Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce qui s’était fait chez les gentils, tout le monde s’en réjouit, même les Samaritains.
« Paul et Barnabé s’étant donc fortement élevés contre : eux, il fut résolu, que Paul et Barnabé et quelques-uns d’entre les autres iraient à Jérusalem pour consulter les apôtres et les prêtres sur cette question (2). Les fidèles de cette église les ayant accompagnés à leur départ, ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des gentils, et ils faisaient une grande joie à tous les frères (3). Étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’église, les apôtres et les prêtres, annonçant tout ce que Dieu avait fait par leur moyen (4) ». Voyez quelle providence dirige tout cela ! « Plusieurs de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s’élevèrent et soutinrent qu’il fallait circoncire les gentils et leur imposer la loi de Moïse (5). Les apôtres et les prêtres s’assemblèrent pour examiner cette question (6). Après qu’ils eurent beaucoup conféré ensemble, Pierre se leva, et leur dit : Frères, vous savez qu’il y a longtemps que Dieu m’a choisi parmi vous pour que les gentils pussent entendre de ma bouche la parole de l’Évangile et y croire (7) ». Observez que Pierre n’avait pas encore pris beaucoup de part à cette œuvre, et que, jusque-là, il était pour les coutumes judaïques. Cependant il dit : « Vous savez tous ». Peut-être, en effet, se trouvait-il là quelques-uns de ceux qui l’avaient accusé autrefois d’être allé chez Corneille, et aussi quelques-uns de ceux qui l’y avaient accompagné ; aussi invoque-t-il leur témoignage : « Il y a longtemps que Dieu m’a choisi ». Que veut-il dire quand il ajoute : « Parmi vous ? » Il parle des fidèles de Palestine, ou seulement de ceux qui sont présents. Quand il dit : « Par ma bouche », il montre que Dieu parle par sa voix et que son langage n’a rien d’humain. « Dieu qui connaît les cœurs, lui a rendu témoignage (8). ». Ainsi il les appelle à ce témoignage spirituel. « En leur, donnant le Saint-Esprit aussi bien qu’à nous ». Vous voyez que partout il met les gentils au niveau des Juifs. « Il n’a point fait de différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi (9) ». La foi à elle seule, dit-il, leur a donné tout ce que nous avons. Cela suffisait pour taire rentrer les Juifs en eux-mêmes. Il aurait pu leur apprendre aussi que la foi seule était nécessaire et dispensait des pratiques et de la circoncision, car il ne s’agissait pas seulement de soutenir la cause des gentils, mais de supprimer pour eux la loi de Moïse. Cependant on ne le dit pas encore. « Maintenant pourquoi tentez-vous Dieu en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons pu porter ? (10). Mais nous croyons que parla grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ nous serons sauvés aussi bien qu’eux ; (11) ». Que signifient ces mots : « Pourquoi tentez-vous Dieu ? » Ils veulent dire : Pourquoi manquez-vous de confiance en Dieu et le tentez-vous, comme s’il n’était pas capable de sauver par la foi ? Conserver l’ancienne règle, est une marque d’incrédulité. Ensuite il remarque qu’eux-mêmes ne l’ont point observée, mais il ne les en accuse point, car il n’en rejette pas la faute sur eux, mais sur la loi. « Ce joug que ni nos a pères ni nous-mêmes n’avons pu porter mais c’est par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous croyons devoir être sauvés aussi bien qu’eux ». Quelle puissance dans ces paroles ! Ce que Paul dit dans plusieurs passages de son épître aux Romains, Pierre le dit ici : « Si Abraham a été justifié par ses œuvres, il a de la gloire, mais non devant Dieu ». (Rom. 4,2) Vous voyez qu’il s’agissait encore plus de l’instruction des Juifs que de la défense des gentils. Même sans cette occasion, un pareil langage n’aurait peut-être pas paru suspect ; mais cette occasion étant donnée, c’était une raison de plus pour parler hardiment. Remarquez aussi tout ce qu’ils gagnent par les efforts de leurs adversaires : Sans cela ces choses n’eussent pas été dites, non plus que celles qui le furent plus tard. Les Juifs apprennent par là que quelles que soient leurs dispositions à l’égard des gentils, ils ne doivent pas s’opposer à leur conversion.
Mais étudions encore ce discours. « Il m’a choisi parmi vous, et depuis longtemps ». C’est-à-dire : Ma mission est ancienne et ne date pas d’aujourd’hui. Cette considération est importante quand il s’agit de se séparer, même des Juifs convertis : il soutient donc ses paroles par les circonstances de temps et de lieu. Le mot « il m’a choisi » est aussi fort juste : il ne leur parle pas seulement d’une volonté, mais d’un choix. Comment s’est-il manifesté ? Par le Saint-Esprit. Pierre montre aussi que ce qui s’est passé, témoigne non seulement de la grâce, mais aussi de la vertu des