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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/212

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est évident par cette parole : « Disant qu’ils croient en Celui qui doit venir après lui ». Il ne dit pas : Le baptême de Jean n’est rien, mais : Il est imparfait. Il ne dit pas cela sans raison, mais pour les instruire et leur persuader de se faire baptiser au nom de Jésus-Christ : ce qu’ils firent ; et ils reçurent le Saint-Esprit par l’imposition des mains de Paul. « Paul leur ayant imposé les mains, le Saint-Esprit vint en eux ». De sorte que ceux à qui il imposait les mains recevaient le Saint-Esprit. Il est vraisemblable qu’ils avaient le Saint-Esprit, mais sans qu’il se manifestât d’abord ; il se montra ensuite par son action en leur faisant parler diverses langues.
2. Mais reprenons ce qui a été lu précédemment. « Paul s’embarqua pour la Syrie, ayant avec lui Priscille et Aquila », qu’il laissa à Éphèse lorsqu’il y fut parvenu. Il les laissa à Éphèse, ou bien parce qu’il ne voulut pas leur faire partager la fatigue de ses voyages, ou bien parce qu’il voulait qu’ils demeurassent à Éphèse pour y enseigner lis habitèrent ensuite Corinthe : on le voit par le témoignage si honorable que Paul leur rend. Il les salue aussi dans son épître aux Romains : j’en conclus qu’ils allèrent ensuite à Rome, comme pour revoir, cette ville qu’ils avaient quittée par l’ordre de Néron. « Et après être descendu vers Césarée, il monta à Jérusalem, et lorsqu’il eut salué l’Église, il alla à Antioche. Il y séjourna un certain temps, et en partit pour parcourir la Galatie et la Phrygie ». Il me semble que les fidèles s’étaient rassemblés là, car les apôtres ne se séparaient pas d’eux si promptement. Voyez comment il les presse. Il parcourt de nouveau ces contrées afin de fortifier les disciples par sa présence. « Un Juif, nommé Apollon », disent les Actes, « savant dans les Écritures, vint à Éphèse ». C’était un homme zélé, c’est pour cela qu’il voyageait. « Celui-ci étant venu en Achaïe convainquait avec force les Juifs en public ». C’est de lui que parle Paul lorsqu’il écrit : « Touchant notre frère Apollon ». (1Cor. 16,42) Qu’il les confondît en public, cela montrait sa confiance ; qu’il le fît avec vigueur, cela prouve son talent ; par les saintes Écritures, cela témoigne en faveur de sa science. La confiance ne peut rien par elle-même sans le talent de la parole, ni le talent de la parole sans la confiance. Ce n’est donc pas en vain que Paul laissa Aquila à Éphèse : l’Esprit-Saint en disposa ainsi à cause d’Apollon, pour que cet homme fût plus fort pour Corinthe. Et pourquoi donc les Juifs ne firent-ils rien contre cet homme et se révoltèrent-ils contre Paul ? Ils savaient que Paul était le Coryphée, ou bien que son nom était célèbre. « Aquila et Priscille le prirent chez eux, et l’instruisirent plus exactement sur les voies de Dieu ». Voyez comme ils agissent avec foi, et non par envie et malveillance. Aquila était instruit, mais il était plutôt instruit lui-même. Comme ils avaient fait un long séjour avec Paul, ils avaient été assez instruits pour pouvoir enseigner les autres. « Comme il voulait passer en Achaïe, ceux qui l’exhortaient écrivirent aux disciples » de le recevoir. L’auteur explique la raison pour laquelle ils écrivent : c’est « afin qu’on le reçoive ».
Comment est-il prouvé que ces habitants d’Éphèse avaient reçu le baptême de Jean ? De ce qu’à l’interrogation : « Au nom de qui avez-vous été baptisés ? » ils répondent ; « Nous avons été baptisés du baptême de Jean ». Peut-être étaient-ils allés à Jérusalem dans ce temps ; ils étaient sortis vers Jean et s’étaient fait baptiser ; mais, bien que baptisés, ils ne connaissaient pas Jésus. Il ne leur dit pas Croyez-vous en Jésus ? mais bien : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit ? » Il savait qu’ils ne l’avaient pas reçu : Paul veut qu’ils le disent, afin que, sachant ce qui leur manquait, ils le demandassent. « Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit-Saint vint sur eux, et ils parlaient diverses langues et prophétisaient ». En vertu même du baptême, ils prophétisent. Le baptême de Jean n’avait pas ce privilège, et c’est pour cela qu’il était imparfait. Pour qu’ils soient dignes de ces grâces, Paul les prépare d’avance. C’est pour cela que Jean lorsqu’il baptisait, voulait qu’on crût en celui qui viendrait après lui. Par là est démontré un grand dogme, à savoir : que ceux qui sont baptisés sont purifiés totalement de leurs péchés. En effet, s’ils n’étaient pas purifiés, ils ne recevraient pas le Saint-Esprit, et ne seraient pas aussitôt dignes de ces grâces. Remarquez que la grâce était double : grâce de parler diverses langues, grâce de prophétiser. C’est donc avec raison que Paul leur dit que le baptême de Jean fut un baptême de pénitence et non de pardon, pour les élever plus haut, et leur persuader que le baptême était dénué de ce don ; car le pardon était l’effet du baptême donné en