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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/140

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deux soldats, lié par deux chaînes ». Voyez combien la garde est rigoureuse ? « Et voilà que l’ange du Seigneur lui apparut, et lui dit : Levez-vous promptement ». Les gardiens dormaient tous, et ils ne s’aperçurent pas de ce qui se passait. La lumière brilla afin que Pierre pût voir, et entendre, et qu’il ne s’imaginât point que ce fût un songe. Et pour qu’il ne tarde pas, on lui touche le côté. On ne lui dit pas seulement : « Levez-vous », mais on ajoute : « promptement », tant il dormait profondément. « Il lui semblait qu’il avait une vision », disent les Actes. « Il passa donc la première et la seconde garde ». Où sont maintenant les hérétiques ? Qu’ils nous disent comment il passa : mais ils ne le pourraient pas. Et cependant, c’est pour lui persuader que ce n’est pas un songe que l’ange lui ordonne de se ceindre et de se chausser ; c’est aussi pour secouer son sommeil, et lui montrer que la chose est vraie. C’est pour cela aussi que soudain ses chaînes lui tombent des mains, et il entend qu’on lui dit : « Levez-vous promptement ». Cette parole n’était pas dite pour le troubler, mais pour lui persuader de ne pas tarder. « Et il ne savait pas », dit le livre, « si ce que faisait l’ange était vrai ; il lui semblait qu’il avait une vision ». Et c’était avec raison, tant le prodige était grand !
3. Ne voyez-vous pas combien est grand ce miracle ? combien il frappe celui qui le voit ? combien il semble incroyable ? Si Pierre continuait à croire que c’était un songe, même après qu’il se fût ceint et chaussé, que n’eût pas fait un autre que lui ? « Ayant donc traversé la première et la seconde garde, ils arrivèrent à la porte de fer. Et lorsqu’ils furent sortis, ils allèrent jusqu’à la première rue, et aussitôt l’ange s’éloigna de lui ». Ce qui s’est passé dans l’intérieur de la prison est plus merveilleux, ce qui suit est plus naturel. Lorsqu’il n’y eut plus d’obstacle, l’ange s’en alla. Pierre n’aurait pu passer au milieu de tant de difficultés ; car, véritablement, il était dans la stupeur. « Maintenant je sais », dit-il, « que le Seigneur a vraiment envoyé son ange, et il m’a arraché des mains d’Hérode, et à l’attente du peuple juif ».
« Maintenant » (non pas alors que j’étais dans la prison). « Ayant considéré, il alla à la maison de Marie, mère de Jean ». Que veut dire « ayant considéré ? » Ayant réfléchi à l’endroit où il était. Voilà ce qu’il a considéré : ou bien qu’il ne devait pas aller n’importe où, mais rendre grâces à son bienfaiteur. Ayant donc considéré, il alla à la maison de Marie. Quel est ce Jean ? Peut-être celui qui était toujours avec les apôtres, et c’est pour cela que l’auteur a donné aussi son surnom.
Considérez combien l’affliction est utile ; combien les fidèles ont gagné en priant la nuit ; et combien aussi la prière les a rendus vigilants. N’avez-vous pas vu le bien qu’a procuré la mort d’Étienne ? N’avez-vous pas vu de quelle utilité a été cet emprisonnement de Pierre ? Dieu, en ne punissant pas ceux qui persécutent les apôtres, montre la grandeur de l’Évangile ; et même en permettant que les méchants vivent exempts des maux qu’ils font souffrir aux bons, il montre que les tribulations en soi sont quelque chose d’excellent, et que nous ne devons chercher ni à les fuir ni à en tirer vengeance. Remarquez aussi dans quelle considération étaient les servantes chez les premiers chrétiens. « A cause de sa joie, elle n’ouvrit pas », dit l’auteur. Cet incident fut heureusement ménagé, de peur que les disciples ; voyant soudainement l’apôtre, ne demeurassent stupéfaits et incrédules ; et aussi pour que leur intelligence fût préparée. Et ce que nous avons accoutumé de faire, la servante le fit aussi ; car elle s’empressait d’aller porter la bonne nouvelle ; en effet, c’était une bonne nouvelle. « Ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle soutenait qu’il en était ainsi. Ils lui dirent : C’est son ange ». Il est donc prouvé par là que chacun de nous a un ange. Mais d’où leur vient cette pensée que c’était un ange ? Ils supposaient cela à cause de la circonstance. « Mais comme il continuait à frapper, ils ouvrirent, le virent, et furent stupéfaits. Pierre ayant fait signe de la main », imposa silence pour se faire entendre. Les disciples désiraient, plus que toute autre chose, non seulement que Pierre fût sauvé, mais encore qu’il fût présent au milieu d’eux. Les fidèles apprirent de la bouche de Pierre tout ce qui s’était passé ; leurs persécuteurs l’apprirent aussi, s’ils avaient voulu croire, mais ils ne voulurent pas. La même chose arriva aussi pour le Christ.
« Annoncez ces choses à Jacques et aux frères ». Remarquez qu’il ne recherche pas la vaine gloire, car il ne dit pas. Annoncez ces choses partout à tout le monde ; mais « aux frères ». « Et il s’en alla dans un autre lieu ».