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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/178

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ni judicieuse ; comment pourrais-je décider pour ou contre vous ? Je veux être disciple et vous me supposez déjà docteur. – Si quelqu’un nous tient ce langage, que lui répliquer ? Comment le convaincre ? S’il ne dit pas cela comme faux-fuyant et prétexte, demandons-lui s’il condamne les païens. Sa réponse nous suffira ; s’il les condamne, il est des nôtres. Demandons-lui pourquoi il les condamne, car il a une raison pour cela. C’est, répondra-t-il évidemment, parce que leurs divinités étant des créatures, ne sont pas le Dieu incréé. Fort bien. S’il trouve ce même caractère chez les hérétiques, et l’opposé chez nous, est-il besoin d’en dire davantage ? Tous nous confessons que le Christ est Dieu. Mais voyons ceux qui sont conséquents avec eux-mêmes et ceux qui ne le sont pas. Pour nous, en disant que le Christ est Dieu, nous ne lui attribuons rien qui ne soit digne de Dieu, nous disons qu’il possède la puissance, qu’il n’est pas esclave, mais libre, et qu’il fait tout de lui-même ; l’hérétique dit tout le contraire. Je lui demanderai encore : votre intention, en étudiant une science telle que la médecine, est-elle simplement de recueillir au hasard tout ce qui se dit, malgré les différences d’opinion ? Vous n’admettrez pas sans examen tout ce que l’on vous dira, cela ne serait pas digne d’un homme ; si vous avez du bon sens et du jugement, vous ne croirez que ce que vous saurez être vrai. Or, nous annonçons le Fils de Dieu, et nos discours s’accordent avec cette prétention ; nos adversaires disent aussi qu’ils l’annoncent, mais le même accord n’existe pas. Pour parler plus clairement, ils ont des hommes dont ils portent le nom ; je veux parler du nom des hérésiarques, et chaque, hérésie a le sien ; pour nous, aucun homme ne nous a donné son nom ; le nôtre rie vient que de la foi.
Mais votre hésitation n’est qu’un prétexte. Dites-moi, quand vous voulez acheter un habit, sans vous connaître aux étoffes, pourquoi cependant ne dites-vous pas : Je ne sais point acheter, on me tromperait ? Ne faites-vous pas au contraire tout ce qu’il faut pour en juger ? Quelque soit l’objet que vous veuillez acheter, vous prenez toutes vos précautions ; mais ici, vous parlez de manière à faire croire que vous ne voulez embrasser aucune secte chrétienne, Eh bien ! supposons un homme qui n’ait pas de religion du tout, et imaginons qu’il dise en général ce que vous dites des chrétiens en particulier : Il y a une infinité d’hommes, et ils ont des opinions diverses : l’un est païen, l’autre juif, un troisième chrétien ; il ne faut admettre aucune croyance, car comment choisir entre ces dogmes qui se contredisent ? Je suis disciple, je ne veux pas être juge ni condamner aucune opinion. On ne pourrait plus dire cela, même comme prétexte. Puisque vous avez su repousser les religions fausses ou altérées, vous saurez aussi, dans la véritable, reconnaître la meilleure foi. Pour celui qui n’a encore repoussé aucun dogme, le choix général sera facile ; celui qui a fait ce premier pas, mais qui n’a pas encore déterminé son choix particulier, y sera conduit naturellement et peu à peu. Ne cherchons pas de détours ni de prétextes ; tout cela est facile. Voulez-vous que je vous montre que tous ces retards sont des prétextes ? Vous savez ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire ; pourquoi donc ne faites-vous point ce qu’il faut, mais au contraire ce qu’il ne faut pas ? Agissez tout autrement, puis interrogez Dieu de bonne foi, et il vous révélera tout. « Dieu n’a point égard aux personnes » (Act. 10,34) ; mais dans toute nation, celui qui le craint et qui pratique la justice est accepté par lui. Celui qui l’écoute sans préjugé, ne peut manquer d’être convaincu. S’il existait une longueur à laquelle on dût tout rapporter, il n’y aurait pas besoin de calculer, il serait facile de reconnaître ceux qui mesurent bien ou mal ; c’est ce qui existe pour la religion. Comment ne le voit-on pas ? Cela tient à bien des causes : aux préjugés et aux passions humaines. Mais, observera-t-on, nos adversaires en disent autant contre nous. Eh quoi ? nous sommes-nous séparés de l’Église ? Avons-nous des hérésiarques ? Avons-nous pris notre nom d’un homme ? Avons-nous, à leur exemple, des chefs, tels que Marcion, Manicheus, Arius, ou tout autre pro, moteur d’hérésie ? Si nous nous rattachons à quelques noms, ce n’est pas à ceux des sectaires, mais à ceux des hommes qui ont gouverné et dirigé l’Église. Nous n’avons point de maîtres sur la terre, à Dieu ne plaise ! Mais un seul qui est au ciel. Telle est aussi, dira-t-on, la prétention de nos adversaires, mais ils ont leur nom qui les accuse et leur ferme la bouche. Les gentils aussi étaient d’opinions diverses, il y avait différentes écoles de philosophes, mais cela