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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/138

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laps de temps, s’exprimant comme si elle rapportait la suite immédiate. Elle dit bien : « Le roi Hérode » ; mais cet Hérode n’est pas celui du temps du Christ. Voici une autre preuve. Voyez, ce que je disais au commencement, comme les choses s’enchaînent, comme elles sont mélangées de tranquillité et de persécution ; ce ne sont plus les Juifs, ni le conseil, c’est le roi qui met la main à l’œuvre du mal. Le pouvoir est plus grand, la guerre est d’autant plus terrible, qu’elle est entreprise en vue de plaire aux Juifs. « Il fit périr par le glaive Jacques frère de Jean », sans raison et comme par hasard. Si quelqu’un demande pourquoi Dieu l’a permis ? Nous répondrons que c’est pour leur bien propre que Dieu permet la mort des martyrs : d’abord, pour démontrer que, même lorsqu’on les met à mort, ils triomphent, comme il en arriva pour Étienne. En second lieu, pour donner aux Juifs, lorsqu’ils auront satisfait leur fureur, l’occasion de se repentir de leur folie ; enfin, en troisième lieu, pour montrer que rien n’arrive que par sa permission. « Voyant que cela plaisait aux Juifs, il résolut de s’emparer aussi de Pierre ». O immense perversité ! En quoi leur était-il agréable en commettant un meurtre gratuit et téméraire ? « C’était le jour des azymes ». Nouvel et frappant exemple de scrupule judaïque. Pour eux, tuer un innocent n’est rien, l’important, c’est de ne pas le tuer le jour des azymes. « Et lorsqu’il se fut et emparé de lui, et l’eut mis en prison, il le confia à la garde de quatre sections de quatre soldats (4) ». C’était le fait de la colère et de la crainte. « Il fit périr par le glaive Jacques frère de Jean », dit le texte. Voyez-vous le courage des apôtres ? De peur qu’on ne puisse dire que les apôtres affrontent la mort sans danger et sans crainte, parce que Dieu les délivre. Le Seigneur permet qu’on les mette à mort, eux et surtout leurs chefs, pour montrer aux homicides que cela ne peut les faire reculer ni les arrêter. « Pierre était gardé dans la prison : mais l’Église adressait sans cesse pour lui ses prières à Dieu (5) ». C’était dans son chef et dans son principal organe que l’Église était attaquée. Cet emprisonnement de Pierre, survenant après la mort de Jacques remplissait les fidèles de terreur.
« Mais lorsque Hérode devait le produire devant le peuple, pendant cette nuit Pierre dormait entre deux soldats, lié par une double chaîne ; les gardes gardaient la porte de la prison. Et voilà que l’ange du Seigneur lui apparut, et la lumière brilla dans le cachot. Et touchant le côté de Pierre, il le réveilla, et lui dit : Levez-vous promptement, et les chaînes tombèrent de ses mains (6, 7) ». Voyez, cette nuit même, Dieu le délivra. « Et la lumière brilla dans le cachot », afin qu’il ne crût pas à un songe ; et personne ne vit la lumière excepté lui. Quoique ce fait fût certain, il était si imprévu que Pierre se croyait le jouet d’une illusion. Mais si le fait se fût passé autrement, l’apôtre eût douté bien davantage. Dieu l’avait laissé plusieurs jours en prison avant de le délivrer, pour qu’il s’apprît à regarder la mort en face. Pourquoi donc, dit-on, Dieu ne permit-il pas qu’il tombât entre les mains d’Hérode, et l’arracha-t-il alors à sa puissance ? Parce que la mort de Pierre eût plongé l’Église dans la stupeur, au lieu que la mort de Jacques eut un bon résultat. On n’eût pas cru que les apôtres fussent des hommes, si tout s’était passé d’une façon divine. Que n’a pas fait Dieu pour Étienne ? Ne fit-il pas ressembler son visage à celui d’un ange ? Et qu’a-t-il négligé dans le cas présent ? « L’ange lui dit : Ceignez vos reins, et mettez vos sandales à vos pieds ». Dieu montre ici qu’il ne s’agit pas d’une évasion opérée par ruse ; le prisonnier qui s’évade en perçant les murs est trop pressé pour prendre tant de précautions, comme de mettre ses sandales et se ceindre les reins. « Il fit ainsi. Et l’ange lui dit : Revêtez-vous de vos habits, et suivez-moi. Et étant sorti, il le suivait ; et il ne savait pas si ce que faisait l’ange était la vérité ; il croyait avoir eu un songe. Lorsqu’ils eurent passé la première et la seconde garde, ils arrivèrent à la porte de fer qui conduit à la ville, et elle s’ouvrit d’elle-même devant eux (8-10) ». Voici un second prodige. Aussitôt que l’ange eut disparu, Pierre comprit. « Lorsqu’ils furent sortis, ils « allèrent jusqu’à la première rue, et aussitôt l’ange s’éloigna de lui. Et Pierre, revenu à lui-même, dit : Je sais maintenant que le Seigneur a véritablement envoyé son ange, et il m’arrache des mains d’Hérode et de l’attente du peuple juif (11) ». – « Je sais maintenant », dit-il, non alors. Pourquoi cet événement se passe-t-il ainsi ? Pourquoi Pierre n’a-t-il pas le sentiment de ce qui se passe, bien qu’il reçût une délivrance qui