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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/206

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il est mieux placé pour ne rien recevoir de personne, selon ce qu’il dit : « Mais je fais cela, et je le ferai toujours, afin d’ôter à ceux qui la cherchent une occasion de se glorifier en paraissant semblables à nous. (2Cor. 11,12) Il prêchait dans la synagogue tous les jours de sabbat et cherchait à persuader les Juifs et les gentils (4). Quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul fut encore plus excité par le Saint-Esprit à attester aux Juifs que Jésus était le Christ (5) ». Cela montre qu’ils gênaient ses prédications et même s’y opposaient. Voilà ce qu’ils faisaient. Que fit Paul ? Il les abandonne en les frappant de terreur. Il ne leur dit plus : « C’était à vous qu’il fallait d’abord annoncer la parole » (Act. 13,46) ; mais il le donne à entendre : « Comme les Juifs le contredisaient et blasphémaient, il secoua ses habits et leur dit. Que votre sang retombe sur votre tête ; pour moi, j’en suis innocent, je vais désormais chez les gentils (6). Étant parti de là, il alla dans la maison d’un nommé Juste[1], qui craignait Dieu, dont la maison tenait à la synagogue (7). Crispe, chef d’une synagogue ; crut aussi au Seigneur avec toute sa famille : plusieurs Corinthiens, ayant entendu Paul, crurent aussi et furent baptisés (8) ». Voyez comment, après avoir encore dit « désormais », il ne néglige pas les Juifs ; il n’avait parlé ainsi que pour exciter leur zèle. Ensuite il vient chez Juste, dont la maison tenait à la synagogue. Il avait choisi ce voisinage pour animer la foi des Juifs, s’ils voulaient s’y prêter. « Crispe, chef d’une synagogue, crut aussi au Seigneur avec toute sa famille ». C’était surtout là une raison suffisante pour les convertir. « Le Seigneur dit à Paul, en vision durant la nuit : ne crains rien, mais parle sans te taire (9) ; car je suis avec toi et personne ne pourra te maltraiter, parce que j’ai dans cette ville un grand peuple (10) ». Voyez toutes les raisons que Dieu emploie pour le convaincre, et surtout celle-ci qui est la plus rassurante : « Car j’ai dans cette ville un grand peuple ». Cependant, dira-t-on, ils se sont emportés contre lui ? Mais leur colère a été impuissante, et ils se sont bornés à le conduire devant le proconsul. « Il demeura donc un an et demi à Corinthe, leur enseignant la parole de Dieu (11). Or, Gallion étant proton d’Achaïe, les Juifs, d’un commun accord s’élevèrent contre Paul et le menèrent à tribunal (12), en disant : Celui-ci veut persuader aux hommes d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi (13) ». Vous marquez que c’est toujours pour la même raison qu’on l’accuse en public. Remarquez aussi, lorsque les Juifs disent qu’il persuade aux hommes d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi, que le proconsul ne s’en inquiète pas et que plutôt il défend Paul. Écoutez sa réponse : « S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque mauvaise action, je serais obligé de vous écouter ». Cela semble le langage d’un homme juste, et on en est convaincu en observant toute, la sagesse de la réponse. « Comme Paul allait parler, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque mauvaise action, je serais obligé de vous écouter (14). Mais s’il ne s’agit que de contestations de doctrine, de mots et de votre loi, démêlez vos différends comme vous l’entendrez, car je ne veux point m’en rendre juge (15). Il les fit retirer ainsi de son tribunal (16). Et tous les gentils, ayant saisi Sosthènes, chef d’une synagogue, le battaient devant le tribunal sans que Gallion s’en mît en peine (17) » C’était encore une preuve de justice, car li coups que l’on donnait à cet homme ne semblaient pas au proconsul une offense pou lui-même, tant les Juifs étaient insolents.
2. Mais revenons à ce qui précède. « Lorsqu’ils entendirent parler de la résurrection des morts, les uns s’en moquaient, les autres disaient : Nous vous entendrons une autre fois ». Qu’elles étaient cependant grandes et sublimes ces vérités qui attiraient plutôt leurs railleries que leur attention ! Ils se moquaient de la résurrection, car « l’homme animal ni saisit pas les choses qui viennent de l’Esprit ». (1Cor. 11,14) Ainsi Paul se retira du milieu d’eux. Pourquoi ce mot : « ainsi ? » C’est-à-dire que les uns lavaient cru et que les autres l’avaient raillé. « Quittant donc Athènes il vint à Corinthe. Ayant trouvé un Juif nommé Aquila, originaire du Pont, et qui était nouveau venu en Italie, il demeura avec lui et y travailla ». Voyez comme la loi commence à tomber. Aquila était Juif, et il accomplit à Cenchrées le vœu de se faire couper les cheveux (18) ; puis il va en Syrie avec

  1. La Vulgate met Tite-Juste.