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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/255

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sang d’Étienne votre témoin, j’étais présent, et consentais à sa, mort ». Voyez où le discours aboutit de nouveau, et quelle puissante preuve Paul fournit. Il montre qu’il était persécuteur, et non seulement persécuteur, mais qu’il frappait Étienne par mille mains. Il leur rappelle ce grand meurtre. Ils ne purent souffrir qu’il les confondît ainsi ; et la prophétie du Christ était accomplie. Le zèle de Paul était grand, son accusation était terrible ; et les témoins de la vérité du Christ parlaient librement. Les Juifs ne voulurent pas entendre le reste du discours, mais, enflammés de fureur, ils poussèrent des clameurs. « Et il me dit : Va, parce que je t’enverrai vers les nations éloignées. Les Juifs l’écoutaient jusque-là, et ils élevèrent, la voix en disant. : Ôtez de la terre un tel homme, car il ne se peut qu’il vive. Comme ils poussaient des clameurs, jetaient leurs vêtements, et lançaient de la poussière en, l’air, le tribun ordonna de le conduire dans le camp, disant de lui donner la question par les fouets, afin d’apprendre pour quelle cause ils criaient ainsi contre lui (21-24) ». Lorsque le tribun eût dû examiner si les choses étaient ainsi, et interroger les accusateurs, il ne fait rien de tout cela, il ordonne de le flageller. « En effet », dit l’auteur, « le tribun ordonna de le conduire dans le camp et de, le flageller, afin de connaître la cause pour laquelle ils criaient ainsi contre lui ». Il fallait apprendre cette cause de ceux qui criaient, et leur demander s’ils avaient à lui reprocher quelque chose pour ses paroles ; mais le tribun usé témérairement de son pouvoir, et agit de façon à leur faire plaisir ; il ne s’inquiétait pas d’agir avec justice, mais d’apaiser leur injuste fureur. « Comme on le conduisait aux lanières, Paul dit au centurion qui était présent : Vous est-il permis de flageller un citoyen romain et qui, n’est pas condamné ? »
Paul ne mentit pas, loin de là, en disant qu’il était Romain ; il était en effet Romain ; aussi le tribun, en l’apprenant, eut peur. Et pourquoi craignit-il, dira-t-on ? Il craignait d’être lui-même saisi et de se voir infliger un grand châtiment. Remarquez que, Paul ne, parle pas au hasard ; mais il dit : « Vous est-il permis?. » C’est en effet une double accusation : accusation, de punir sans cause, et de punir un citoyen romain. Ceux qui étaient honorés de ce titre avaient de grands privilèges, et ce privilège n’appartenait pas à tout le, monde. En effet, depuis Adrien seulement, dit-on ; tous furent appelés Romains ; mais anciennement, il n’en était pas ainsi. C’est pour s’exempter du supplice qu’il fait valoir son titre de Romain, car s’il eût été flagellé, il eût été par là rendu méprisable ; mais, parce seul mot, il les remplissait d’une grande frayeur. S’ils l’eussent flagellé, ils eussent bouleversé tout, ou bien ils l’auraient mis à mort ; mais il n’en arriva pas ainsi. Voyez comme Dieu permet, dans ce cas et dans d’autres, que les choses arrivent humainement. Le tribun répondit : « J’ai acquis ce droit de cité avec beaucoup d’argent ». Il voulait dire par là qu’il soupçonnait Paul ; disant qu’il était Romain, d’user d’une feinte, et sans doute cette pensée lui vint de la mince apparence de Paul.
« Le centurion, après l’avoir entendu, alla dire au tribun : Voyez ce que vous allez faire, à cet homme est citoyen romain. Alors le tribun, venant vers Paul, lui dit : Dites-moi, êtes-vous Romain ? Paul lui dit : Certainement : Le tribun répondit : J’ai acquis ce droit de cité avec beaucoup d’argent. Paul lui dit : Moi, je suis né Romain. Aussitôt, ceux qui devaient le torturer, le laissèrent. »
Et le tribun fut effrayé lorsqu’il sut qu’il était Romain, et qu’il l’avait lié. « Moi je suis né Romain », dit Paul. Donc il était fils d’un père romain. Qu’arriva-t-il ensuite ? Le tribun le délia, et le conduisit vers les Juifs. Il ne mentait pas en disant qu’il était Romain ; il y gagna d’être délivré de ses liens. Écoutez comment : « Le lendemain, le tribun voulant connaître d’une manière certaine de quoi les Juifs l’accusaient, le délia, et ordonna de réunir les princes des prêtres et le Sanhédrin ; et ayant amené Paul ; il le plaça au milieu d’eux (25-30). Paul regardant le conseil, leur dit ». Il ne parla plus au tribun, mais à la foule et au peuple entier. Et que dit-il ? Mes frères, jusqu’à cette heure je me suis conduit devant Dieu avec toute, la droiture d’une bonne conscience » ; ce qui veut dire : Je n’ai pas conscience d’avoir fait quoi que ce soit d’injuste envers vous, qui me rende digne d’être enchaîné ainsi : Que dit donc le grand prêtre ? Il eût dû regretter de ce que Paul, à cause d’eux, avait été enchaîné injustement. Mais, au contraire, il ajoute à l’offense, et ordonne de le frapper, ce qui se voit dans la parole