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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/156

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mais par les divines Écritures, de tous les remèdes propres à toutes les maladies de vos âmes. Par exemple, est-on colère, qu’on fasse attention aux lectures des Écritures, et on trouvera certainement, soit dans les histoires, soit dans les conseils, quelque chose qui conviendra. Ainsi dans le conseil il est dit : « Le moment de sa fureur est devenu sa ruine ». (Sir. 1,28) Et ailleurs : « L’homme colère n’est pas modéré » (Prov. 11,25) ; et mille choses semblables. Ailleurs on lit encore : « L’homme qui n’est pas maître de sa langue ne prospérera pas ». (Ps. 139,12) Le Christ a dit : « Celui qui se met sans raison en colère contre son frère »… (Mt. 5,22) Le prophète dit aussi : « Mettez-vous en colère, mais ne péchez pas ». (Ps. 4,5) Et ailleurs : « Maudite soit leur colère, parce qu’elle est implacable ». (Gen. 49,7) Dans les histoires, ce sera pour vous un exemple, lorsque vous lirez que Pharaon et l’Assyrien, enflammés de colère, ont péri par cette cause. Un autre est-il épris de l’amour des richesses, qu’il entende cette parole : « Rien de plus injuste que l’avare, car cet homme met son âme en vente ». (Sir. 10,9) Et cette autre du Christ : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Mt. 6,24) ; et l’apôtre, lorsqu’il dit : « L’avarice est la racine de tous les vices ». (1Tim. 6,10) Le prophète dit : « Si vos richesses sont abondantes, n’y attachez pas, votre cœur ». (Ps. 61,10) Et beaucoup de textes semblables. Par les histoires vous connaîtrez Giézi, Juda, les princes des prêtres, les scribes, et vous saurez « que les présents aveuglent les yeux des sages ». Un autre est-il orgueilleux ? qu’il écoute cette parole : « Dieu résiste aux superbes » (Prov. 3,34) ; « le principe du péché est l’orgueil » (Sir. 10,14) ; et aussi : « Tout homme au cœur hautain est impur devant Dieu ». (Prov. 16,5) Dans les histoires vous lirez ce qui est arrivé au démon et à tous les autres. En somme, car nous ne pouvons tout énumérer, que chacun choisisse dans les divines Écritures le remède à ses propres blessures. Si vous ne pouvez guérir le tout, guérissez déjà une partie aujourd’hui, demain une autre, ensuite le tout.
Vous trouverez dans les Écritures de nombreux exemples sur la pénitence et sur la confession, sur l’aumône et sur la justice, sur la sagesse et sur toutes choses. « Toutes ces choses ont été écrites », dit saint Paul, « pour notre instruction ». (Rom. 15,4) Si donc c’est pour notre instruction que l’Écriture traite toutes sortes de sujets, prêtons notre attention à l’Écriture. Pourquoi nous faisons-nous de vaines illusions ? Je crains qu’il ne soit dit de nous : « Nos jours se sont écoulés dans la vanité, et nos années ont passé avec rapidité ». (Ps. 67,33) Qui de nos auditeurs s’est éloigné du théâtre ? Qui a abandonné l’avarice ? Qui est devenu plus zélé pour l’aumône ? Je voudrais le savoir, non par vaine gloire, mais pour devenir plus ardent à la vue du fruit évident de mes travaux. Mais comment m’appliquerai-je à mon œuvre, en voyant des pluies si abondantes de doctrines tombées inutilement, et notre semence toujours à la même mesure, et les fruits toujours aussi maigres ? Enfin le temps de l’aire, où l’on emploie le van, est arrivé. Je crains qu’il n’y ait que de l’herbe ; je crains que tous nous ne soyons jetés dans la fournaise. L’été est passé ; l’hiver est venu ; nous sommes assis, jeunes et vieux, enchaînés par nos propres vices. Ne me dites pas : Je ne commets pas la fornication. Quelle utilité pour vous de n’être pas fornicateur, si vous êtes avare ? Le passereau, quoiqu’il ne soit pas pris de toutes parts, s’il est seulement retenu par le pied, périt cependant, arrêté dans le filet, et ses ailes ne lui servent à rien, vu qu’il est pris par le pied. Ainsi, vous qui n’êtes pas pris par la fornication, mais qui aimez l’argent, vous êtes pris cependant ; la question n’est pas de savoir comment vous êtes pris, mais si vous l’êtes. Que le jeune homme ne dise pas : Je ne suis point avare ; peut-être êtes-vous fornicateur. Encore une fois, quel gain à cela ? Tous les vices ne peuvent pas être réunis chez nous dans un même âge de la vie, mais ils sont partagés entre tous les âges, et cela par la miséricorde de Dieu, de peur qu’ils ne devinssent indomptables, s’il, s’emparaient de nous tous à la fois ; de peur aussi que la lutte contre eux ne fût trop difficile. Quelle paresse n’y aurait-il donc pas de notre part, à ne pouvoir triompher des passions ainsi divisées, à nous laisser vaincre dans chaque saison de la vie, et à nous prévaloir fièrement des qualités qui nous viennent, non de la vertu, mais de l’âge. Ne remarquez-vous pas les cochers, qui usent de toutes sortes de soins, d’exercices et de travaux, de certaines nourritures mêmes, et de bien d’autres moyens pour n’être pas renversés de leur char ? Voyez ce que peut l’art ! Un homme même courageux