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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/182

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en lui disant : « Visitons les villes où nous avons annoncé la parole de Dieu ». Cependant, devait-il prier celui qu’il devait bientôt réprimander ?
4. C’est ce qui se passe encore entre Dieu et Moïse. L’un supplie et l’autre s’irrite, comme quand il dit à Moïse : « Si son père lui avait craché à la figure » (Nb. 12,14) ; et aussi : « Laisse-moi faire et dans ma colère je détruirai ce peuple ». (Ex. 32,10) C’est ce que l’on voit aussi lorsque Samuel pleure Saül. (1Sa. 15,35) Dans ces circonstances d’où résultent tant d’avantages, l’un est irrité, l’autre ne l’est point ; c’est ce que nous voyons ici. Du reste, cette contestation a sa raison d’être pour qu’elle soit profitable et n’ait pas l’air d’une fiction. Barnabé aurait fini par, céder dans cette occasion, lui qui cédait d’ordinaire, lui qui aimait Paul au point qu’il l’avait cherché à Tarse et présenté aux apôtres, qu’il avait confondu leurs aumônes et soutenu ses dogmes. Il ne se serait point fâché dans cette circonstance, mais tous deux se séparent pour commencer ou achever l’instruction de ceux qui avaient besoin de leurs leçons ; c’est ce que Paul dit encore plus loin : « Ne vous fatiguez jamais de faire le bien ». (2Thes. 3,13) Dans ce passage il y a des gens qu’il blâme, et en même temps il recommande de faire du bien à tout le monde. C’est aussi ce que nous avons l’habitude de vous dire. Ici encore il me semble que certaines personnes en voulaient à Paul ; du reste, en les mettant à part, il fait tout, il avertit, il exhorte. Il y a une grande puissance dans la concorde, dans la charité ; ce que vous demandez est très-important, et vous ne l’êtes guère ; n’importe, on écoutera toujours votre demande ; ne craignez rien. « En passant dans les villes, il rencontra un disciple, nommé Timothée, dont les frères, qui étaient à Lystre et à Icone, rendaient bon témoignage ». La foi de Timothée était grande, puisque tout le monde en rendait un pareil témoignage. Paul trouva en lui un autre associé pour remplacer Barnabé. Aussi lui dit-il : « Je me souviens de tes larmes et de ta foi sincère qu’ont eue d’abord ton aïeule Loïde et ta mère Eunice ». (2Tim. 4,5) Lorsqu’il le prit et le circoncit », il en dit la raison : c’était « à cause des Juifs qui étaient dans ces lieux-là ». Voilà pourquoi il le circoncit, ou bien encore à cause de son père qui ne s’était pas séparé des gentils, et qui, par conséquent, n’était pas circoncit. Voilà déjà, comme vous le voyez, une dérogation à la loi. Quelques personnes pensent que Timothée était né après la prédication de l’Évangile, mais cela n’est pas certain. « Depuis l’enfance », lui dit Paul, « tu connais les saintes Écritures ». Ces mots signifient peut-être encore qu’il voulait l’instituer évêque, et qu’il ne pouvait rester incirconcis. En effet, cette obligation n’existait plus pour les gentils qui se convertissaient : c’était là un grand pas de fait que d’avoir écarté un sujet de scandale aussi ancien. On commençait à abroger cette coutume en décidant que les gentils pouvaient s’en abstenir sans qu’on les blâmât, et sans qu’il leur manquât rien pour la religion ; le reste devait venir tout seul, Cependant comme Timothée devait exercer la prédication, Paul le circoncit, quoiqu’il fût gentil par son père et fidèle par sa mère. Du reste, Paul ne s’inquiéta pas de cette circonstance, parce que l’œuvre immense qu’il accomplissait regardait les gentils ; mais il pratiqua cette circoncision, parce que Timothée devait répandre la parole du Seigneur. Observez ici tout le bien qu’il accomplit quand il semble se contredire. « Les églises se multipliaient ». Vous voyez que cette circoncision, non seulement n’a fait aucun mal, mais, a procuré même de grands avantages.
« Aussitôt qu’il eut eu cette vision, nous nous disposâmes à passer en Macédoine, ne donnant point que Dieu nous y appelât ». Cette apparition n’était pas celle d’un ange, comme à propos de Philippe et de Corneille : qu’était-ce donc ? Cette vision rentre dans l’ordre naturel et non dans l’ordre surnaturel. Les manifestations naturelles ont lieu pour des ordres faciles à suivre : celles qui sont surnaturelles interviennent pour des devoirs plus pénibles. Un songe suffisait pour le retirer d’une ville où il voulait prêcher ; mais, quand ce désir était devenu une passion, il n’en pouvait être détourné que par une révélation du Saint-Esprit. C’est ainsi que, Pierre entendit ces mots : « Lève-toi, et descends ». (Act. 10,20) Ainsi le Saint-Esprit ne se manifeste pas lui-même quand il s’agit de choses faciles : il suffit d’un songe. Joseph ; qui était facile à persuader ne voit rien qu’en songe ; d’autres ont une véritable vision. C’est ce qui était arrivé à Corneille et à Paul lui-même. Mais ici, « il lui apparaît un Macédonien, qui le priait ainsi ».