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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/233

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HOMÉLIE XLIV.


ÉTANT A MILET, PAUL ENVOYA À ÉPHÈSE ET CONVOQUA LES PRÊTRES DE CETTE ÉGLISE. LORSQU’ILS FURENT VENUS PRÉS DE LUI, IL LEUR DIT : « VOUS SAVEZ QUE DEPUIS LE PREMIER JOUR OU JE SUIS ENTRÉ EN ASIE, JE SUIS DEMEURÉ AVEC VOUS PENDANT TOUT LE TEMPS, SERVANT LE SEIGNEUR AVEC VOUS EN TOUTE HUMILITÉ, AVEC BEAUCOUP DE LARMES, ET AU MILIEU DE BEAUCOUP D’ÉPREUVES QUI NE SONT ARRIVÉES PAR LES EMBÛCHES DES JUIFS ; QUE JE N’AI RIEN NÉGLIGÉ DE CE QUI ÉTAIT NÉCESSAIRE POUR VOUS ANNONCER LA PAROLE ET VOUS INSTRUIRE EN PUBLIC ET EN PARTICULIER, PRÊCHANT AUX JUIFS ET AUX GENTILS LA PÉNITENCE ENVERS DIEU, ET LA FOI ENVERS NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST ». (CHAP. 20,17-21, JUSQU’AU VERS. 31)

ANALYSE.

  • 1-3. Discours de saint Paul aux Éphésiens. – Éloge de l’humilité, et de la liberté de parole quand il s’agit de la vérité. – Nécessité de la vigilance pour les pasteurs. – Les loups puissants ravageurs du troupeau. – Nécessité de la vigilance pour les disciples.
  • 4. Reproches que saint Jean Chrysostome adresse à son peuple. – Il rappelle ce qu’il a fait depuis qu’il prêche, et se livre à sa douleur. – Ardeur de son désir pour le salut de son peuple. `


1. Paul, quoique pressé de passer outre, ne néglige rien et pourvoit à tout. Il fait venir les chefs de l’Église d’Éphèse et leur dit ce qu’on vient de lire. On ne peut qu’admirer comment, forcé qu’il est de dire quelque chose de glorieux pour lui, il s’y prend modestement. Ainsi Samuel, sur le point de remettre le commandement à Saül, dit à Israël : « Vous êtes témoins, ainsi que Dieu, si j’ai reçu quelque chose de vous ». (1Sa. 12,5) Et David, en qui l’on n’avait pas foi, dit aussi : « J’étais dans la bergerie, paissant les brebis ode mon père ; et lorsque vint l’ours, je le déchirai de mes mains ». (1Sa. 17,34, 35) Et Paul lui-même dit aux Corinthiens « J’ai été insensé ; vous m’y avez forcé ». (2Cor. 12,10) Dieu fait de même aussi : il ne parle pas simplement de lui-même, mais lorsqu’on ne veut pas croire en lui, il allègue ses bienfaits. Voyez donc ce que fait Paul d’abord il en appelle au témoignage de l’auditoire, pour qu’on ne pense pas qu’il parle avec vanité, et il atteste les auditeurs eux-mêmes qu’il n’a pas menti en disant ce qu’il a dit. Rien ne donne tant d’autorité à un docteur que d’avoir pour témoins de ses propres bonnes œuvres ceux qu’il a instruits. Ce qui est étonnant, c’est qu’il employa non pas un ou deux jours, mais plusieurs années à cette œuvre. « Vous savez », dit-il, « que j’ai été avec vous pendant tout le temps ». Il veut donc les exhorter à supporter avec courage toutes choses, et leur séparation de lui, et les épreuves qui doivent arriver, de même que firent Moïse et Jésus. Et voyez aussi ce qu’il ajoute : « Que j’ai été avec vous pendant tout le temps, servant le Seigneur en toute humilité ». Remarquez ce qui convient surtout à ceux qui commandent. « Haïssant l’orgueil » ; paroles qui se rapportent surtout aux princes que l’élévation de leur état pousse à l’idée exagérée d’eux-mêmes. Cette vertu est tellement la source des bonnes œuvres, que le Christ disait : « Bienheureux les pauvres en esprit ». (Mt. 5,3) non seulement Paul dit : avec humilité, mais bien : « en toute humilité ». Il y a beaucoup de sortes d’humilité ; car on peut voir l’humilité en paroles, en actions, envers les supérieurs, envers les inférieurs. Si vous le voulez, je vous dirai les divers modes de l’humilité. Il y en a qui sont humbles avec les humbles, et superbes avec les superbes ; cela n’est pas