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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/171

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gentils, et que Dieu n’a pas été plus avare envers ceux-ci qu’envers les juifs. « Il n’a fait », dit-il, « aucune différence entre eux et nous ». C’est donc le cœur qu’il faut chercher partout, et il dit avec raison : « Dieu qui connaît les cœurs, lui a rendu témoignage ». C’est la même pensée que plus haut : « Seigneur, qui connaissez les cœurs de tous les hommes, dirigez-nous »., (Act. 1,24) Et pour montrer que c’est bien là ce qu’il veut dire, voyez ce qu’il ajoute : « Il n’a fait aucune différence entre eux et nous ». Quand il parle du témoignage de Dieu en faveur des gentils, c’est un mot bien grave, tel que celui de Paul : « La circoncision n’a pas plus d’importance que le prépuce ». (1Cor. 7,19) Et aussi : « Afin de réunir les deux peuples en lui-même ». (Eph. 2,15) Tout cela est en germe dans le discours de Pierre. Il ne dit pas : Les circoncis ; mais : « Parmi nous » ; c’est-à-dire, parmi les apôtres. Pour ne pas les blesser, en disant qu’il n’y avait « aucune différence », il ajoute : « Dieu a purifié leurs cœurs par la foi », ce qui l’empêche de leur paraître suspect. Tout en supprimant ce qui pourrait choquer dans son langage, il finit par leur faire voir que l’ancienne loi était bonne, mais que les hommes étaient trop faibles pour la porter.
2. Cependant voyez ce qu’il y a de terrible dans la fin de son discours. Il ne s’appuie pas sur les prophéties, mars sur les faits présents dont ses auditeurs étaient témoins : En effet, ils les attestent, et ce qu’ils ont vu confirme ce qu’ils entendent. Observez aussi qu’il permet pour la première fois une discussion dans l’église, et qu’il y prend part. Et comme il ne dit pas des « circoncis », mais des « gentils » «(et ainsi, d’une part, il exprime plus fortement sa pensée par une insinuation, et, de l’autre, il met en doute que l’on puisse se sauver en suivant la loi), voyez comme il poursuit : il montre que les Juifs sont en danger, car ce que la loi ne peut faire, la foi le peut, et que, cette loi n’existant même plus, ils sont dans un péril inévitable. Il ne leur dit pas : Vous êtes infidèles, ce qui serait trop dur, surtout pour une cause déjà gagnée. Il n’y avait pas dé gentils à Jérusalem ; mais à Antioche il est clair qu’il y en avait. Aussi les apôtres y vont et y passent assez longtemps. Cela avait déplu à plusieurs pharisiens qui étaient encore possédés de leur ambition maladroite et qui voulaient dominer les gentils. Mais Paul était un savant docteur et il s’y opposa : quand il revint, les dogmes commençaient à se préciser. Car si les apôtres de Jérusalem n’avaient pas eu les exigences des pharisiens, Paul et Barnabé les avaient bien moins encore. Voyez comme ceux qui n’avaient pas cherché à dominer, se réjouissent maintenant dans leur foi. Ils n’allaient pas faire des récits pleins d’orgueil et d’ostentation, mais se justifier (le la prédication qu’ils avaient faite aux gentils aussi ne disent-ils rien de ce qui leur est arrivé avec les Juifs. Les pharisiens étaient bien obstinés, puisque, même après leur conversion, ils conservaient leurs usages et n’obéissaient pas aux apôtres. Mais pour ceux-ci, remarquez comme ils parlent avec douceur et sans déployer leur autorité : ce qui plaît fait toujours plus d’impression. Ne voyez-vous pas que ce qui agit, ce n’est pas la force de leurs paroles, mais celle de leurs actions, celle du Saint-Esprit ? Malgré de pareils soutiens, ils parlent doucement. On ne songeait pas à accuser ceux d’Antioche, mais cela en fournit l’occasion, tant était grand le désir de dominer chez ceux qui accusaient les apôtres, même sans les en prévenir. Ceux-ci ne firent rien de semblable ; mais après avoir exposé leur doctrine par leurs discours, ils la développèrent avec une nouvelle ardeur par leurs écrits. C’est toujours une chose admirable que la bonté : mais je dis la bonté et non l’indifférence, la bonté et non la flatterie. Tout cela ne peut se confondre.
Rien n’irritait Paul, non plus que Pierre. Si vous avez des preuves, pourquoi vous emporter ? Est-ce afin de les affaiblir ? car un homme en colère ne peut convaincre de rien. Hier, nous avons déjà parlé sur la colère, rien ne nous empêche d’en parler encore aujourd’hui, car les observations répétées feront peut-être plus d’effet. Un remède peut avoir une certaine influence pour guérir une blessure, mais si on ne l’emploie pas souvent, sa vertu disparaît. Parce que je reviens sur le même sujet, ne croyez pas que je désespère de vous ; s’il en était ainsi, je me tairais au contraire, si je vous parle, c’est que j’ai grande espérance de vous être utile. Plût au ciel que ces mêmes sujets fussent plus souvent traités dans nos entretiens, que toutes nos conversations, tous nos soins fussent employés à chercher les moyens de corriger nos vices ! N’est-ce pas, en effet, une opposition absurde ? Les