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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/240

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 Que la volonté du Seigneur s’accomplisse (3-14 »).
2. Voyez-vous : toutes ces choses sont prédites par avance, pour que vous ne pensiez pas, par suite de cette parole : « Lié par l’Esprit-Saint », que Paul agisse par nécessité ; et aussi peur qu’on ne croie pas que Paul soit tombé dans des embûches qu’il ignorait. Les disciples pleuraient ; lui l’es encourageait, chagrin qu’il était de les voir dans les larmes. « Que faites-vous ? » dit-il. « Pourquoi pleurez-vous et affligez-vous mon cœur ? » Personne n’est plus aimant que Paul : parce qu’il les voyait pleurer, il s’affligeait, lui qui ne souffrait nullement de ses propres tribulations. Vous me faites injure en agissant ainsi, dit-il ; est-ce que je m’attriste, moi ? Alors ils cessèrent lorsqu’il leur dit : « Pourquoi agisses-vous ainsi, et affligez-vous mon cœur ? » Je pleure sur vous, dit-il, et non sur mes souffrances ; car je veux mourir pour eux.
« Je n’ai désiré », dit Paul, « ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne ; vous-mêmes savez que ces mains ont servi à mes besoins et aux besoins de ceux qui sont avec moi ». Ceux qui, à Corinthe et en Asie, pervertissaient les disciples, n’en faisaient pas autant. Il est vrai que nulle part il ne leur fait ce reproche dans son épître aux Éphésiens ; mais pourquoi ? parce qu’il ne fut point obligé de le faire ; mais il dit aux Corinthiens : « On ne ravira point cette gloire dans toute l’Achaïe ». (2Cor. 11,10) Il ne dit pas : Vous ne m’avez pas donné, mais bien : « Je n’ai désiré ni argent, ni or, ni vêtement », pour ne pas sembler dire qu’ils n’ont pas donné. Il ne dit pas de n’ai désiré rien des choses nécessaires à la vie, pour ne pas paraître les accuser ; s’il dit cela, c’est pour leur insinuer qu’il n’a rien reçu, alors qu’il nourrissait les autres. Voyez comme il travaillait avec zèle, cet homme qui, nuit et jour, les instruisait avec larmes et les avertissait. « Je vous ai montré toutes choses par mon exemple, parce qu’il faut par un pénible travail aider ceux qui sont faibles ». Cette parole est dite pour inspirer la terreur. Ce qu’il dit signifie : Vous ne pouvez arguer de votre ignorance ; je vous ai montré par mes œuvres qu’il faut travailler avec ardeur. Il ne dit pas que c’est mal de recevoir, mais qu’il est meilleur de ne pas recevoir : « Souvenez-vous de la parole du Seigneur qui a dit : On est plus heureux de donner que de recevoir ». Où le Christ a-t-il dit cela ? Peut-être les apôtres ont transmis cette parole sans qu’elle ait été écrite ; ou bien on peut la tirer par conclusion des autres paroles du Christ. En effet, il leur a montré, par son exemple, la force dans les dangers, la commisération envers les inférieurs, la hardiesse de langage dans l’enseignement, l’humilité, la pauvreté, et ceci, qui est plus grand que la pauvreté ; car s’il a dit : « Vendez ce que vous avez, si vous voulez être parfait », puisqu’il ne reçoit rien, et nourrit les autres, qu’y a-t-il de comparable à cela ? Le premier degré consiste à rejeter ce qui est à soi ; le second, se suffire à soi-même ; le troisième, aider les autres ; le quatrième, ne rien recevoir lorsque l’on prêche et qu’on pourrait recevoir. Paul était donc meilleur que ceux qui n’avaient rien. Il dit donc avec raison : « Ainsi il faut aider les pauvres ». C’est le fait de la commisération envers les pauvres, de leur donner le fruit de son propre travail ; leur donner le bien des autres, non seulement n’est pas bien, mais est même dangereux. « Et sautant au cou de Paul, ils pleuraient » : cela montre leur affection pour lui. Ils se suspendaient à son cou, comme pour lui donner leurs derniers embrassements, et parce qu’ils avaient retiré de son enseignement une grande charité et une grande tendresse. En effet si nous-mêmes, pour une séparation ordinaire, nous gémissons, quoique nous sachions que nous nous réunirons, comment les disciples eussent-ils pu alors sans douleur voir Paul s’arracher à eux ? Je pense que Paul dut pleurer aussi. « Arrachés ». Cela indique la violence « lorsque nous nous fûmes arrachés d’eux ». Le mot est juste. En effet ils ne pouvaient se jeter à lamer. Que veut dire : « Nous allâmes directement à Cos ? » C’est comme si l’auteur disait : Nous ne fîmes pas de détours, et ne nous arrêtâmes nulle part. « Le jour suivant nous étions à Rhodes ». Voyez comme Paul se hâte. « Et ayant rencontré un navire qui passait en Phénicie ». Peut-être ce navire était-il là, et ils y montèrent parce qu’ils n’en trouvèrent pas qui allât à Césarée. « Nous passâmes en vue de Chypre, en la laissant à gauche » ; il ne dit pas cela sans motif, mais pour montrer que Paul, quoique près de Chypre, ne jugea pas à propos de s’y arrêter, puisqu’ils allaient en droite lignes vers la Syrie. « Ensuite nous vînmes à Tyr », dit-il, « et y ayant rencontré les disciples, nous restâmes