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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/165

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Paul et le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort (18) ». Voilà l’œuvre du démon ! Les Juifs agissaient ainsi, non seulement dans les villes, mais aussi dans les campagnes, et montraient autant d’ardeur à ruiner la prédication que les apôtres en mettaient à l’affermir. « Ils gagnèrent le peuple ; ils lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort ». On reconnaît ici l’accomplissement de cette parole « Ma grâce te suffit, car ma force se montre tout entière dans la faiblesse »(II Cor. XII ; 9) ; cela était plus grand que de guérir un boiteux. Les gentils les avaient regardés comme des dieux ; mais, après avoir gagné le peuple, les Juifs le traînèrent hors de la ville. Si quelques habitants avaient admiré les apôtres, ïl est probable que tous n’avaient pas été du même avis : aussi vous voyez que, dans cette même ville où on les avait ainsi admirés, ils souffrent de cruels traitements. Pourquoi Dieu l’avait-il permis ? c’est ce que Paul nous explique lui-même en disant : « Il ne faut pas que personne m’estime au-dessus de ce qu’il voit en moi, ou de ce qu’il entend dire de moi ». (2Cor. 12,6)
« Les disciples s’étant amassés autour de « lui, il se leva et rentra dans la ville (19) ». – Voyez quelle ardeur ! voyez quel zèle fervent et enflammé ! Il revient dans la ville pour faire voir que, s’il la quittait, c’était pour répandre la parole de Dieu et pour éviter d’irriter personne. Cela faisait aux apôtres plus d’honneur que des miracles, et eux-mêmes en étaient plus heureux. Car on ne dit pas qu’ils fussent satisfaits d’opérer des miracles, mais plutôt d’être jugés dignes de se voir méprisés pour la gloire du Seigneur ; c’est ce qu’ils avaient appris par ces paroles du Christ : « Ne vous réjouissez pas parce que les démons vous sont soumis » (Lc. 10,20) ; leur véritable joie était de souffrir pour le Christ. Aussi revenaient-ils dans toutes les villes où ils avaient couru quelque danger. « Le lendemain, il partit avec Barnabé pour aller à Derbe. Après avoir annoncé l’Évangile dans cette ville et instruit plusieurs personnes, ils revinrent à Lystre, à Icone et à Antioche (20), fortifiant le courage des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et leur montrant qu’il faut passer par bien des tribulations pour a entrer dans le royaume de Dieu (21) ».
2. Tels étaient leurs discours et leurs enseignements. « Ils fortifiaient le courage des disciples », leur inspirant ainsi la constance et l’union, et les engageant à fuir toute occasion de péché. Grâce à l’accord qui s’établit entre les apôtres et leurs disciples, les uns parvinrent du premier coup aux prédications les plus persuasives, et les autres à comprendre la nécessité des souffrances et de la fermeté, ainsi qu’à rechercher moins les miracles que les épreuves. Aussi Paul disait-il : « Subissant les mêmes combats que j’ai soutenus, comme vous l’avez vu et entendu dire ». (Phil. 1,30) Ils essuyaient de fréquentes persécutions ; partout ils étaient combattus, attaqués, lapidés. Aussi voyez quelles étaient leurs exhortations, et comme ils enseignaient à préférer les tribulations à toute chose. Voici encore une autre consolation qui leur était réservée : « Traversant la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie, et ayant annoncé la parole du Seigneur à Perge, ils descendirent à Attalie (23, 24) ». Car, pour ne pas laisser leurs disciples se décourager en voyant ce que souffraient ceux qu’ils avaient d’abord regardés comme des dieux, ils vinrent près d’eux et les exhortèrent. Remarquez-le bien : Paul va d’abord à Derbe, pour laisser à la fureur populaire le temps de s’apaiser ; puis il revient à Lyslre, à Icone et à Antioche, s’éloignant devant la colère et revenant près du peuple apaisé. Vous voyez que la conduite des apôtres était dirigée non seulement par la grâce divine, mais aussi par leur activité personnelle. « De là ils firent voile jusqu’à Antioche, d’où ils avaient été envoyés à la grâce de Dieu pour faire l’œuvre qu’ils avaient accomplie (25) ». Pourquoi reviennent-ils à Antioche ? Pour annoncer ce qu’ils avaient fait. Du reste la Providence dévoilait ainsi une grande œuvre ; c’est qu’il ne fallait pas craindre d’instruire les gentils. Voilà ce qu’ils viennent annoncer, pour que tout le monde puisse le savoir. La Providence permet en même temps l’arrivée à Antioche de ceux qui s’opposaient à cette communication avec les gentils ;.mais les apôtres ; partis de Jérusalem avec tant de courage, y reviennent avec une égale confiance ; en même temps ils font preuve de soumission. En effet, s’ils avaient montré de l’indépendance en s’adressant aux gentils sans en avoir reçu la mission, ils prouvent aussi leur obéissance en rendant compte de leurs travaux ; leur conduite n’est pas suspecte d’orgueil. C’était d’Antioche « qu’ils