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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/161

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29]]). Or, ces élus n’étaient pas seulement répandus dans la ville, mais dans le pays, car les gentils, ayant entendu la prédication, avaient été entraînés peu à peu. « Mais les Juifs excitèrent des femmes dévotes et firent naître une persécution ». Ainsi, vous voyez qu’ils étaient cause de tout ce que faisaient ces femmes. « Ils les chassèrent de la contrée » ; c’est-à-dire, non seulement de la ville, mais de tout le pays. Voici le plus frappant : « Les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit ». On chassait leurs maîtres et ils se réjouissaient ! Admirez la nature et la puissance de l’Évangile ! « Mais les Juifs irritèrent l’esprit des gentils contre les frères ». C’est-à-dire, qu’ils répandaient une foule de calomnies et d’accusations sur les apôtres et les fidèles, et corrompaient les esprits simples.
3. Observez comme Paul rapporte toujours tout à Dieu. « Ils restèrent longtemps prêchant sans se laisser intimider, pleins de confiance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce ». Ne croyez pas que cette expression rabaisse la divinité ; c’est lorsqu’ils parlaient que se montrait leur confiance. Saint Paul dit de même que « Jésus-Christ a rendu, témoignage sous Ponce-Pilate » ; ici c’était devant le peuple. Les apôtres s’éloignèrent quand il fallut céder à la fureur. « Ils s’enfuirent à Lystre et à Derbe, villes de Lycaonie, et au pays d’alentour », où la colère de leurs ennemis pouvait moins les poursuivre : aussi ne s’arrêtaient-ils pas seulement dans les villes, mais encore dans les campagnes. Remarquez la simplicité des gentils et la malice des Juifs. Les gentils prouvaient par leurs actions qu’ils étaient dignes d’écouter la parole des apôtres : n’eussent-ils vu que leurs miracles, ils les auraient honorés. Ils les regardaient comme des dieux, tandis que les autres les chassaient comme perturbateurs. Les uns, non seulement n’interrompaient point leur prédication, mais ils disaient : « Des dieux, sous forme humaine, sont descendus parmi nous » ; tandis que les autres étaient scandalisés. Les premiers « appelaient Barnabé Jupiter, et Paul, Mercure ». Cela me fait croire que Barnabé avait l’air vénérable. Une tentation aussi grave venait d’une énorme exagération ; mais elle fait éclater la vertu des apôtres : voyez encore comme ils rapportent tout à Dieu.
Imitons-les en cela, et pensons que rien n’est à nous, puisque notre foi elle-même ne nous appartient pas. Pour voir qu’elle nous appartient bien moins qu’à Dieu, écoutez encore saint Paul : « Cela ne vient pas de nous, mais c’est un don de Dieu ». (Eph. 2,8) Ne soyons donc jamais gonflés. d’orgueil, puisque nous ne sommes que des hommes, c’est-à-dire, de la terre et de la cendre, de l’ombre et de la fumée. Dites-moi, de quoi tirez-vous vanité ? Vous avez fait l’aumône et épuisé vos richesses ? Qu’est-ce que cela ? Réfléchissez que Dieu aurait pu ne pas vous faire riche : Songez aux pauvres, songez surtout à ceux qui, après avoir tout donné et livré leurs corps eux-mêmes, ont dit : nous sommes des serviteurs inutiles. Vous vous êtes sacrifié à vous-même ; le Christ s’est sacrifié pour vous ; vous avez donné ce que vous aviez reçu ; le Christ n’avait rien reçu de vous. Songez à l’incertitude de l’avenir et ne vous enorgueillissez point, mais tremblez. Si vous avez quelque mérite, ne le diminuez pas par votre arrogance. Voulez-vous faire des actions véritablement belles ? Ne vous imaginez jamais avoir accompli de belles actions. Vous êtes vierge ?.mais bien des martyres aussi, étaient vierges, et la virginité ne les a pas défendues contre la cruauté et l’inhumanité.
Rien n’est comparable à l’humilité ; c’est la mère, la racine, l’aliment, le lien et la base de tous les biens : sans elle nous sommes impurs, abominables, exécrables. Supposez quelqu’un qui ressuscite les morts, fasse marcher les boiteux et guérisse les lépreux. S’il y met de l’orgueil, il n’est rien de plus souillé, de plus impie, de plus scélérat. Pensez que vous n’êtes rien par vous-même. Vous possédez l’éloquence et l’art d’enseigner ? Ne croyez pas pour cela valoir plus que les autres. Vous, devez vous humilier d’autant plus, que plus de dons vous ont été accordés, car celui à qui l’on remet plus, aime plus (Lc. 7,47). Sans compter les autres raisons, il faut vous humilier parce que Dieu vous a favorisé. Aussi vous devez trembler, car souvent ces faveurs peuvent vous perdre, si vous n’y veillez pas.
Pourquoi vous enorgueillir ? Parce que vous enseignez la sagesse ? Il est facile de le faire en paroles ; enseignez-moi par l’exemple de votre vie : c’est la meilleure instruction. Vous vantez la modération, et là-dessus vous développez un long discours, vous faites couler à profusion les flots de votre éloquence. Il vaudrait