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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/241

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avec eux ». Comme ils sont proches de Jérusalem, ils ne se hâtent plus, mais ils demeurent avec les frères pendant sept jours. Voyez : il compte même les jours. Après les Azymes ils allèrent à Troade en cinq jours ; ensuite ils y restent sept jours, ce qui fait douze jours ; ensuite à Asson, à Mitylène, en face de Chio, à Trogile : à Samos, à Milet : en tout dix-huit jours ; après cela ils vont à Cos, à Rhodes, à Patare, voilà vingt et un jours ; ensuite de là à Tyr cinq jours, ce qui donne vingt-six jours ; il passe à Tyr sept jours, en tout trente-trois jours ; puis, il reste à Ptolémaïs un jour, trente-quatre ; puis il reste un plus grand nombre de jours à Césarée ; et alors enfin le prophète les emmène. Ainsi le jour de la Pentecôte est arrivé, et il la passe à Jérusalem. Voyez comme Paul se laissait persuader lorsque le Saint-Esprit ne l’en empêchait pas. Les disciples lui disaient : « Ne vous montrez pas en public », et il n’y alla pas ; souvent ils l’emmenaient, et il obéissait ; il s’enfuit deux fois par une fenêtre ; et maintenant que mille personnes, pour ainsi dire, le supplient, à Tyr et à Césarée, pleurent, lui annoncent toutes sortes de maux, il ne cède pas. Et on ne lui prédisait pas ces malheurs au hasard, mais par l’inspiration de l’Esprit-Saint. Si le Saint-Esprit ordonnait, pourquoi allaient-ils à l’encontre ? Parce qu’ils ne savaient pas le but que se proposait l’Esprit. D’ailleurs, ils ne l’exhortaient pas ainsi par l’inspiration de l’Esprit-Saint. non seulement ils lui prédisaient des malheurs, mais ils lui disaient qu’il ne fallait pas qu’il allât à Jérusalem, par ménagement pour lui. « Et lorsque ces jours furent accomplis », c’est-à-dire, lorsque furent passés les jours qu’il a énumérés « Tous nous faisant la conduite avec leurs femmes et leurs enfants. ».
3. Considérez combien grande était, la consolation ; après avoir prié de nouveau, ils se séparent. Paul et les siens demeurent un jour à Ptolémaïs, et plusieurs jours à Césarée. Et lorsque Paul a appris qu’il a de grands maux à souffrir, il se hâte, il ne s’arrache pas au danger, persuadé qu’il est du commandement de l’Esprit-Saint. « Après ces quelques jours nous nous préparâmes, et montâmes à Jérusalem ». C’est-à-dire, après avoir pris ce qui était nécessaire pour la route. « Plusieurs des disciples de. Césarée vinrent avec nous, emmenant avec eux notre hôte, un nommé Mnason##Rem, de Chypre, ancien disciple ; lorsque nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie ». Remarquez qu’Agabus n’a pas dit : Ils lieront Paul, pour ne pas sembler parler suivant une convention faite entre eux, mais bien : « L’homme à qui appartient cette ceinture ». Paul avait donc une ceinture. S’ils pleuraient, c’était parce qu’ils ne pouvaient le persuader de rester, puis ils restèrent en repos. Remarquez-vous leur esprit chrétien, et la tendresse de leur amour ? Nous cessâmes de le prier en disant Que la volonté du Seigneur s’accomplisse. « Emmenant avec nous notre hôte », dit l’auteur. Ils ne demeuraient donc pas dans l’Église. Alors qu’ils venaient pour enseigner, ils habitaient dans l’Église ; mais ici ils sont reçus par un ancien disciple. Paul expose que le temps de sa prédication a été long ; dès lors il me semble que, dans les. Actes ; l’auteur a retranché beaucoup d’années et qu’il n’a rapporté que ce qu’il était nécessaire de dire. Que signifient ces mots : « Que la volonté du Seigneur s’accomplisse ». Le Seigneur, veut dire, fera ce qui semblera le meilleur à ses yeux. Les disciples se calaient donc et ne le pressent plus. Ils savaient sans doute que telle était ia volonté de Dieu, et ils le conjecturaient de l’ardeur de Paul. En effet, Paul n’eût pas été si ardent, et le Seigneur n’eût pas permis qu’il fût en danger, puisqu’il l’avait toujours retiré du danger. Paul et ses compagnons ne voulaient pas être charge à l’église, puisque quelqu’un leur donnait l’hospitalité ; et ils n’exigeaient point qu’on leur fît honneur. « Les frères nous reçurent avec joie », dit l’auteur. On était alors en paix chez les Juifs, et il n’y avait pas de guerre comme auparavant contre les disciples. « Ils nous conduisirent chez celui qui devait nous donner l’hospitalité », dit-il. Celui-là reçut donc Paul comme son hôte.
Peut-être quelqu’un nous dira-t-il : Si l’on m’offrait de donner l’hospitalité à Paul, je la lui donnerais aussitôt et avec un grand plaisir. Voici que vous pouvez donner l’hospitalité au Maître de Paul et vous ne le voulez pas. « Celui, dit en effet le Christ, celui qui reçoit l’un de ces petits me reçoit ». (Mt. 18,5 ; Lc. 9,48) Plus votre frère est petit, plus le Christ vient vers vous avec lui. Celui qui reçoit quelqu’un de grand, souvent te fait par vanité ; celui qui reçoit un petit, le fait seulement