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HOMÉLIE XXX.


COMME ILS SORTAIENT, ON LES PRIA DE RÉPÉTER CES PAROLES LE SABBAT SUIVANT. (VERSET 42, JUSQU’AU VERSET 13 DU CHAPITRE XVIII)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Saint Paul et saint Barnabé à Lystre. – Guérison d’un paralytique. – Les habitants de cette ville, prenant les deux apôtres pour des dieux, veulent leur sacrifier.
  • 3 et 4. Eloge de l’humilité. – Nous enseignons mieux par nos exemples que par nos paroles. – Le saint Docteur blâme la vanité de certains prédicateurs et s’élève éloquemment contre la mauvaise habitude d’applaudir dans la maison de Dieu.


1. Voyez toute la prévoyance de Paul. non seulement il fit naître alors leur admiration, mais il excita en eux le désir de l’entendre encore ; il avait seulement ensemencé leurs âmes, sans finir sa tâche ni terminer son discours, car il voulait d’abord se concilier leur attention et leur bienveillance, et ne pas les rebuter en surchargeant leur esprit dès la première fois. Il avait dit : « C’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée », mais il n’avait pas expliqué de quelle manière ; ensuite il parle de lui-même pour la première fois. Voyez quel enthousiasme ! « On les suivait », dit le texte. Pourquoi ne les a-t-il pas baptisés aussitôt ? Il n’était pas encore temps ; il fallait fortifier leurs convictions. « Quand l’assemblée fut séparée, beaucoup de Juifs et de prosélytes suivirent Paul et Barnabé qui les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu (43). Le sabbat suivant, presque toute « la ville s’assembla pour écouter la parole de Dieu (44). Mais les Juifs, voyant cette affluente, furent remplis d’envie et combattaient les discours de Paul, mêlant des blasphèmes à leurs contradictions (45) ». Voyez comme la méchanceté se nuit à elle-même en voulant nuire aux autres. C’était une grande gloire pour les apôtres que cette contradiction qu’on leur opposait : d’abord ces gens les priaient de parler, maintenant « ils mêlaient des blasphèmes à leurs contradictions ». Quelle insolence ! ce qui méritait leurs éloges attirait leurs contradictions. « Alors Paul et Barnabé leur dirent hardiment : C’était à vous qu’il fallait d’abord annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les gentils (46) ». Voyez-vous comment l’opposition qu’ils rencontrent leur fit étendre leur prédication et se dévouer de plus en plus aux gentils, après avoir établi qu’ils n’avaient rien à se reprocher envers leurs compatriotes ? Il ne dit pas : Vous êtes indignes ; mais : « Vous vous jugez indignes », afin d’éviter toute parole blessante. « Voici que nous nous tournons vers les gentils (47), car voici l’ordre que le Seigneur nous a donné : Je t’ai établi pour la lumière des gentils, afin que tu serves leur salut jusqu’à l’extrémité de la terre ». (Is. 49,6) Les premières paroles pouvaient déplaire aux gentils en leur donnant à entendre que les apôtres ne leur conféraient pas ces biens par un zèle charitable, mais parce que les Juifs les repoussaient ; c’est pour cela qu’il ajoute la prophétie : « Je t’ai établi pour la lumière des gentils, afin que tu serves à leur salut jusqu’à l’extrémité de la terre. Les gentils entendant cela se réjouirent (48) », apprenant qu’ils allaient jouir des biens dont les Juifs seraient privés ; mais ceux-ci n’en étaient que plus piqués. « Les gentils, entendant cela, se réjouirent et glorifiaient la parole du Seigneur ; tous ceux qui avaient été prédestinés à la vie éternelle crurent », c’est-à-dire, ceux que Dieu avait désignés pour cela. Voyez la