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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/207

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Paul ; comme il était du Pont, il ne tient pas à venir à Jérusalem ni dans ses environs, et il en reste éloigné. Paul demeure chez lui et ne rougit pas d’y demeurer ; il y reste comme dans une bonne hôtellerie, plus commode pour lui que tous les palais. Ne riez pas, mes bien-aimés. Un athlète est mieux dans un gymnase que sur des tapis moelleux ; une épée de fer convient mieux au soldat qu’une épée d’or. Au milieu de sa prédication, « il travaillait ». Rougissons donc, nous qui vivons dans l’oisiveté, même quand nous n’avons pas de prédication à faire. « Il discutait dans la synagogue tous les jours de sabbat et cherchait à persuader les Juifs et les gentils. Mais les Juifs a le contredisant avec des paroles de blasphème », il s’éloigna. Par ce moyen, il comptait mieux les attirer. Pourquoi, en effet, quitte-t-il sa maison afin de venir demeurer près de la synagogue ? N’est-ce pas dans une intention de conversion ? car il ne considérait pas le danger qu’il pourrait y avoir. « Il leur attestait » : il n’enseigne plus, mais il atteste. « Les Juifs le contredisant avec des paroles de « blasphème, il secoua ses habits et dit : Que « votre sang retombe sur votre tête ! » S’il le fait, c’est pour les effrayer aussi bien par ses actions que par ses paroles, et il s’exprime avec toute l’énergie d’un homme qui a déjà fait tant de conversions. « Pour moi », dit-il, « j’en suis innocent ; désormais je vais chez les gentils ». Ainsi nous sommes responsables du sang de ceux qui nous ont été confiés, lorsque nous les négligeons. De même encore lorsqu’il dit : « Au reste, que personne ne me cause de nouvelles, peines ». (Gal. 6,17) C’était pour effrayer, car les Juifs n’étaient jamais aussi terrifiés de ses paroles due lui-même ne souffrait de leur incrédulité. « Partant de là, il vint dans la maison de Juste ». Il voulait ainsi leur faire croire qu’il ne s’occupait plus que des gentils. « Crispus, chef de synagogue, crut au Seigneur ainsi que toute sa famille ». Voilà donc la foi qui s’étend sur une famille tout entière. C’est de ce Crispus, chef de synagogue, qu’il dit : « Je n’ai baptisé personne que Crispus et Gaïus ». (1Cor. 1,14) Je crois que c’était aussi le même qu’on appelait Sosthènes, dont la fidélité était telle, qu’après avoir été battu, il resta toujours attaché à Paul. « Le Seigneur dit à Paul, dans une vision pendant la nuit : Ne crains rien et parle ». Aussi reste-t-il longtemps dans cette ville, et ce qui l’y engage, ce n’est pas seulement la multitude des fidèles, mais l’attachement qu’il avait pour Jésus-Christ ; car le danger n’en était que plus grand lorsque les fidèles devenaient plus nombreux et que parmi eux se trouvait un chef de synagogue. « Ne crains rien », lui dit le Seigneur. Cela suffisait pour le ranimer s’il avait été accessible à la crainte : peut-être aussi n’avait-il éprouvé aucune frayeur ; alors cette exhortation n’était faite que pour l’en détourner. Car, pour fortifier les siens, Dieu n’a pas toujours besoin de permettre qu’ils aient été faibles. En effet, rien ne causait à Paul autant de douleur que l’incrédulité et l’opposition à la foi. Voilà ce qui lui était plus pénible que tous les dangers. « Ne garde pas le silence, car j’ai un grand peuple dans cette ville ». Peut-être alors le Christ lui est-il apparu.
« Gallion étant proconsul d’Achaïe : les Juifs d’un commun accord s’élevèrent contre Paul ». Observez que c’est après un an et demi qu’ils s’élèvent contre lui, quand ils n’avaient plus l’usage de leurs propres lois. Ce qui exaltait surtout les Corinthiens, c’est qu’ils savaient que le gouverneur ne s’abaisserait pas jusqu’à une pareille affaire. En effet, ce n’était pas la même chose de l’emporter dans une contestation judiciaire ou d’entendre le gouverneur déclarer aux Juifs qu’il ne s’inquiétait pas de cette affaire. Voyez combien celui-ci est prudent. Il ne répond pas immédiatement : Je ne m’en inquiète pas ; mais que dit-il ? « O Juifs, s’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque mauvaise action, je serais obligé de vous écouter. Mais s’il ne s’agit que de mots et de votre loi, décidez vous-mêmes ; je ne veux pas en être juge : il les renvoya ainsi de son tribunal ». La victoire fut éclatante. « Et tous ayant saisi Sosthènes, chef d’une synagogue, le battaient devant le tribunal, sans que Gallion s’en mit en peine ». Quelle honte pour tous ! « Sans que Gallion s’en mît en peine ». Cependant l’offense retombait sur lui. Mais ceux-ci, livrés à eux-mêmes et pleins de honte, s’abandonnent à leur injuste fureur. Mais pourquoi Paul ne les frappe-t-il pas à leur tour, puisqu’il en avait aussi la permission ? C’est qu’il savait réfléchir. Il ne frappa point, pour que le juge connût de quel côté était la douceur. Les assistants en retirèrent un grand enseignement : ils reconnurent, par la bonté des uns et la violence