Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

appréhension, et excite davantage. Cependant ces paroles ne furent pas claires pour le roi. Que dites-vous ? Y aurait-il un pardon pour de si grands crimes ? Certainement.
Il n’y a pas de péché que l’aumône ne puisse purifier et qu’elle ne puisse détruire. Tout péché est au-dessous d’elle, et elle est le remède souverain contre toute blessure. Quoi de plus bas que le publicain ? Son état est l’occasion de toute injustice. Mais Zachée se justifia entièrement par l’aumône. Voyez comme le Christ le démontre, puisqu’il veillait à ce que l’on eût une bourse parmi les siens pour porter ce que l’on donnait. Et Paul dit : « Nous recommandant seulement de nous « souvenir des pauvres ». Il existe partout, dans les Écritures, de nombreux textes sur ce sujet : « Les richesses particulières », dit l’Esprit-Saint, « sont le prix de l’âme de l’homme ». Et le Christ ajoute : « Si vous voulez être parfait, vendez ce que vous avez, donnez aux pauvres, puis venez et suivez-moi ». Telle est la véritable perfection. Mais l’aumône ne s’exerce pas seulement par l’argent, elle se fait aussi par les œuvres. Voici un exemple : Le cas se présente de protéger quelqu’un, de lui tendre la main ; souvent la protection par les actions fait plus que de grands dons d’argent.
4. Permettez-nous d’exposer à présent les divers genres d’aumônes. Vous pouvez faire l’aumône par vos richesses ? Ne soyez pas négligent. Vous pouvez faire l’aumône en patronnant quelqu’un ? Ne dites pas : Puisque je n’ai pas de fortune, ceci n’est rien ; car c’est beaucoup ; ayez conscience de votre action comme si vous aviez donné de l’or. Vous pouvez faire l’aumône par un service quelconque ? Faites encore cela. Par exemple, vous êtes médecin ? Soignez les malades, c’est là une noble chose. Vous pouvez donner un bon conseil ? C’est là une œuvre plus grande que toutes les autres. Elle est meilleure, porte plus de fruits et procure un plus grand gain ; car par là vous ne chassez pas la famine, mais une mort funeste. C’était l’espèce de richesse dont les apôtres étaient comblés. Aussi confièrent-ils à des inférieurs la distribution des aumônes, tandis qu’eux s’occupaient de l’enseignement. Croyez-vous que ce serait une faible aumône – de pouvoir délivrer de son mal une âme inquiète, livrée aux derniers périls et en proie aux ardeurs qui la dévorent. Par exemple, vous voyez un ami en proie à l’amour de l’argent ?
Ayez pitié de cet homme. Sa passion le suffoque ? Éteignez ce feu. Mais quoi, il n’est pas persuadé ? Faites tout ce que vous pouvez, et ne négligez rien. Vous le voyez enlacé par mille liens ? (Car les richesses sont de véritables chaînes) Allez vers lui, visitez-le, exhortez-le, efforcez-vous de briser ses chaînes. S’il ne le veut pas, la faute en sera toute à lui. Voyez-vous un homme nu et sans asile ? (Car au regard du ciel celui-là est nu et sans asile qui ne s’occupe pas de marcher dans la voie droite) Conduisez-le dans votre demeure, revêtez-le du vêtement de la vérité, donnez-lui droit de cité au ciel. Que ferais-je donc, si moi aussi je suis nu, dit-on ? Revêtez-vous tout d’abord vous-même ; si vous voyez que vous êtes nu, vous voyez clairement que vous avez besoin de vous vêtir. Si vous savez la raison de cette nudité, vous saurez facilement comment la couvrir. Combien de femmes portent des vêtements de soie, qui sont tout à fait dépouillées des vêtements de la vertu ? Que leurs époux les en revêtent. Mais ces vêtements ne leur conviennent pas, elles veulent les autres ? Faites d’abord ainsi que j’ai dit. Poussez-les au désir de ces vêtements, montrez-leur qu’elles sont nues, dissertez avec elles sur le jugement à venir ! Dites : Nous aurons besoin là-bas de ces vêtements et non des autres.
Si vous voulez me le permettre, je vous montrerai cette nudité. L’homme nu, en hiver, devient raide et tremblant, il se tient debout tout contracté, il serre ses bras contre son corps ; en été, il n’en est plus ainsi. Si donc je montre que les hommes et les femmes riches sont d’autant plus nus de cette façon, qu’ils sont plus revêtus, ne vous en irritez pas. Que sera-ce donc, dites-moi, lorsque nous parlerons de la géhenne et de ses tourments : est-ce que ceux-ci ne deviendront pas et plus raides et plus tremblants que ces hommes nus ? Est-ce qu’ils ne gémiront pas cruellement et ne se condamneront pas eux-mêmes ? Mais quoi, lorsqu’ils vont au-devant de quelqu’un et lui disent : Priez pour moi, ne disent-ils pas la même chose que ceux-là ? Mais, malgré tout ce que nous avons dit, cette nudité n’est pas évidente encore, là-bas elle le sera. Comment et de quelle manière ? Lorsque tous apparaîtront, dépouillés de leurs vêtements de soie et de leurs pierres précieuses, et, revêtus des seuls vêtements de leur vertu et de leur