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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/236

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cessé d’avertir avec larmes chacun de vous (32) ». Voyez quelle surabondance de zèle : Avec larmes, nuit et jour, chacun de vous ». Qu’épargnait-il pour un grand nombre, celui qui savait ne rien épargner pour une seule âme. Ainsi il les unit tous. Ce qu’il dit signifie : Ce que j’ai fait suffit ; je suis resté trois ans ; ils sont suffisamment confirmés dans la foi, les racines sont assez fortes. « Avec larmes », dit-il. Voyez-vous qu’il faut verser des larmes dans ce ministère ? Faisons de même nous aussi. Le méchant ne s’attriste pas : attristez-vous, il s’attristera peut-être. Lorsqu’un malade voit le médecin prendre de la nourriture, il est excité par l’exemple. Ainsi en sera-t-il alors. S’il vous voit pleurer, il sera attendri, et deviendra un homme bon et doux. « Ne sachant pas », dit Paul, « ce qui doit m’arriver ». Mais quoi ! vous en allez-vous pour cela ? Nullement ; mais je sais sûrement que des chaînes et des tribulations m’attendent. Que des épreuves m’attendent ; je le sais ; quelles elles sont, je ne le sais pas, ce qui était plus grave. Ne croyez pas que je dise ces choses pour me plaindre ; je ne tiens pas ma vie comme si précieuse. Il parle ainsi pour leur rendre l’énergie, et leur persuader non seulement de ne pas fuir, mais de souffrir avec courage. Il appelle sa mission une course et un ministère, pour leur faire envisager d’une part la gloire qui provient de la course, et le devoir qu’impose le ministère. Je suis ministre, dit-il, je n’ai rien de plus. Il a soin de les consoler à l’avance et de prévenir la douleur que pourraient leur causer les maux qu’il doit souffrir, et de leur dire que c’est avec joie qu’il les endure, et ce n’est qu’après avoir montré le fruit qu’il vient à parler des choses pénibles. Il agit ainsi pour ne point accabler leur cœur. Quelles sont-elles ces choses pénibles ? « Il surgira du milieu de vous des hommes proférant des paroles perverses ». Quoi donc, dira quelqu’un, vous croyez-vous si grand, que si vous vous en allez nous mourions ? Je ne dis pas, répondit-il, que mon absence puisse avoir cet effet ; mais quoi ? Il surgira du milieu de vous ». Paul ne dit pas : à cause de mon départ ; mais « après mon départ », c’est-à-dire, après que je vous aurai quittés ; cela est déjà arrivé mais si cela est déjà arrivé, à plus forte raison cela arrivera-t-il après que je vous aurai quittés. Ensuite il donne le but de ces méchants : « Pour entraîner les disciples à leur suite ». Les hérésies n’ont pas d’autre motif que celui-là. Puis vient la consolation : « Qu’il s’est acquise par son propre sang » : S’il (le Christ) l’a acquise par son propre sang, il triomphera complètement : « Jour et nuit avec larmes », dit Paul, « je n’ai cessé d’avertir » : Ces choses nous seraient dites avec raison ; le discours semble s’adresser spécialement aux docteurs, mais il est commun à tous les disciples. Pourquoi en effet parlerai-je, avertirai-je, pleurerai-je jour et nuit, si le disciple ne veut pas se laisser convaincre ? Afin que personne ne pense que c’est assez ; pour sa défense, d’être disciple et de ne faiblir pas. Paul, après avoir dit : « J’atteste », ajoute ces mots : « Que je n’ai jamais négligé de vous annoncer ». Le docteur seul doit donc annoncer, prêcher, enseigner, ne rien négliger, annoncer nuit et jour ; mais lorsque ces œuvres sont accomplies, s’il n’est rien fait de plus, vous savez ce qui reste. Ensuite vient une, autre apologie : « Je suis pur du sang de tous ». Ne croyez pas que ces choses ne soient dites qu’à nous, car ce discours s’adresse aussi à vous, afin que vous fassiez attention à nos paroles, et que vous, ne vous éloigniez pas des discours publics.
Que ferai-je ? Voici que tous les jours je me fatigue à crier : Éloignez-vous du théâtre ; beaucoup se rient de nous ; abstenez-vous des serments, de l’avarice ; nous donnons mille avertissements, personne ne nous entend. – Mais je ne prêche pas la nuit. – Je voudrais le faire, même la nuit ; je voudrais, si les mille affaires qui m’occupent me le permettaient, m’asseoir à vos tables, auprès de vous, et vous parler ; mais si vous êtes négligents lorsque nous ne vous convoquons qu’une fois par semaine, négligents à tel point que beaucoup ne viennent pas, et que ceux qui viennent ne retirent aucun fruit de nos paroles, que feriez-vous donc si nous vous prêchions plus souvent ? Que ferons-nous ? Beaucoup, je le sais, se moquent de nous parce que nous parlons sans cesse sur le même sujet, tant nous leur sommes à charge. Ce n’est pas notre faute, c’est la vôtre. En effet, celui qui agit bien aime à entendre les mêmes choses, comme s’il entendait son éloge ; celui, au contraire, qui ne veut pas bien agir, pense qu’on l’importune, et s’il a entendu seulement deux fois parler de quelque sujet, il s’imagine