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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/217

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ié. Et un grand nombre de ceux qui avaient cru, venaient, et ils confessaient et révélaient leurs actions ». Puisqu’ils avaient assez de puissance pour pouvoir faire de telles choses par les démons, c’est avec raison que tout se passe ainsi. « Beaucoup d’entre ceux qui avaient pratiqué la magie prirent leurs livres, et les brûlèrent en présence de tous ; on supputa le prix de ces livres, et on trouva une somme de cinquante mille deniers d’argent ; ainsi la parole de Dieu s’accroissait et se fortifiait (13, 20) ». Voyant qu’ils leur seront désormais inutiles, ils brûlent leurs livres. Quelquefois les démons eux-mêmes en agissent ainsi. Le nom ne sert donc à rien, s’il n’est prononcé avec foi. Le Christ a donc dit avec raison : « Celui qui croit en moi fera des choses plus grandes » (Jn. 14,12) ; et il faisait allusion à ces miracles. Voyez par là comment ils ont tourné leurs armes contre eux-mêmes. « Et il parlait », dit l’auteur, « dans l’école d’un certain Tyran, pendant deux années ». Là, il y avait des hommes fidèles et très-fidèles. Ces Juifs croyaient si peu à la puissance de Jésus, qu’ils ajoutaient le nom de Paul, aimant mieux croire à la grandeur de Paul qu’à celle de son maître. On peut admirer ici que le démon ne voulut pas se prêter à la fourberie des exorcistes ; qu’il les confondit et révéla leur comédie. Il me semble qu’il fut enflammé de colère, comme le serait quelqu’un qui, exposé aux derniers périls, se verrait poussé à bout par quelque misérable, et voudrait décharger sur lui toute sa colère. Pour ne pas sembler mépriser le nom de Jésus, il le confessa d’abord, et reprit ensuite sa puissance. Il est évident que ce n’est pas l’impuissance du nom de Jésus, mais bien la fraude de ces hommes ; autrement, comment expliquer que rien de semblable n’arriva à Paul ? Et l’homme sautant sur eux », dit l’auteur. Peut-être déchira-t-il leurs vêtements, et leur serra-t-il la tête ; c’est ce qu’indique le mot : « Sautant sur eux » ; c’est-à-dire, les attaquant avec une violence capable de les maltraiter de la sorte. Que signifie : « S’éloignant d’eux, il emmena « ses disciples ? » Qu’il coupa court à leurs mauvais propos. Paul agit ainsi et s’en va parce qu’il ne voulait pas enflammer leur envie, ni amener une dispute plus grave. Le mot, « il parlait avec liberté », signifie qu’il était préparé au danger, et qu’il enseignait clairement et sans voiler les dogmes. Par là, nous apprenons que nous ne devons pas nous mêler aux médisants, mais les fuir. Offensé en paroles par les Juifs, il ne leur rendit pas offense pour offense ; au contraire, il redoublait de zèle pour la prédication, et se conciliait de nombreux adhérents ; précisément, par cette raison que, bien qu’il entendît leurs mauvais propos, il ne s’en allait pas et ne se séparait pas d’eux. Remarquez que lorsque l’épreuve a cessé de la part des gens qui sont en dehors de l’Église, elle commence de la part des démons.
Voyez-vous l’aveuglement des Juifs ? Ils voyaient les vêtements de Paul accomplir des prodiges, ils n’y faisaient pas attention. Quel plus grand miracle pourrait-on voir ? Mais au lieu de tourner à leur salut, il tourne à leur perte. Si quelque grec est incrédule, qu’il croie en voyant l’ombre de Paul faisant ces prodiges. Ainsi, parce que Paul s’éloigne d’eux, les médisants et ceux qui calomniaient la foi (il l’appelle la voie) sont vaincus. Il s’éloigne pour que les disciples ne se retirent pas, et pour – ne pas exciter les Juifs à la colère, et il montre qu’ils fuient le salut par tous les moyens. Du reste, il ne se disculpe pas devant eux et ne leur montre pas la foi partout embrassée par les gentils. Et il discourt, non pas dans n’importe quel lieu, mais dans une école, parce que l’endroit est plus commode pour se rassembler.
2. Oh ! combien est grande la vertu de ceux qui croient ! Combien est grand l’aveuglement de ceux qui demeurent dans l’incrédulité, même après la manifestation de la vertu divine ! Simon demandait par esprit de lucre la grâce du Saint-Esprit, et ceux-ci agissaient de même pour la même raison. Quel aveuglement ! Et pourquoi Paul ne leur fait-il pas de reproches ? Parce que ses reproches eussent semblé dictés par l’envie. Telle est la raison de sa conduite en cette occasion. La même chose aussi au Christ ; mais alors on n’empêchait rien (c’était le commencement de l’Évangile) : Judas volait et n’était pas réprimé. Ananie et Saphire furent frappés de mort. Beaucoup de Juifs, qui faisaient opposition à Jésus-Christ ne souffrirent aucun châtiment, et Elymas fut frappé de cécité. « Je ne suis pas venu », dit le Christ, « pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé ». (Jn. 3,37) Voyez quelle scélératesse ! Des Juifs qui demeuraient encore dans le judaïsme voulaient