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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/247

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n’est pas mis d’empêchement à l’apparition des imposteurs pour que les apôtres brillent davantage, ainsi que Paul dit ailleurs : « Afin que ceux qui ont été éprouvés soient distingués ». (1Cor. 11,19) Gamaliel disait quelque chose de semblable : « Il y a peu de temps s’est élevé Théodas ». (Act. 5,36) Quant aux sicaires, les uns disent que c’étaient des voleurs, qu’on appelait ainsi à cause des épées qu’ils portaient, et qu’on appelait chez les Romains « sica », un poignard ; d’autres pensent que leur nom leur vient d’une secte juive.
Il y a en effet, chez les Juifs, trois sectes principales : les Pharisiens, les Saducéens et les Esséniens, qui sont aussi appelés les saints (car le nom Esséniens signifie cela), à cause de la pureté de leur vie. On les appelait aussi les sicaires, parce qu’ils étaient zélés. Ne nous affligeons donc pas qu’il y ait des hérésies, puisque de faux christs voulurent tendre des embûches au Christ, afin d’obscurcir sa gloire, avant et après l’événement dont nous nous occupons. Mais la vérité brille et resplendit partout. Il en arriva de même du temps des prophètes. Il y avait de faux prophètes, et les prophètes brillaient par la comparaison. En effet, la maladie fait briller la santé ; les ténèbres font remarquer la lumière ; la, tempête fait aimer le calme. Les païens ne peuvent pas dire que les apôtres furent des fourbes et des imposteurs, car les imposteurs furent convaincus. Cela arriva à Moïse. Dieu permit qu’il y eût des magiciens, afin que Moïse ne passât pas pour l’être ; il permit qu’ils montrassent jusqu’à quel point la magie peut faire illusion ; au-delà ils ne purent tromper, mais ils avouèrent leur défaite. Les imposteurs ne nuisent en rien ; bien plus, ils rendent meilleurs ceux qui sont attentifs. Comment donc, direz-vous, si nous partageons leur gloire ? Les imposteurs ne sont pas glorifiés parmi nous, mais seulement par ceux qui n’ont pas de discernement. Ne nous occupons pas de la clameur de la coule, n’y attachons pas plus d’importance qu’il ne faut. Vivons pour Dieu et non pour lés hommes ; vivons en citoyens du ciel et non de la terre ; là sont les prix et les récompenses de nos travaux, là nous recevrons des louanges, là nous recevrons des couronnes. Ne nous occupons des hommes qu’autant qu’il est nécessaire pour ne pas leur donner prise sur nous. Si, sans que nous y ayons donné lieu ils veulent nous accuser témérairement et au hasard, rions et ne pleurons pas. Faites le bien devant Dieu et devant les hommes ; si l’ennemi vous poursuit lorsque vous faites le bien, ne vous en occupez même pas. Vous avez des exemples dans les Écritures : « Est-ce que j’obéis aux hommes ou bien à Dieu ? »(Gal. 1,10) dit Paul, et ailleurs : « Nous persuadons les hommes, mais Dieu nous connaît ». (2Cor. 5,11) Et le Christ disait de ceux qui se scandalisaient : « Laissez-les, ce sont des aveugles que conduisent des aveugles » (Mt. 15,14) ; et ailleurs : « Malheur à vous lorsque tous les hommes diront du bien de vous » (Lc. 6,26) ! et encore : « Que vos œuvres brillent de sorte qu’elles soient vues des hommes, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». (Mt. 5,16) Ne vous étonnez pas s’il dit ailleurs : « Si quelqu’un scandalise l’un de ces petits, il est bon pour lui qu’on lui attache la meule d’un âne au cou, et qu’on le précipite au fond de la mer ». Car ces paroles ne sont en rien contraires, elles s’accordent parfaitement. Si cela arrive parmi nous, malheur à nous ! si cela n’arrive pas parmi nous, il en est autrement. Et ailleurs Paul dit : « Malheur à vous, par qui le nom de Dieu est blasphémé ! » (Rom. 2,24) Mais quoi ! si je fais ce qu’il faut faire et qu’un autre blasphème ? Ce n’est pas votre affaire, c’est la sienne ; car c’est lui qui blasphème. Mais comment se peut-il que l’on fasse ce que l’on doit et qu’on donne prise aux autres ? D’où voulez-vous que je tire des exemples ? du temps passé ou du temps d’aujourd’hui ? De peur de sembler amoureux de vaine gloire, voulez-vous que nous parlions de ce qui se présente aujourd’hui sous notre main ? Paul judaïsait à Jérusalem et non à Antioche. Il judaïsait et on se scandalisait ; mais les Juifs ne se scandalisaient pas avec raison. On dit qu’il salua l’échanson et la concubine de Néron. Combien eussent-ils dit de paroles contre lui à cause de cela, mais injustement ! S’il avait salué par libertinage ou pour quelque mauvaise cause, on eût parlé justement contre lui ; mais s’il a salué pour une bonne cause, pourquoi l’en blâmer ?
Je rapporterai quelque chose arrivé à l’un de mes amis. Dans un moment où Dieu faisait sentir sa colère, lorsqu’il était jeune, dans l’ordre des diacres, il se trouva que l’évêque était absent en ce moment, et qu’aucun des prêtres ne s’occupait d’instruire ; ils baptisaient à la hâte, en une seule nuit, une foule