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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/199

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est-il dit : « Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était irrité en voyant l’attachement de cette ville à l’idolâtrie ». Son irritation était juste, car nulle part on ne voyait tant d’idoles. « Il parlait donc dans la synagogue avec les Juifs et ceux qui craignaient Dieu, et aussi dans la place avec ceux qui s’y rencontraient ». Vous le voyez, il discute encore avec les Juifs pour fermer complètement la bouche à ceux qui le représentaient comme se vouant aux gentils à l’exclusion des Juifs. Quant aux philosophes, il est étrange qu’en l’entendant parler ainsi ils n’aient pas commencé par le mépriser et repousser ses prédications en disant : Cela ne ressemble pas à la philosophie. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que lui-même ne montrait aucun orgueil ; car, du reste, ils ne pouvaient rien comprendre ni rien sentir de tout ce qu’il leur disait. Comment l’eussent-ils compris, puisque les uns faisaient Dieu matériel, et que les autres faisaient consister le souverain bien dans le plaisir : « Il y eut aussi quelques philosophes épicuriens et stoïciens qui conférèrent avec lui, et les uns disaient : Qu’est-ce que veut dire ce discoureur ? et les autres : « Il semble qu’il prêche de nouveaux dieux ; à cause qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection (18) » ; car ils pensaient que la résurrection était une certaine divinité, puisqu’ils adoraient aussi des déesses. « Enfin, ils le prirent et le menèrent à l’Aréopage, en lui disant : Pourrions-nous savoir de vous quelle est cette nouvelle doctrine que vous nous publiez (19) ? Car vous nous dites de certaines choses dont nous n’avons pas encore ouï parler. Nous voudrions donc bien savoir ce que c’est (20) ». Ils le menèrent à l’Aréopage, non pour s’instruire, mais pour le punir, car c’était là que se jugeaient les affaires capitales. Remarquez comme, sous prétexte de s’instruire, ils accusent la nouvelle doctrine afin de la détruire. Du reste, c’était la ville des bavards.
« Or tous les Athéniens, et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne passaient leur temps qu’à dire et à entendre quelque chose de nouveau (21). Paul, étant donc au milieu de l’Aréopage, leur dit : Athéniens, il me semble qu’en toutes choses vous êtes religieux jusqu’à l’excès (22) ; car, ayant regardé en passant les statues de vos dieux, j’ai trouvé aussi un autel, sur lequel il est écrit : « Au Dieu inconnu. C’est donc ce Dieu que vous adorez sans le connaître, que je vous annonce (23) ». Il semble ne rien leur dire de désagréable et même faire leur éloge. « Je vois que vous êtes religieux jusqu’à l’excès », c’est-à-dire, extrêmement pieux. Mais cet autel où était écrit : « Au Dieu inconnu », qu’était-ce donc ? Les Athéniens, à plusieurs époques, avaient admis beaucoup de dieux et même ceux de l’étranger. Ils avaient le temple de Minerve, celui de Pan, et d’autres divinités qui leur étaient venues de tous côtés ; mais ils craignaient qu’il n’y en eût quelqu’une qui leur fût inconnue et qui fût adorée quelque part ; aussi, pour plus de sûreté, ils lui avaient élevé un autel ; mais comme ils ne savaient quel était ce Dieu, ils avaient mis cette inscription : « Au Dieu inconnu ». Paul dit que c’est Jésus-Christ, ou plutôt le Dieu de l’univers. « Celui que vous adorez sans le connaître, c’est celui que je vous annonce ». Voyez comme il leur montre qu’ils l’ont déjà accepté : Je ne vous apporte, dit-il, rien d’étranger, rien de nouveau. Car les autres lui disaient sur tous les tons. « Quelle est cette nouvelle doctrine que vous nous publiez, car vous nous dites de certaines choses dont nous n’avons pas encore ouï parler ». Il détruit aussitôt leur soupçon, puis il ajoute : « Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans ce monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre (24) ». Ensuite, pour qu’on ne s’imagine pas que ce Dieu soit la première divinité venue, il complète en disant : « Il n’habite point dans des temples bâtis par les hommes ; il n’est point honoré par les ouvrages des mains de « l’homme, comme s’il avait besoin de quelqu’un ». Voyez comme il arrive peu à peu à discuter la philosophie et à railler les erreurs des gentils. Il donne à tous la vie, la respiration et toutes choses. « Il a fait naître d’un sang unique toute la race des hommes, et leur a donné pour demeure toute l’étendue de la terre (26) ». Tels sont les attributs de Dieu ; mais voyez s’ils ne conviennent pas aussi à son Fils : « Le Seigneur », dit-il, « du ciel et de la terre », que les païens regardaient comme des dieux. Il parle de la création et des hommes. « Il a marqué des époques précises et des limites à chaque peuple, afin qu’ils cherchassent Dieu et qu’ils tâchassent de le trouver comme sous leur main et à tâtons, quoiqu’il ne soit pas loin