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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/203

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4. Voyez comme il les détourne de la pluralité des dieux : « Parce qu’il a arrêté un jour dans lequel il doit juger le monde selon la justice », il parle encore du monde pour indiquer les hommes, « par celui qu’il a marqué en le ressuscitant des morts ». Observez qu’il atteste la passion, par cela même qu’il rappelle la résurrection. La vérité du jugement est prouvée par la résurrection dont elle est la conséquence nécessaire, et la vérité de toutes ces paroles était démontrée, puisqu’il s’était relevé du tombeau. En effet, tout le monde étant convaincu qu’il était ressuscité des morts, on devait aussi croire tout le reste. Voilà ce que l’on disait aux Athéniens et ce qu’il faudrait aussi nous dire ; savoir : que nous devrions tous faire pénitence, parce que Dieu a marqué un jour où il jugera le monde. Voyez quel juge il nous donne, rempli de providence, de bonté, de miséricorde, de puissance, de sagesse, enfin réunissant toutes les qualités du Créateur. Ses paroles ont prouvé qu’il était ressuscité des morts. Faisons donc pénitence, puisque le jugement est inévitable. Si le Christ n’est pas ressuscité, nous ne serons pas jugés ; s’il est ressuscité, nous serons certainement jugés. « Il est mort pour commander aux vivants et aux morts. (Rom. 14,9) » « Nous serons tous présents devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rémunéré a d’après ses actions ». (Id. 10, et 2Cor. 5,10) Ne pensez pas que ce soient là des paroles en l’air : il s’agit de la résurrection universelle, car c’est ainsi que se fera le jugement. Ces mots : « En le ressuscitant des morts », s’appliquent au corps ; c’est lui qui était mort, qui avait succombé. Chez les païens, on rejette également la création et le jugement ; on les regarde comme des contes d’enfants ou comme les folies de l’ivresse. Mais nous qui en sommes profondément convaincus, profitons-en, et efforçons-nous d’être les serviteurs du Christ. Jusques à quand serons-nous ses ennemis ? Jusques à quand le repousserons-nous ? Vous vous écriez : Nous en sommes loin ; pourquoi ce langage ? Je me garderais bien de le dire si vous ne le faisiez pas, mais à quoi servirait de me taire quand les faits parlent aussi clairement ? Comment parviendrons-nous à l’aimer ? Je l’ai dit mille fois, mais je vais le répéter encore : il me semble avoir trouvé pour cela une méthode puissante et infaillible. Après avoir réfléchi aux bienfaits que nous avons reçus de Dieu en commun avec tous les hommes, et qui sont trop importants et trop nombreux pour que nous puissions les compter ; après en avoir rendu grâces à Dieu, songeons à tous les bienfaits que chacun de nous a reçus, et rappelons-les tous les jours à notre mémoire. Comme ils font sur nous plus d’effet que les autres, chacun de nous doit les méditer et examiner avec soin s’il n’a pas évité quelque danger, échappé à ses ennemis, enfin s’il n’a pas quelques bienfaits inscrits à son compte sui le livre de Dieu :.par exemple, s’il n’a pas été soustrait à quelque péril en sortant avant le jour, s’il n’a pas triomphé de l’attaque de quelques malfaiteurs, s’il n’a pas été guéri d’une maladie dont tout le monde désespérait ; toutes ces pensées ont une grande influence pour nous rendre Dieu propice. Si Mardochée, du moment que le roi se rappela le service qu’il lui avait rendu, fut récompensé par ce souverain au point de partager sa grandeur, nous serons récompensés à plus forte raison si nous examinons avec soin en quoi Dieu a reçu nos offenses et en quoi nous avons reçu ses bienfaits ; nous montrerons ainsi notre reconnaissance et notre repentir. Mais personne ne fait cette méditation. Quand nous parlons de nos péchés, nous disons seulement que nous avons péché sans récapituler nos fautes ; de même, quand nous parlons des bienfaits de Dieu, nous disons en général que nous en avons reçu, mais nous ne les examinons pas en particulier, nous ne disons point où, quand, ni comment ils nous ont été accordés. Mettons-y dorénavant tout notre soin. Si même on peut retrouver les plus anciens, qu’on les rappelle au souvenir, comme si l’on avait découvert un grand trésor. Cela nous est encore utile pour ne pas désespérer. Car lorsque nous aurons vu que Dieu nous a souvent protégés, nous ne désespérerons plus et nous ne croirons plus qu’il nous ait abandonnés : nous posséderons ainsi une grande preuve de sa providence à notre égard, puisque nous songerons que, malgré nos péchés, il ne nous a pas punis et que même il nous a protégés.
5. Voici une anecdote que j’ai entendu raconter. Un enfant qui n’avait pas encore quinze ans se trouvait aux champs avec sa mère. Des miasmes ayant infecté l’air, tous deux furent pris de la fièvre ; c’était en automne. La mère se hâta d’aller à la ville. L’enfant, auquel les