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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/166

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avaient été envoyés à la grâce de Dieu » le Saint-Esprit l’avait ordonné, mais ce qui vient du Saint-Esprit vient aussi du Fils, car le Fils et le Saint-Esprit ont une même puissance et une même nature. « Après y être arrivés et avoir convoqué l’Église, ils racontèrent quelles grandes choses Dieu avait faites par eux, et comment il avait ouvert aux gentils la porte de la foi (26). Et ils demeurèrent là assez longtemps avec les disciples (27) » ; ils avaient raison, car c’était une grande ville qui avait besoin de docteurs.
Mais revenons à ce qui, précède. Ils avaient fait impression sur le peuple, en déchirant leurs habits, comme l’avait fait Josué fils de Navé, quand son peuple fut vaincu. Ne croyez pas que cela fut indigne d’eux, ou inconvenant de leur part ; il n’en fallait pas moins – pour apaiser cet emportement, et pour éteindre cet incendie. Puisqu’ils ont dû avoir recours à de pareils moyens, nous ne devons reculer devant rien. Puisqu’ils ont à peine réussi de cette manière à convaincre le peuple, sans cela, que serait-il arrivé ? S’ils avaient agi différemment, ils auraient passé pour des orgueilleux qui ne recherchent, que la gloire. Réfléchissez à la sage modération du langage des apôtres, ainsi étonnés et stupéfaits, quand il fallait réprimander le peuple. Il fut surtout retenu par ces paroles : « Nous sommes des hommes faibles comme vous, et nous vous avertissons de quitter ces illusions pour vous convertir à Dieu ». Cela voulait dire : nous ne sommes que des hommes, mais nous valons mieux que vos dieux, car ceux-là sont morts. Vous voyez que non seulement ils indiquent les erreurs, mais ils enseignent la vérité ; tout cela, sans parler de choses invisibles. « Dieu », dit-il, « a fait le ciel et la terre et tout ce qui s’y trouve ». Il prend les siècles à témoin de ses paroles. O Juifs insensés ! Ils ont eu l’audace de séduire un peuple qui honorait ainsi les apôtres et de lapider Paul. Ils l’ont traîné hors de la ville, peut-être parce qu’ils le craignaient encore ! « Les apôtres prièrent en jeûnant, pour recommander leurs disciples au Seigneur ». Cela montre qu’il faut jeûner dans les tentations. Ils ne parlent pas de ce qu’ils ont fait, mais de ce que Dieu a fait par eux ; ils en parlent aussi simplement que de leurs épreuves. Ils n’étaient pas conduits par le hasard, ni par le désir de se reposer, mais par la providence du Saint-Esprit, afin d’affermir la prédication chez les gentils. Et pourquoi, direz-vous, n’ont-ils pas fait de prêtres à Chypre ni à Samarie ? Parce que Samarie était près des premiers apôtres, et Chypre près d’Antioche, où la parole divine se multipliait ; ils allaient où leur secours était le plus nécessaire, surtout pour les gentils qui lavaient besoin de tout apprendre. Ils arrivèrent pour enseigner, parce que le Saint-Esprit leur avait imposé cette mission. Admirez l’ardeur de Paul ! Il ne délibère pas pour savoir s’il doit parler aux gentils, mais il leur parle sans hésiter. Aussi disait-il : « Je n’ai pas pris conseil de la chair et du sang ». (Gal. 1, 16)
3. En réalité, la tribulation est un grand bien et un bonheur pour une âme forte et courageuse. Combien ont été ainsi conduits vers la foi divine et ont brillé d’un éclat incomparable ? Aussi faut-il toujours avoir un grand zèle, une adresse parfaite et une âme préparée à la mort ; car pour aller au royaume des cieux, il n’y a pas d’autre chemin que ce lui de la croix. Ainsi ne nous flattons point. On ne peint supporter les fatigues de la guerre si l’on recherche les plaisirs, l’argent, si l’on montre de la bassesse ou de la lâcheté : à plus forte raison dans cette guerre ! Ne pensez-vous pas que c’est la plus terrible de toutes ? « Il ne s’agit pas de combattre contre des hommes de sang et de chair ». (Eph. 6,12) L’ennemi vous poursuit aux repas, à la promenade, aux bains. Il ne vous fait trêve que pendant votre sommeil ; même alors il vous attaque souvent en vous envoyant des pensées impures et des songes voluptueux. Et nous, comme si l’objet de ces attaques ne valait pas la peine d’être défendu, nous ne montrons ni tempérance, ni vigilance, nous ne songeons point à la multitude des puissances qui nous menacent, nous ne réfléchissons pas que notre indifférence même est déjà une défaite, et au milieu de pareils dangers nous vivons comme dans les délices de la paix. Croyez-moi, ces périls sont aujourd’hui plus grands que ceux auxquels Paul a été en butte. On lui lançait des pierres ; maintenant on lance des paroles qui font plus de mal que des pierres. Que faut-il faire alors ? Ce qu’il a fait lui-même. Il n’eut point de haine pour ses ennemis, mais il rentra dans la ville hors de laquelle ils l’avaient traîné, afin de répandre ses bénédictions sur ceux qui l’avaient ainsi maltraité. De même, si vous avez à supporter un homme grossier et insolent,