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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/201

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monde créé par Dieu. Ce que le premier venu sait maintenant était ignoré des Athéniens et des savants parmi les Athéniens. S’il a tout fait, il est, clair qu’il est aussi le maître de tout. Vous voyez que Paul réunit ainsi les qualités de Dieu et de Créateur ; elles s’appliquent aussi au Fils. Les prophètes disent partout que l’attribut principal de Dieu est, en effet, la création ; mais les païens séparaient les idées de Créateur et de Seigneur, parce qu’ils croyaient la matière incréée. Enfin Paul n’expose et n’établit ses idées que d’une manière voilée, mais il corrige celle des païens. « Dieu n’habite pas », dit-il, « des temples bâtis par les hommes ». Il habite en effet des temples, mais bien différents, qui sont les âmes des hommes ; aussi a-t-il supprimé le culte matériel.
Eh quoi ? N’habitait-il pas le temple de Jérusalem ? Non, sans doute, mais il s’y manifestait. Pourquoi donc était-il honoré par les mains de l’homme chez les Juifs ? Ce n’était pas par leurs mains, mais par leurs esprits ; car il ne recherchait pas le culte matériel comme s’il en avait eu besoin. « Est-ce que je mangerai », dit-il, « la chair des taureaux, ou que je boirai le sang des boucs ? » (Ps. 49,13) Paul avait dit : « Il n’est point honoré par les ouvrages de la main des hommes comme s’il avait besoin de rien » ; mais ce n’était pas assez ; c’est là un attribut de la divinité, mais il fallait en indiquer d’autres. Aussi il ajoute : « C’est lui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses ». Il expose ainsi deux caractères de la divinité ; n’avoir besoin de personne et donner à tous. Comparez à cela la philosophie de Platon ou celle d’Epicure, et vous verrez combien elles sont frivoles. « Il a donné la vie et la respiration ». Vous voyez qu’il n’a pas engendré, mais créé notre âme. Remarquez encore comment il tranche la question dé la matière : « Il a fait d’un sang unique toute la race humaine, et lui a donné pour demeure toute l’étendue de la terre ». Voilà une théorie bien supérieure à celle des atomes et de la matière éternelle. Elle montre que ni le corps ni l’âme de l’homme ne sont dus à une agrégation fortuite ; c’était là ce que disaient les païens en prétendant qu’il n’y avait pas de création. Lorsque Paul dit que Dieu ne veut pas être honoré par les mains des hommes, il sous-entend qu’il veut l’être par leur esprit et leurs pensées. « C’est », dit-il, « le maître du ciel et de la terre ». Il n’y a donc pas de divinités spéciales. « Dieu a fait le monde et tout e qu’il contient ». Après avoir montré comment le monde a été fait, il déclare que Dieu n’habite pas des temples faits de la main des hommes ; c’est comme s’il disait : Si c’est Dieu, il est clair qu’il a tout créé ; s’il n’a point créé, il n’est pas Dieu. Les dieux, dit-il, qui n’ont pas fait le ciel et la terre, doivent périr. Il expose des dogmes bien supérieurs à tout ce que l’on connaissait (quoiqu’il ne révèle pas toutes les grandes vérités, car le temps n’était pas encore venu, et il parlait comme à des enfants) ; du moins il explique le Dieu créateur, souverain et indépendant.
3. En disant qu’il avait fait venir le genre humain d’un sang unique, il fait voir qu’il est l’auteur de tous les biens. Est-il rien d’aussi sublime ? Que Dieu ait fait tous les hommes avec un seul, cela est admirable ; mais qu’il les contienne tous en lui-même, cela est bien plus admirable encore. « Il donne à tous le souffle et la vie ». Mais que veulent dire ces mots : « Il a marqué des époques précises et des limites d’habitation à chaque peuple, afin qu’ils cherchent Dieu et qu’ils tâchent de le trouver, comme avec la main et à tâtons ». Tout le monde, veut-il dire, n’est pas dans la nécessité de chercher Dieu ; il est vrai que Dieu a ordonné de le chercher ; mais ce n’est pas en tout temps, c’est seulement à des époques prescrites. Ces paroles signifient seulement que ceux même qui l’avaient jusque-là cherché parmi eux ne l’avaient pas trouvé, quoique sa présence fût aussi manifeste que si l’on pouvait le toucher. Car, en réalité, on ne peut pas dire que le ciel soit d’un côté et qu’il ne soit pas de l’autre, qu’il soit visible à une époque et non à une autre. Il est facile à trouver à toute époque et dans tout pays ; Dieu a voulu qu’on pût le chercher sans être arrêté par les obstacles de temps et de lieux. Mais cette doctrine, que le royaume des cieux existait partout et en tout temps, n’aurait été profitable pour ces gens-là que s’ils avaient voulu l’appliquer. Aussi Paul ajoute : « Quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous », mais qu’il soit près de tout le monde. C’est comme s’il disait : non seulement Dieu nous a donné la respiration, la vie, et tout en un mot ; mais, ce qui est le comble de, ses bienfaits, il s’est fait connaître à nous, il nous a accordé de pouvoir