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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/234

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l’humilité. Il y en a d’autres qui, à l’occasion, conservent l’humilité et la grandeur envers toutes les personnes ; et c’est là surtout de l’humilité. Paul ne voulant pas passer pour orgueilleux en enseignant l’humilité, donne une base solide à son enseignement, en supprimant d’avance tout soupçon de ce genre. En effet, si j’ai vécu avec toute humilité, ce n’est pas par vanité que je dis ce que je vous dis. Ensuite il allègue sa douceur : « Je fus avec vous, servant le Seigneur », dit-il, pour montrer qu’ils furent les compagnons de ses bonnes œuvres. Ainsi, partout la vie commune est bonne. Il rend donc ses bonnes œuvres communes, et il ne s’attribue rien d’éminent. Pourquoi donc ? direz-vous. Est-ce qu’il pouvait être arrogant envers Dieu ? Il y en a beaucoup qui sont arrogants envers Dieu ; Paul n’était pas même arrogant envers ses, disciples. C’est l’œuvre parfaite du maître de former ses disciples par ses bonnes actions propres. Ensuite il montre sa force d’âme sur laquelle il passe rapidement : « Avec beaucoup de larmes, « au milieu de beaucoup d’épreuves qui me sont arrivées par les – embûches des Juifs ». Voyez-vous comme il s’attriste de ce qui est arrivé ? Là il me semble indiquer clairement sa commisération ; il s’affligeait sur ceux qui périssaient, sur les auteurs de ses tribulations. Il se réjouissait des maux qui lui arrivaient ; car il faisait partie de ce collège apostolique dont les membres se réjouissaient d’avoir été jugés dignes de souffrir l’injure à cause de son nom ». (Act. 5,41) Il dit lui-même. « Maintenant je me réjouis de ce que j’ai souffert à cause de vous » ; et encore : « Une affliction légère et de courte durée nous acquiert un poids éternel de gloire au-dessus de toute grandeur dans le ciel ». (Col. 1,24 ; Il Cor. 4,17) Mais il dit cela par modestie. Ici il montre son courage, et non pas tant son courage que sa patience. C’est comme s’il disait : « J’endurais des maux, mais c’était avec vous ; ce qui est grave de la part des Juifs ». Voyez maintenant le caractère de la doctrine ; et il place en même temps la charité et la force : « Que je n’ai rien négligé », dit-il. Ceci montre un zèle qui n’a rien épargné. « De ce qui était utile ». Il parle avec raison ainsi. Il y avait des choses qu’il était inutile aux fidèles de savoir. Si cacher certaines choses eût été de la méchanceté, tout dire eût été de la sottise. C’est pour cela qu’il a ajouté : « De ce qui était utile ». Il indique par là qu’il a enseigné la doctrine, ne se bornant pas à l’énoncer une fois seulement pour l’acquit de sa conscience : que ce soit là le vrai sens, écoutez ce qu’il dit ensuite ; cela vous le prouvera, car il ajoute : « En public et dans les maisons » ; et il montre ainsi ses grands travaux, son zèle immense et sa persévérance Attestant aux Juifs et aux gentils ». Non à vous seulement, dit-il, mais aussi aux gentils. Là est la parole franche et libre ; cela veut dire qu’un apôtre doit parler, dût sa parole être inutile. Ce mot attester » qu’il emploie, signifie qu’il prêchait même à ceux qui n’étaient pas attentifs à sa parole ; c’est le sens le plus fréquent d’attester. « J’atteste le ciel et la terre », dit Moïse ; et Paul : « Attestant aux Juifs et aux gentils la pénitence envers Dieu ».
2. Qu’attestez-vous donc ? Qu’il faut changer de vie, qu’il faut se repentir et revenir à Dieu. Les Juifs ne l’avaient pas connu parce qu’ils avaient méconnu le Fils ; parce qu’ils n’avaient pas les œuvres ; non plus que la foi dans le Seigneur Jésus. Pourquoi dites-vous cela ? Pourquoi rappelez-vous ces choses ? Que s’est-il passé ? Quelle accusation portez-vous ? « Et voilà que maintenant, enchaîné par l’Esprit-Saint, je vais à Jérusalem ; ignorant ce qui doit m’y arriver, si ce n’est que dans toutes les villes où je passe l’Esprit-Saint me dit et m’atteste que des chaînes et des persécutions m’attendent. Mais je n’en fais aucun cas ; ma vie ne m’est pas si précieuse que d’accomplir ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’attester l’Évangile de la grâce de Dieu (22-24) ». Pourquoi Paul dit-il cela ? Pour les préparer et les rendre capables de supporter les dangers visibles ou cachés, et d’obéir en tout à l’Esprit-Saint. Il montre qu’il est conduit à de grandes choses. « Si ce n’est que l’Esprit-Saint me dit et m’atteste dans toutes les villes par où je passe ». Il parle ainsi pour faire voir qu’il agit librement, et afin qu’on ne pense pas qu’il n’est pas libre, mais poussé par la nécessité. Ensuite il ajoute : « Ma vie ne m’est pas si précieuse que d’accomplir ma course avec joie, ainsi que le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus ». Vous voyez que ce ne sont pas là les paroles d’un homme qui se lamente, mais d’un homme modeste qui enseigne et qui ne reste pas indifférent aux événements. Il ne dit