Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

démon s’est étudié à corrompre l’usage des créatures que Dieu a faites, comme si l’on ne pouvait user sagement de l’or et de l’argent.
2. « Et tous les jours ils étaient ensemble dans le temple ». Ces paroles nous apprennent quels fruits produisit immédiatement la prédication des apôtres ; et admirez avec quel zèle ces Juifs oubliaient le soin de toute affaire temporelle et se rendaient assidûment au temple. Car leur respect pour ce lieu sacré croissait avec leur ferveur ; et les apôtres ne les en éloignaient pas encore par bonté et par condescendance. « Et ils rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu et agréables à tout le peuple ». Je crois que, par cette expression : Rompant le pain, l’écrivain sacré a voulu désigner les jeûnes et l’abstinence que pratiquaient ces premiers chrétiens, puisque leur nourriture était frugale et ennemie de, toute recherche. Apprenez donc ici, mes frères, que le bonheur de la vie accompagne la frugalité bien plus que les délices de la table ; et la pratique de la sobriété nous est une source de joie, tandis que l’intempérance du festin est un principe de tristesse. La parole de Pierre fit donc éclore la sobriété chrétienne qui produisit à son tour un pur et saint contentement.
Et comment ? me direz-vous. Parce que leurs aumônes « les rendaient agréables à tout le peuple ». Car il faut faire moins attention aux prêtres qui s’élevaient contre eux par esprit d’une basse jalousie, qu’au peuple qui les accueillait avec faveur. « Or le Seigneur augmentait chaque jour ceux qui devaient être sauvés dans l’Église ; et tous ceux qui croyaient vivaient ensemble ». Tant l’union et la concorde sont bonnes en toutes choses !
Cependant Pierre « rendait témoignage par d’autres discours ». Cette remarque de saint Lue nous fait entendre que l’apôtre donna quelque développement à ses premières paroles, ou qu’après avoir amené ses auditeurs à croire en Jésus-Christ, il laissa aux autres apôtres le soin de leur expliquer la pratique de cette croyance. Il évite aussi de leur parler de la croix, et dit seulement : « Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ ». Pourquoi dont ne leur parle-t-il point fréquemment de la croix ? Par ménagement et pour éviter tout reproche ; aussi se borne-t-il à dire : « Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ ». Ainsi, au tribunal de la religion, les choses se passent tout autrement que dans celui de la justice humaine : car l’aveu de sa faute assure le salut du pécheur.
Observez encore avec quel tact Pierre insiste sur un point bien important. Après avoir signalé la grâce du baptême, il ajoute immédiatement : « Vous recevrez le don de l’Esprit-Saint » ; et en présence des prodiges qui s’opéraient sous leurs yeux, les Juifs ne pouvaient pas ne point croire à cette promesse. Au reste, l’apôtre se contente de leur révéler ce qu’il y avait de plus facile, et qui, par la communication des dons célestes, les pouvait conduire au salut. Car il savait bien qu’à l’occasion la saveur de ces premiers biens les enflammerait d’un nouveau zèle. Mais parce qu’il voyait en ses auditeurs le désir de connaître ce point capital de son discours, il leur apprit que cette connaissance était un don de l’Esprit-Saint. Aussi voyez avec quelle attention ils l’écoutent et comme ils louent une parole qui les remplit de crainte et de frayeur ! Bien plus, ils croient et demandent le baptême.
Mais reprenons l’explication des premiers versets de notre texte : « Ils persévéraient », dit saint Luc, « dans la doctrine ». Nous pouvons évidemment conclure de ces paroles que les apôtres instruisirent ces néophytes non seulement pendant un, deux ou trois jours, mais tout le temps que demandait leur conversion. « Et tous étaient dans une grande frayeur ». « Tous », c’est-à-dire même ceux qui ne croyaient pas. Et il est vraisemblable que, dans ces derniers, cette frayeur venait ou du changement prodigieux qu’ils voyaient, ou peut-être des miracles qui s’opéraient sous leurs yeux. Saint Luc dit aussi qu’ils vivaient « dans une intime union », expression plus forte que l’adverbe « ensemble », parce qu’on peut vivre avec des personnes dont on ne partage pas les sentiments. Enfin il ajoute que Pierre les exhortait par ses discours, et sans en rien rapporter, il se borne à cette sommaire indication. Mais elle suffit pour nous apprendre que les apôtres présentèrent d’abord à ces néophytes, comme à de tendres enfants, le lait et le miel de – la doctrine évangélique, et qu’en peu de temps ceux-ci atteignirent une perfection tout angélique.
« Et ils distribuaient à tous leurs biens, selon que chacun en avait besoin ». Ces nouveaux