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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/181

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malades, et il montre la nécessité de visiter encore les villes « où ils ont annoncé la parole du Seigneur ». Barnabé s’est éloigné et ne l’accompagne plus. « Paul choisit Silas et fut abandonné à la grâce de Dieu ». Que signifie cela ? C’est que les frères prièrent et invoquèrent Dieu pour lui. Vous voyez partout combien la prière des frères est puissante. Il fit la route à pied, afin de pouvoir être utile à tous ceux qui le voyaient, et cela se comprend quand les apôtres devaient se hâter, ils voyageaient par mer ; mais ici il en était autrement : « Il rencontra un disciple, nommé Timothée, fils d’une femme juive fidèle et d’un père gentil. Les frères qui étaient à Lystre et à Icone, rendaient un témoignage avantageux de, ce disciple (2). Paul voulut donc qu’il vînt avec lui ; et l’ayant pris, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ; car tous savaient que son père était gentil (3) ».
Ici l’on doit être frappé de la sagesse de Paul. Lui qui avait soutenu tant de luttes contre la circoncision, qui n’avait eu ni trêve ni repos avant d’avoir tout réglé et fait triompher son opinion, le voilà qui circoncit un disciple ! non seulement il ne s’oppose point à cet usage, mais il le pratique lui-même. Rien n’égalait la prudence de Paul ; il agissait toujours pour le bien et non d’après un parti pris. « Il voulut qu’il vînt avec lui ». Admirez cette précaution de l’emmener, « à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ». Voilà pourquoi il l’a circoncis, car les Juifs n’auraient jamais accepté la parole de Dieu de la bouche d’un incirconcis. Et qu’en résulta-t-il ? Voyez quel avantage ! Cette circoncision tendait à détruire la circoncision, puisque le nouveau fidèle devait prêcher les dogmes des apôtres. – Voyez une contradiction, et une contradiction qui produit l’édification. Ce n’est plus avec d’autres qu’ils sont en lutte : ils se contredisent eux-mêmes, et c’est pour édifier l’Église. Ainsi, voulant supprimer la circoncision, Paul la pratique pour mieux la supprimer. « Les Églises croissaient en nombre de jour en jour (5) ». Voilà à quoi servait la circoncision. Il ne s’arrête pas là, puisqu’il venait seulement pour visiter ; mais que fait-il ? Il va plus loin. « Allant de ville en ville, ils donnaient pour règle aux fidèles de garder les ordonnances qui avaient été établies par les apôtres et par les prêtres de Jérusalem (4).
« Aussi les Églises étaient confirmées dans la foi, et croissaient en nombre de jour en jour (5). Lorsqu’ils eurent traversé la Phrygie et la Galatie, le Saint-Esprit leur défendit d’annoncer la parole de Dieu en Asie (6). Étant venus en Mysie, ils se disposaient à passer en Bithynie, mais l’Esprit ne le permit pas (7) ». L’auteur ne dit pas pourquoi ces défenses leur furent imposées, il se contente de les rapporter, ce qui nous apprend qu’il faut obéir sans en rechercher la raison, et nous montre aussi que souvent ils agissent d’après la sagesse humaine. « Ils passèrent ensuite la Mysie, et descendirent à Troade (8). Paul eut une vision pendant la nuit : un Macédonien lui apparut et lui fit cette prière : Passez en Macédoine et secourez-nous (9) ». Pourquoi cette vision, et pourquoi le Saint-Esprit ne commanda-t-il pas lui-même ? C’est qu’il voulait aussi exercer son influence de cette manière. Souvent les saints sont visités par des songes, et saint Paul lui-même, au commencement de sa conversion, vit apparaître un homme qui lui imposait les mains. Actuellement, le Saint-Esprit l’entraîne, parce moyen, à étendre davantage sa prédication. C’est pour cela que, d’après l’ordre du Christ lui-même, Paul ne doit pas s’arrêter dans d’autres villes.
En effet, les habitants de ces contrées devaient sans doute être instruits encore longtemps par Jean et n’avaient peut-être pas besoin d’autres secours : aussi Paul n’avait-il pas besoin d’y rester. Il partit donc pour continuer son voyage. « Aussitôt qu’il eut eu cette vision, nous nous disposâmes à passer en Macédoine, ne doutant point que Dieu ne nous appelât, pour y prêcher l’Évangile (10). Nous étant donc embarqués à Troade, nous vînmes droit à Samothrace et le lendemain à Néapolis (11). De là à Philippes, qui est la première colonie romaine qu’on rencontre de ce côté-là, en Macédoine, où nous demeurâmes quelques jours (12) ». C’est ainsi que plus tard le Christ lui apparaît et lui dit : « Il faut que tu te présentes devant César ». (Act. 27,24) Ensuite il rapporte les lieux où il passe, il détaille son récit, et indique où il s’est arrêté : il a séjourné dans les villes importantes et a seulement traversé les autres la colonie établie dans une ville en montrait l’importance.
Mais revenons à ce qui précède. Paul montre à Barnabé leur départ comme indispensable,