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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/139

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était aussi celle de toute l’Église ? Dieu veut qu’il soit délivré soudainement, et qu’après sa délivrance, il ait le sentiment de ce qui est arrivé. Une grande preuve qu’il ne s’enfuit pas, c’est que les chaînes lui sont tombées des mains. « Ayant considéré, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où étaient réunis et priaient beaucoup de disciples. Pierre ayant frappé à la porte du vestibule, une servante, nommée Rhodé, vint pour écouter. Et ayant reconnu la voix de Pierre, à cause de sa joie elle n’ouvrit pas la porte (12-14) ». Remarquez que Pierre n’entre pas aussitôt, mais qu’auparavant la bonne nouvelle est annoncée aux siens. « Étant accourue, elle annonça que Pierre était à la porte. Ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle soutenait qu’il en était ainsi ».
2. Remarquez que les servantes mêmes sont remplies de piété. De joie, elle n’ouvrit pas la porte ; ils refusaient de croire à cet événement. « Elle soutenait qu’il en était ainsi », disent les Actes. « Mais ils disaient : C’est son ange. Et Pierre continuait à frapper. Ayant ouvert, ils le virent, et furent hors d’eux-mêmes. Leur faisant signe de sa main de se taire, il leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison. Et il dit : Annoncez-le à Jacques et aux frères. Et s’étant levé, il alla dans un autre endroit (16, 17) ». Reprenons de plus haut la suite de ce qui a été rapporté. « En ce temps-là », dit l’auteur, « le roi Hérode entreprit de tourmenter quelques-uns des membres de l’Église ». Comme une bête féroce, il envahit l’Église sans cause et par caprice. C’est là ce que disait le Christ : « Vous boirez le calice que je vais boire, et vous serez baptisé du baptême dont j’ai été baptisé ». (Mc. 10,39) « Il fit donc périr parle glaive Jacques frère de Jean », dit le texte. Mais comment, dit-on, ne fit-il pas périr Pierre aussitôt ? L’écrivain en donne la raison : « C’étaient les jours des azymes », dit-il, et il voulait que cette mort fût entourée du plus grand éclat possible. Les Juifs, sur l’avis de Gamaliel, s’abstenaient de tuer les disciples ; d’ailleurs ils n’avaient pas de motifs, mais ils les faisaient tuer par d’autres mains. Comme il y avait un autre Jacques le frère du Seigneur, on désigne celui-ci en disant : « Frère de Jean ». Remarquez-vous que les trois apôtres étaient les chefs suprêmes de l’Église, surtout Pierre et Jacques ? C’était là surtout la condamnation des Juifs. Il devenait évident que ce n’était pas une parole humaine qui était prêchée, et l’on voyait véritablement l’accomplissement de cet oracle : « Nous avons été considérés comme des brebis l’immolation. Voyant donc que cela plaisait aux Juifs, il résolut de s’emparer aussi de Pierre ». Le meurtre, et le meurtre injuste, plaisait. La folie d’Hérode est grande ; il était aux ordres des absurdes passions des Juifs ; quand il eut fallu faire tout le contraire, et arrêter leur fureur, il l’excitait comme s’il eût été le bourreau des malades et non leur médecin ; et cependant il avait mille exemples, et de son aïeul et de son père Hérode : il savait de combien de maux avait souffert le premier à cause du massacre des enfants ; et que le second, par l’assassinat de Jean avait soulevé une guerre terrible. « S’étant emparé de lui, il le mit en prison ». Il craignait que Pierre, à cause de la mort de Jacques ne s’éloignât, et voulant s’assurer de lui, il le jeta en prison. Plus la garde est rigoureuse, plus le spectacle offert est prodigieux. Tout cela fut bon pour Pierre, il sortit de là plus éprouvé, et montra sa force propre.
« La prière », disent les Actes, « se faisait sans interruption en faveur de Pierre ». La prière est une marque de tendresse. Tous redemandaient leur père, leur père bien-aimé. « Elle était sans interruption la prière faite pour lui ». Apprenez quels étaient les sentiments des fidèles pour leurs maîtres. Ils ne recourent pas à l’émeute et aux troubles, mais à la prière qui est le secours invincible. Ils ne disaient pas : Hommes de néant que nous sommes, comment prierions-nous pour lui. Ils priaient par amour, et ils ne pensaient rien de semblable. Voulez-vous apprendre ce que firent les persécuteurs même sans le vouloir ? Ils rendirent les uns plus fermes contre les épreuves, et les autres plus zélés. Si l’on veut les mettre à mort, on choisit un jour de fête comme pour mieux faire éclater leur gloire. « Mais lorsque Hérode devait le produire devant le peuple », disent les Actes, « Pierre cette nuit même dormait ». Voyez Pierre, il dort, il n’est en proie ni à l’inquiétude, ni à la crainte. Cette nuit, dans laquelle il doit être produit devant le peuple, il dormait, il avait tout remis entre les mains clé Dieu. Ce n’est pas tout. « Il était couché entre