Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était éloignée. Du reste, ne demandez pas pourquoi, puisqu’ils sont poussés par l’Esprit-Saint. « Car ils n’avaient » pas seulement été élus, mais même envoyés par l’Esprit-Saint. « Et étant venus à Salamine, ils annonçaient la parole dans les synagogues des Juifs ». Voyez-vous leur empressement à annoncer tout d’abord la parole aux Juifs, afin de ne pas s’en faire des contradicteurs ? Les apôtres ne parlaient qu’aux Juifs seuls, et ceux-ci allèrent dans les synagogues. « Ils parcoururent l’île tout entière, et rencontrèrent un certain magicien faux prophète juif, nommé Bar Jesu, qui était avec le proconsul Sergius Paulus, homme sage, qui ayant fait venir Barnabé et Saul désirait entendre la parole de Dieu. Elymas le magicien (ainsi s’interprète son nom) leur résistait, et cherchait à détourner le proconsul de la foi (6-8) ». Voici de nouveau un magicien juif comme Simon. Remarquez encore que, tant que la parole de Dieu n’était prêchée qu’aux autres, il ne s’en indignait pas beaucoup, et qu’il ne s’émut que quand les apôtres vinrent chez le proconsul. Ce qu’il y a d’étonnant de la part du proconsul, c’est qu’étant prévenu par la magie, il voulut néanmoins entendre les apôtres. Ainsi tirent aussi les Samaritains. La magie vaincue ne sert qu’à faire éclater davantage la vertu divine. Partout la vaine gloire et l’amour du commandement sont la cause de grands maux. « Mais Saul, qui est aussi appelé Paul, rempli de l’Esprit-Saint, le regarda, et lui dit : Homme, plein de toute ruse et de toute tromperie, enfant du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? Et voici maintenant que la main du Seigneur est sur toi, tu seras aveugle, et ne verras pas le soleil jusqu’à un certain temps (9-11) ». Ici le nom de l’apôtre est changé après l’ordination, comme il est arrivé à Pierre. Remarquez que ce n’est pas là une injure, mais une sévère réprimande. En effet, c’est ainsi qu’il faut mettre à la raison les turbulents et les impudents. « Homme plein de toute ruse et de toute tromperie, ennemi de toute justice ». Ici Paul révèle le fond de la pensée de cet homme qui, sous prétexte de sauver le proconsul, le veut perdre. « Ne cesseras-tu pas de pervertir les voies du Seigneur ? » Et il dit avec foi : Ce n’est pas à nous que tu fais la guerre, contre nous que tu combats, mais tu bouleverses les voies du Seigneur, les voies droites, ajoute-t-il avec éloge. « Et maintenant voici que la main du Seigneur est sur toi, et tu seras aveugle ». Paul veut le convertir par le même miracle qui a servi à le convertir lui-même. Et ce mot « jusqu’à un certain temps » n’était pas la parole de celui qui châtie, mais plutôt de celui qui convertit. Si c’eût été la parole de celui qui châtie, il l’eût rendu aveugle pour toujours. Mais au contraire il ne le frappe que pour un temps, et seulement pour gagner le proconsul. « Aussitôt l’ombre et les ténèbres tombèrent sur lui, et tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui lui donnât la main. Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, admirant la doctrine du Seigneur (12) ». Il convenait qu’un homme adonné à la magie fût instruit par ce châtiment : ainsi furent instruits par les pustules les magiciens de l’Égypte. Remarquez que les apôtres ne perdent pas de temps en cet endroit ; dès que le proconsul a cru, ils ne se laissent point amollir par les flatteries et les honneurs, ils se remettent aussitôt à l’œuvre et se transportent dans le pays au-delà de la mer.
« Paul et les siens ayant mis à la voile, passèrent de Chypre à Perge de Pamphilie. Jean s’étant séparé d’eux, retourna à Jérusalem. Pour eux, après avoir traversé Perge, ils se rendirent à Antioche de Pisidie, et étant entrés dans la synagogue ; ils s’assirent (13, 14) ». Ils entraient toujours dans la synagogue, selon l’habitude des Juifs, pour n’être ni attaqués ni chassés ; c’est avec cette prudence qu’ils menaient leur œuvre à bonne fin. « Après la lecture de la loi et des prophètes, les princes de la synagogue envoyèrent vers eux, en disant : Hommes nos frères, si vous avez quelque discours d’exhortation pour le peuple, pariez (15) ». Ce sont maintenant les actes de Paul que nous apprenons à connaître ; ceux de Pierre nous ont été assez exposés dans ce qui précède. Mais reprenons notre texte. « Lorsqu’ils furent arrivés à Salamine, dit l’auteur, ils annonçaient la parole de Dieu » dans la métropole de Chypre. Ils passèrent une année à Antioche. Il fallait en sortir, et ne pas y rester toujours ; il fallait aux chrétiens d’Antioche de plus grands docteurs. Remarquez qu’ils ne perdent pas le temps à Séleucie, sachant que le voisinage d’Antioche avait déjà beaucoup profité aux