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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/149

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Séleuciens. Mais ils ont hâte d’aller où il y a urgence. Lorsqu’ils furent arrivés à la métropole de l’île, ils désiraient convertir le proconsul. Cette parole : « Était avec le proconsul homme prudent », n’est pas une flatterie ; et l’événement même vous l’apprend, car il n’eut pas besoin de nombreux discours, et il voulut aussitôt les entendre. L’auteur rapporte le nom des villes, pour montrer que, puisque les habitants avaient reçu la parole récemment, il était nécessaire de les encourager à persévérer dans la foi. C’est pour cela qu’ils y vont souvent. Voyez aussi que Paul ne dit rien au magicien, tant que celui-ci n’en donna pas l’occasion. Mais ils annonçaient seulement la parole. Voyant l’attention que les autres donnaient à la parole de Dieu, le magicien n’eut plus qu’une préoccupation, celle d’empêcher le proconsul d’être persuadé. Pourquoi l’apôtre ne fit-il pas un autre miracle ? Parce qu’il n’y en avait pas de plus propre à prendre l’ennemi.
2. Remarquez que la réprimande précède le châtiment. Il justifie d’avance la punition qu’il va lui infliger, en disant : « O homme plein de toutes sortes de ruses ! » c’est-à-dire, qui n’en néglige aucune. Et c’est avec justesse qu’il dit « de toutes sortes de ruses », le magicien rusait en effet : « fils du diable », car il faisait son couvre. « Ennemi de toute justice », la doctrine à laquelle il s’opposait était en effet de toute justice. Il me semble que Paul disait ces choses pour attaquer sa vie. Pour démontrer que ces paroles n’étaient pas inspirées par la colère, l’auteur dit auparavant. « Paul rempli du Saint-Esprit », c’est-à-dire de la force du Saint-Esprit. « Et maintenant, voici que la main du Seigneur est sur toi ». Ce n’était pas une vengeance, mais un remède. Comme s’il disait : Ce n’est pas moi qui agis, mais la main de Dieu ; remarquez sa modestie : « Tu seras aveugle, et tu ne verras pas la lumière du soleil jusqu’à un certain temps ». Il lui dit cela pour lui donner lieu de se repentir. Les apôtres ne cherchaient pas à se signaler parla terreur, même en ne frappant que leurs ennemis. Ils usaient parfois de sévérité envers leurs disciples quand c’était nécessaire, mais jamais contre les étrangers, afin qu’on ne pût attribuer les progrès de leur œuvre à la contrainte et à la terreur. La preuve de la cécité fut qu’il cherchait quelqu’un qui lui tendît la main. Le proconsul voit cette cécité, et aussitôt il croit, frappé d’étonnement, ajoute le texte. Il vit que ce n’étaient pas là des paroles et rien de plus, ni de purs prestiges. Voyez quel amour de la doctrine dans cet homme revêtu d’une dignité si haute ! Paul ne dit pas au mage : Vous ne cessez de pervertir le proconsul, mais a les voies du Seigneur » : ce qui était bien plus grand, et ne ressemblait en rien à une flatterie. Pourquoi Jean s’éloigne-t-il d’eux ? L’auteur dit en effet : « Jean s’étant séparé d’eux, retourna à Jérusalem » ; parce qu’il redoutait un plus long voyage ; il n’était cependant que ministre, et eux seuls s’exposaient au danger. Venant à Perge, ils ne font que traverser les autres villes, car ils se hâtaient d’arriver à la métropole, à Antioche. Voyez combien l’écrivain abrége. « Ils s’assirent » ; dit-il, « dans la synagogue le jour du sabbat » ; comme pour préparer la voie à la parole. Ils ne parlent pas les premiers, mais on les invite et on les engage comme des hôtes à parler. S’ils ne fussent pas restés en cet endroit, ils auraient manqué l’occasion de parler ; c’est là que Paul prêche pour la première fois. Voyez sa prudence ; là où la parole s’est répandue, il ne fait que passer ; là où il n’y avait pas de disciple, il demeurait plus longtemps ; il le dit lui-même lorsqu’il écrit : « Ainsi j’ai cherché à évangéliser là où n’a pas encore été nommé le Christ ». (Rom. 15,20) C’était là le fait d’un grand courage. Paul fut un homme admirable dès le commencement ; crucifié, placé au premier rang, il savait de quelle grande grâce il était privilégié, il montra un zèle égal. Il ne s’irrita pas contre Jean, car il n’était pas à lui ; mais il s’attachait à l’œuvre de Dieu ; il ne redouta rien, il ne craignit pas au milieu d’une immense multitude qui l’entourait. Remarquez comment la Providence fait que Paul ne prêche pas à Jérusalem ; il suffit qu’on y soit instruit de sa conversion ; mais la haine que les Juifs lui portaient, ne lui eût pas permis d’y prêcher. Il s’en va donc au loin, là où il n’est pas connu. Il confondit d’abord le magicien, et montra ce qu’était cet homme, et le prodige fil voir qu’il était tel que Paul avait dit. Ce miracle était l’image de l’aveuglement de son âme. Il est affligé pour un certain temps, afin qu’il fasse pénitence. Ils entrèrent à propos dans la synagogue, le jour du sabbat, lorsque les Juifs y étaient assemblés : « Et après la lecture de la loi et des prophètes, les princes de la synagogue