourdissement de notre esprit, de la divagation de nos pensées dans la prière ? Y faut-il joindre encore l’indécence du rire et des plaisanteries ?
Sommes-nous au théâtre ici ? Oui, c’est le théâtre, pour dire ce que j’en pense, qui produit tout cela ; en voilà les fruits : indiscipline et dérèglement. Ce que nous édifions ici, on le détruit là-bas : et ce n’est pas tout, ajoutez-y nécessairement encore l’infection de mille autres souillures. Supposez une place qu’on voudrait purifier, et, plus élevée que ce champ, une source y répandant de la vase ; plus vous purifiez la terre, et plus la vase la recouvre. C’est ce qui se montre ici. Ceux que les théâtres nous envoient souillés, nous les purifions, ils y retournent, et nous reviennent plus souillés encore : on dirait qu’ils ne vivent que pour accroître notre tâche ; ils nous viennent portant la corruption dans leurs mœurs, dans leurs gestes, dans leurs paroles, dans leur rire, dans leur nonchalance. Et nous, de notre côté, nous raclons ces ordures, et il semble que ce que nous voulons, c’est uniquement les purifier, pour les voir revenir avec plus de fumier. Aussi, je vous remets entre les mains de Dieu. Et je conclus, et je vous signifie, à vous qui êtes bien portants, que ce sera pour vous votre jugement, votre condamnation, que d’avoir vu ces désordres, ces conversations, surtout à une telle heure, sans avoir fait entendre votre voix pour avertir, pour corriger. Cette correction a plus de mérite que la prière même. Cessez de. prier, réprimandez ; ce sera pour le coupable un service, et pour vous un profit. Et ainsi nous pourrons tous, tant que nous sommes, être sauvés, et obtenir le royaume des cieux. Puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il. Traduit par M. C. PORTELETTE.