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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/159

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promptitude de ces travaux ! « La parole du a Seigneur se répandait dans tout le pays (49) » ; c’est-à-dire, se publiait. C’est comme s’il disait : Ils ne se contentaient pas du zèle, ils y ajoutaient les œuvres. Voyez encore quels autres prodiges ce zèle qui les excite va leur faire accomplir. Ils se préparent à parler avec une nouvelle audace et à se rapprocher des gentils. Voici de quelle manière : « Paul et Barnabé leur dirent hardiment : C’était à vous qu’il fallait d’abord annoncer la parole de Dieu ; mais, puisque vous la rejetez, voici que nous nous tournons vers les gentils ».
Ainsi il ne leur restait plus qu’à aller trouver les gentils. Mais leur audace est mêlée de prudence, et avec raison : car si Pierre s’était justifié, ils avaient bien plus besoin de justification, puisque personne ne les appelait à cette nouvelle mission. Aussi l’apôtre dit-il : « C’était à vous d’abord », pour constater qu’il avait commencé à leur parler ; « qu’il fallait annoncer », reconnaissant ainsi qu’il devait s’adresser à eux. « Mais puisque vous la repoussez », il ne leur dit pas : Malheur à vous ; ni : Vous serez punis ; mais : « Nous nous tournons vers les gentils ». Vous voyez que leur courage est plein de modération. « Mais les Juifs excitèrent des femmes dévotes et de qualité, ainsi que les principaux habitants de la ville, les portèrent à persécuter Paul et Barnabé et à les chasser du pays (50)». Voyez quel avantage avaient pris les adversaires de la prédication, et à quel excès d’emportement ils avaient entraîné ces femmes. « Alors, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, ils vinrent à Icone (51) ». Ils partirent en accomplissant la terrible parole du Christ : «. Si quelqu’un ne vous reçoit pas, secouez en sortant la poussière de vos pieds ». (Mt. 10,14 ; Mc. 6,11) Ils ne le firent point sans raison suffisante, mais après avoir été chassés. Du reste, cela ne fit aucun tort à leurs disciples, qui n’en furent que plus attachés à leur parole. Pour le faire voir, il ajoute : « Cependant les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit (52) ». La persécution du maître n’ôte rien à la confiance du disciple et même ajoute à son zèle.
« Étant à Icone, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs, et parlèrent de telle sorte qu’une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi ». (Chap. 14,1) Ainsi ils entrent encore dans une synagogue. Vous voyez qu’ils n’étaient pas devenus plus craintifs, quoiqu’ils eussent dit : « Nous nous tournons vers les gentils ». Cependant ils enlèvent toute excuse aux incrédules, car « une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi ». Il est probable, en effet, qu’ils ont aussi prêché aux Grecs. « Ceux des Juifs qui restèrent incrédules, excitèrent et irritèrent l’esprit des gentils contre les frères (2) ». Ainsi, les Juifs excitèrent les gentils, comme si ce n’eût pas été assez d’eux-mêmes. Pourquoi donc les apôtres ne sortirent-ils pas aussitôt ? Parce qu’ils n’étaient point chassés, mais seulement combattus. « Ils restèrent donc longtemps, publiant hautement le Seigneur qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, en opérant par leurs mains des prodiges et des miracles (3) ». Voilà ce qui les encourageait, tandis que leur zèle encourageait leurs disciples. Aussi ne prodiguaient-ils pas les miracles ; ils comptaient comme miracle la foi de leurs auditeurs. L’indépendance de leur parole produisait encore un autre effet. « Toute la ville était partagée : les uns étaient avec « les Juifs, et les autres avec les apôtres (4) ». Cette séparation servait encore à les accuser. C’est ce que disait le Christ. « Je ne suis pas venu vous apporter la paix, mais le glaive ». (Mt. 10,34) « Mais comme les gentils et les Juifs, avec leurs principaux chefs, allaient se jeter sur eux pour les outrager et les lapider (5), les apôtres l’ayant su, s’enfuirent à Lystre et à Derbe, villes de Lycaonie, et au pays d’alentour, où ils prêchèrent l’Évangile (6) ».
2. Ils cherchent encore à développer la prédication, et quand ils y parviennent, on les expulse de nouveau : Remarquez l’avantage des persécutions : les persécuteurs sont vaincus, et les persécutés couverts de gloire. Paul, arrivant à Lystre, opère un grand miracle ; il guérit un boiteux en lui parlant à haute voix. Voici comment : « Il y avait à Lystre un homme perclus de ses pieds, boiteux dès le ventre de sa mère, et qui n’avait jamais marché (7). Cet homme écouta la prédication de Paul ; et Paul, arrêtant les yeux sur lui et voyant qu’il avait ta foi d’être sauvé (8), lui dit à haute voix : Levez-vous et tenez-vous droit sur vos pieds. Et il sautait, et il marchait (9) ». Pourquoi parla-t-il à haute voix ? Pour que la foule fût amenée à croire. Observez que cet homme était attentif aux paroles