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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/177

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développements oratoires, ni syllogismes, mais seulement la décision, car c’était la loi du Saint-Esprit, et souvent ils répètent cette expression de chargé pénible.
Les envoyés « assemblèrent les fidèles et leur remirent la lettre ». En outre, ils les exhortèrent par leurs discours, ce qui était nécessaire afin d’écarter tout soupçon. « Étant eux-mêmes prophètes, ils exhortèrent les frères par plusieurs discours ». On vit alors combien Paul était digne de foi. Sans doute ses paroles auraient dû suffire, mais il avait besoin d’un pareil appui. « Après être demeurés là quelque temps, ils retournèrent en paix ». Il n’y a plus de sédition, d’opposition. Il semble que tous se soient donné la main, comme le dit Paul : « Ils nous donnèrent la main en signe d’union à Barnabé et à moi » (Gal. 11, 9) ; et aussi. « Ils ne m’ont rien appris de nouveau ». (Id. 6) En effet, ils avaient approuvé son avis, l’avaient loué et admiré ! Ici il montre que sa doctrine pouvait se démontrer par des raisonnements humains et que le Saint-Esprit n’était pas indispensable pour cela ; enfin que ses adversaires avaient commis une faute difficile à excuser, comme on le reconnaissait sans l’intervention du Saint-Esprit. Il montre que les autres prescriptions ne sont pas nécessaires ; donc elles sont superflues, puisque celles-ci sont les seules indispensables. « Vous ferez bien de vous abstenir de ces choses ». Cette parole montre que rien ne leur manquera, s’ils observent cette défense. Cela pouvait se dire seulement de vive voix, mais les apôtres envoyaient une lettre pour établir une loi écrite. Puis, afin d’assurer l’obéissance à cette loi, on la lut aux fidèles qui de leur côté s’y soumirent en paix. Ne nous scandalisons pas des hérésies. Dans les commencements de la prédication, voyez combien de scandales : je ne dis pas chez les infidèles, cela n’était rien, mais chez les fidèles eux-mêmes. D’abord Ananie, puis des murmures, après cela Simon le Magicien, puis les accusations contre Pierre à propos de Corneille, ensuite la famine, et enfin cette discussion qui était plus grave que tout le reste.
En effet, il ne peut se faire aucun bien sans que quelque mal ne s’y mêle. Ne nous troublons donc pas si nous voyons quelques scandales, mais rendons grâces à Dieu qui cherche à nous rendre meilleurs, car la vertu est souvent rehaussée, non seulement par les tribulations, mais aussi par les tentations. En : effet, on ne montre pas un grand amour pour la vérité quand on la possède sans que personne vous en détourne ; mais cet amour éclate si beaucoup de personnes cherchent à vous induire en erreur. Eh quoi ! est-ce pour cela qu’arrivent les scandales ? Je ne dis pas que Dieu en soit l’auteur, loin de là ; mais il ne les aurait jamais permis si la perversité des autres ne lui avait servi à nous perfectionner. « Accorde-leur de ne faire qu’un ». (Jn. 17,24) Quand il arrive des scandales, cela ne nuit pas aux fidèles, mais plutôt leur est utile. C’est ainsi que les bourreaux sont les bienfaiteurs involontaires des martyrs ; pourtant ce n’est pas Dieu qui excite leur fureur ; de même ne nous inquiétons pas de ceux qui causent du scandale. Ce qui prouve l’excellence de la foi, c’est le nombre de ceux qui l’affectent et la contrefont ; sans la beauté de la religion, il n’y aurait, pas d’hypocrisie ; je vais vous le faire voir clairement.
4. On cherche toujours à falsifier les parfums ; comme par exemple les feuilles d’amome ; comme ces parfums sont rares et indispensables, on les contrefait de bien des façons, car personne ne voudrait imiter une chose qui n’aurait pas de valeur. L’aspect d’une vie pure provoque l’hypocrisie, car personne ne chercherait à ressembler à un méchant, mais plutôt à un solitaire. Que faut-il dire aux gentils, tels que les Grecs ? Un Grec se présente et dit : Je veux me faire chrétien, mais je ne sais à quoi m’arrêter ; chez vous, il y a bien des disputes, des révoltes, des discussions tumultueuses ; quelle secte faut-il embrasser ? Que choisirai-je ? Chacun me répond : c’est moi qui dis la vérité ! Lequel croirai-je, moi qui n’entends rien aux Écritures ? Chaque secte, lui répondrons-nous, prétend s’appuyer sur les Écritures, et nous aussi, assurément ; car si nous prétendions vous convaincre par de simples raisonnements, cela vous étonnerait avec raison : au contraire, si"nous vous disons de croire aux Écritures dans leur simplicité et leur vérité, vous jugerez facilement que celui qui les accepte est chrétien, et que celui qui les repousse ne l’est pas. Mais qu’arrivera-t-il si quelqu’un vient vous expliquer l’Écriture à sa manière ? Pourrez-vous soutenir un autre sens et discuter les deux interprétations ? Votre question, me répondrez-vous, n’est pas raisonnable