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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/200

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de chacun de nous (27). Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ; et comme quelques-uns de vos poètes l’ont dit : Nous sommes même la race de Dieu (28) ». C’est ce que dit le poète Aratus. Voyez quelle démonstration il leur donne d’après ce qu’ils avaient fait et dit eux-mêmes. « Puisque nous sommes la race de Dieu, nous ne devons donc pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, dont l’art et l’industrie des hommes ont fait des figures (29) ». Mais pourrait-on dire : C’est précisément pour cela que nous devons le croire semblable à une statue d’or ou d’argent. Point du tout ; car nous n’y ressemblons point nous-mêmes, et surtout nos âmes. Pourquoi n’a-t-il pas aussitôt employé le langage philosophique, et n’a-t-il pas dit Dieu est de nature incorporelle, invisible et sans figure ? Parce qu’il semblait inutile de parler ainsi à des hommes qui ne savaient pas encore que Dieu était unique. Aussi, laissant cette question, il insiste sur ce qu’il a déjà examiné, et dit : « Dieu, méprisant ces temps d’ignorance, fait maintenant annoncer à tous les hommes, et en tous lieux, qu’ils se convertissent (30), parce qu’il a arrêté un jour auquel il doit juger le monde, selon la justice, par celui qu’il a destiné à être juge ; ce dont il a donné à tous les hommes une preuve certaine en le ressuscitant d’entre les morts ». Vous voyez qu’il avait ébranlé leurs âmes par ce mot : « Il a arrêté un jour » ; ce qui les avait terrifiés ; puis il trouve l’occasion d’ajouter : « En le ressuscitant d’entre les morts ».
Mais revenons à ce qui précède. « Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était irrité ». Cette irritation ne signifie pas de la colère ou de l’indignation, mais de la vigilance et du zèle ; de même que dans le passage où il est dit : « Il y eut entre eux une contestation ». (Act. 15,39)
2. Observez que c’est la Providence qui a permis qu’il fût, malgré lui, obligé d’attendre ses compagnons. Le mot « d’agitation » montre seulement sa sollicitude, mais, je le répète, sa vigilance était loin de ressembler à la colère et à l’indignation. Il ne pouvait supporter ce qu’il voyait, mais il en souffrait. « Il discutait donc dans la synagogue avec les Juifs et ceux qui craignaient Dieu ». Vous le voyez discutant encore contre les Juifs ; quant à ceux qui craignaient Dieu, il entend par là les prosélytes. Car les Juifs étaient dispersés de tous côtés depuis la venue du Christ ; ainsi la loi tombait, et en même temps leur présence exhortait les hommes à la piété. Quant à eux, ils n’y gagnaient rien, sinon de multiplier les témoignages de leurs malheurs. « Quelques philosophes épicuriens et stoïciens discutaient avec lui ». Les Athéniens ne jouissaient plus de leurs lois, puisqu’ils étaient soumis aux Romains. Alors, de quoi et pourquoi voulaient discuter ces philosophes ? Parce qu’ils en voyaient d’autres qui discutaient avec Paul et qui avaient de la considération pour lui. Mais observez qu’ils commencent par parler d’une manière offensante : « L’homme animal ne comprend pas ce qui vient de l’Esprit ». (1Cor. 2,14) « Il semble », disent-ils, « annoncer de nouveaux démons ». Ils donnaient à leurs divinités le nom de démons, car leurs villes étaient pleines d’idoles. Ils le prirent et le conduisirent devant l’Aréopage ». Pourquoi devant l’Aréopage ? Pour l’effrayer, car c’était là qu’on jugeait les affaires capitales. « Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que vous publiez, car vous nous dites des choses que nous n’avons jamais entendues. Or, tous les Athéniens et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne passaient leur temps qu’à dire ou à entendre quelque chose de nouveau ». Cela montre que tout ce peuple, qui n’était occupé qu’à parler et à écouter, regardait cependant cette doctrine comme nouvelle, parce qu’il ne l’avait jamais entendu expliquer. « Paul étant donc au milieu de l’Aréopage ; leur dit : Athéniens, il me semble qu’en toutes choses vous êtes religieux jusqu’à l’excès. En passant j’ai vu vos statues ». Il ne dit pas encore : vos démons, mais il s’y prépare ; quand il dit qu’ils sont « religieux à l’excès », c’est pour parler de cet autel. « C’est Dieu », dit-il, « qui a fait le monde et tout ce qu’il contient ». D’un seul mot il renverse tous les dogmes des philosophes. En effet, les épicuriens disaient que l’univers s’était formé de lui-même par une réunion d’atomes ; les stoïciens prétendaient que tout était matériel et périrait par une conflagration. Mais Paul leur dit : le monde, avec tout ce qu’il contient, est l’œuvre de Dieu. Voyez quelle brièveté et, en même temps, quelle clarté ! Remarquez aussi que c’était pour eux une chose étrange que l’idée du