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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/133

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le dessein de leur cœur, parce qu’il était un homme juste, rempli de l’Esprit-Saint et de foi. Et une foule nombreuse fut acquise au Seigneur. Barnabé partit pour Tarse, afin d’y aller chercher Paul, et l’ayant trouvé, il le conduisit à Antioche (23, 25) ». Barnabé, homme simple et bon, était l’ami de Paul. C’est à cause de cela qu’il alla chercher l’athlète, le général, le lutteur, le lion : Je ne sais ce que je dois dire, car quoi que je dise, mes paroles seront toujours au-dessous de la grandeur de Paul. Barnabé alla donc vers le chien de chasse, capable de tuer les lions, vers le taureau vigoureux, vers la lampe éclatante, vers la bouche assez puissante pour enseigner l’univers. C’est réellement à cause du long séjour de Paul à Antioche, que les fidèles furent appelés chrétiens. « Et il advint qu’ils restèrent une année tout entière avec l’Église ; ils instruisirent une foule nombreuse, et c’est à Antioche pour la première fois que les disciples furent appelés chrétiens (26) ».
C’est une grande gloire pour cette ville ; car, cela la place bien haut entre toutes les autres, d’avoir possédé la première pendant un si long temps, cette voix éloquente. C’est de là que tout d’abord les disciples furent honorés de ce nom : Ne voyez-vous pas à quel haut rang Paul éleva cette ville, et quelle célébrité il lui donna ? C’est l’œuvre de Paul. Là, où trois mille et cinq mille avaient cru, ainsi qu’une si grande multitude, rien de semblable n’arriva, et les disciples, disait-on seulement, marchaient dans la voie du Christ : à Antioche on les nomma chrétiens. « Il vint dans ces jours de Jérusalem des prophètes à Antioche (27) ». Comme c’était là que devait être planté l’arbre fruitier de l’aumône, la providence pourvoit utilement à y envoyer des prophètes. Observez avec moi que nul des plus illustres apôtres ne fut le docteur des chrétiens d’Antioche ; ils eurent pour docteur des Cypriens, des Cyrénéens, et Paul (celui-ci supérieur aux autres), de même que Paul avait eu pour maître Barnabé et Ananie ; mais cela ne le rabaisse en rien, car il eut aussi pour maître le Christ. « L’un d’entre eux, nommé Agabus, se leva, et prédit qu’une grande famine affligerait la terre entière. C’est cette famine qui advint sous Claudius César (28) ». Cet homme prédisait par avance qu’une grande famine arriverait nécessairement, et elle est arrivée suivant qu’il l’avait annoncé. Pour que certaines personnes ne, pensent pas que la famine arriva parce que le christianisme faisait son entrée dans le monde, et que les démons s’étaient enfuis, le Saint-Esprit prédit les événements à venir, comme le Christ a prophétisé une foule de choses qui sont arrivées depuis.
La famine ne vint pas cependant parce que dans le principe elle devait arriver, mais bien à cause des maux dont on avait accablé les apôtres. Ces maux, Dieu les supportait quelque temps avec patience, mais comme ils persévéraient, la famine vint pour annoncer aux Juifs leur malheur à venir. Mais, si la famine était venue à cause des Juifs, il fallait, à cause des autres nations, qu’elle cessât. Quelle injure avaient faite les Grecs aux apôtres, pour être frappés, innocents qu’ils étaient, des mêmes malheurs ? Si ce n’était pas à cause d’eux que ce fléau frappait le monde, les Juifs eussent dû voir grandir leur gloire, puisque c’était pour leur loi qu’ils agissaient, qu’ils mettaient à mort les apôtres, les persécutaient, les opprimaient et les poursuivaient de tous côtés. Considérez à quelle époque la famine arrive c’est lorsque les gentils étaient reçus à la foi.
2. Mais si c’est à cause des maux endurés par les disciples, que vint la famine, il fallait, dit-on, tes en préserver eux-mêmes. Pourquoi, dites-le-moi ? Le Christ n’avait-il pas prédit aux apôtres : « Vous aurez des tribulations « dans le monde ? » Mais vous qui dites ces choses, peut-être ajouterez-vous aussitôt qu’il n’eût pas fallu permettre qu’ils fussent flagellés. Considérez donc que pour eux la famine fut une cause de salut, l’occasion de l’aumône, la source de beaucoup de biens, comme elle l’eût été pour vous, si vous l’aviez voulu ; mais vous ne l’avez pas voulu. La famine est prédite afin de prédisposer les chrétiens à l’aumône, puisque ceux qui sont à Jérusalem souffrent de grands maux. Auparavant, ils ne supportaient pas la famine. On envoie Paul et Barnabé pour servir « chacun des disciples suivant ses moyens… (29)» Ne voyez vous pas qu’aussitôt qu’ils ont reçu la foi, aussitôt elle porte des fruits, non seulement pour ceux qui sont avec eux, ruais encore pour ceux qui sont éloignés ? Il me semble que cela veut dire ici ce que Paul répète ailleurs, à savoir : « Ils nous ont donné la main en signe de commune pensée à Barnabé et à moi… nous recommandant seulement de nous souvenir des pauvres ». (Gal. 29) Telle fut la grande