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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/256

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suivante de l’auteur : « Le grand prêtre Ananie ordonna à ceux qui étaient présents de le frapper à la bouche ». Certes, voilà qui est bien : il est doux, le grand prêtre. « Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie. Tu es assis pour me juger suivant la loi, et tu ordonnes, malgré la loi, de me frapper. Ceux qui étaient présents lui dirent : Tu insultes le grand prêtre ; mais Paul leur dit : Je ne savais as, mes frères, qu’il fût le grand prêtre ; il est écrit, en effet : Tu ne maudiras pas le prince de ton peuple ». (Chap. 13,1-5).
2. Quelques-uns disent qu’il parla avec connaissance de cause et par ironie ; il me semble que Paul ne savait nullement que ce fût le grand prêtre, autrement il l’eût respecté ; c’est pour cela qu’il s’excuse, lorsqu’il s’entend accuser, et qu’il ajoute : « Tu ne maudiras pas le prince de ton peuple ». Mais quoi, direz-vous, si ce n’était pas le prince du peuplé, fallait-il en injurier un autre ? En aucune façon ; il valait mieux supporter d’être insulté. On demande avec raison comment celui qui dit ailleurs
« Bénissez, lorsqu’on vous dit des injures ; « supportez qu’on vous persécute » (1Cor. 4,2), fait ici tout le contraire, et non seulement dit des injures, mais même profère des malédictions ? Loin de nous cette pensée, Paul n’a fait ni l’un ni l’autre ; mais, pour quelqu’un qui vent y faire attention, il est clair que ce sont là plutôt les paroles d’un homme qui parle avec liberté, que des paroles de colère ; d’ailleurs il ne voulait pas paraître méprisable aux yeux du tribun. Si celui-ci s’était abstenu de flageller Paul pour le livrer aux Juifs, il fût devenu plus hardi en le voyant frapper par des valets ; c’est pour cela que Paul attaque ainsi, non le serviteur, mais bien celui qui a commandé au serviteur. Ce mot : « Muraille blanchie, tu sièges pour me, juger suivant la loi », signifie la même chose que si Paul disait : Vous qui êtes coupable, et digne de mille châtiments. Remarquez combien le peuple fut frappé de sa hardiesse ; il fallait se repentir, mais ils préfèrent lui dire des injures. Mais Paul cite ta loi, parce qu’il veut montrer que s’il dit cet paroles, ce n’est ni par crainte, ni parce que celui qui les a entendues ne les méritait pas, mais bien parce qu’il obéit même alors à la loi. Je suis tout à fait convaincu que Paul ne savait pas qu’Ananie fût le grand prêtre, parce qu’il revenait après une longue absente, qu’il avait été rarement avec les Juifs, et que d’ailleurs il le voyait au milieu de beaucoup de monde. Le grand prêtre n’avait rien qui le désignât au milieu d’une foule de gens de toute espèce. Il me semble aussi qu’il leur adresse à tous ces paroles, pour leur montrer qu’il obéit à la loi ; et voilà pourquoi il s’excuse.
Reprenons : « Pendant que je priais dans le temple, dit Paul, il m’arriva d’avoir une extase ». Pour montrer que ce ne fut pas une simple imagination, il dit auparavant : « Pendant que je priais. Hâte-toi, et sors promptement, car ils ne recevront pas ton témoignage ». Il montre ici qu’il ne s’est pas enfui par crainte de dangers de leur part, mais bien parce qu’ils n’admettraient pas son témoignage. Pourquoi dit-il donc : « Eux-mêmes savent que j’enchaînais ? » Ce n’est pas pour contredire le Christ, loin de là, mais pour apprendre l’œuvre admirable à laquelle il est destiné. « Va », dit le Christ, « parce que je t’enverrai chez les nations lointaines ». Voyez : le Christ ne l’instruisit pas de ce qu’il devait faire, mais il lui dit seulement de partir, et il obéit, tant il était docile : « Et ils élevèrent la voix, en disant : Ôtez-le, car il ne lui est pas permis de vivre ». O impudence ! certainement – il ne convient pas que vous viviez, vous, mais il n’en est pas de même de cet homme qui obéit en tout à Dieu. O scélérats et homicides ! « Et jetant leurs vêtements ; ils lançaient de la poussière. ». Ils agissent ainsi pour exciter une sédition plus sérieuse et épouvanter le chef. Mais remarquez qu’ils ne disent aucune raison, puisqu’ils n’en avaient aucune ; mais ils pensent épouvanter parleurs cris ; cependant il convenait que les accusateurs instruisissent le juge. « Et le tribun fut effrayé », dit l’auteur, « lorsqu’il eut appris que Paul était romain ». Ce n’était donc pas un mensonge que faisait Paul en disant qu’il était romain. « Et il le délivra de ses chaînes ; et l’ayant emmené, il le plaça devant le conseil ». C’est ce qu’il fallait faire au commencement, et non pas le lier et vouloir le fustiger ; il convenait de laisser libre l’homme qui n’avait rien fait pour mériter d’être enchaîné. « Et il le délivra, et l’emmenant, il le plaça au milieu d’eux ». Les Juifs étaient par là fort embarrassés. « Paul ; portant ses regards sur le conseil, leur dit : Mes frères ». Il leur fait voir par là sa hardiesse et son intrépidité.