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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/26

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Si vous étiez païen, et si, comme tel, vous n’étiez touché que des biens de la terre, cela vous serait peut-être difficile, quoique des païens l’aient fait. Mais vous espérez le ciel et les biens – éternels, et vous dites : Comment réprimer la cupidité ? Si je vous tenais un langage tout contraire, le doute vous serait permis ; et si je vous disais : Désirez les richesses, vous me répondriez avec raison Comment puis-je les désirer en voyant tout ce que je vois ? Si je vous disais encore, en vous offrant de l’or et des pierres précieuses Donnez la préférence à une masse de plomb, hésiteriez-vous à me répondre : Eh ! puis-je le faire ? S’il ne fallait, au contraire, que mépriser le plomb, rien ne vous serait plus facile. En vérité, j’admire moins qu’on méprise les richesses que je ne m’étonne qu’on les puisse rechercher. Car c’est le caractère d’une âme basse, qui n’a aucune élévation dans la pensée, et qui, semblable à un vil insecte, rampe à terre, et se complaît dans la boue et la fange. Étrange langage ! vous prétendez à l’héritage de la vie éternelle, et vous dites : Comment mépriserai-je la vie présente ? Est-ce que ces deux vies peuvent être comparées ? on vous offre la pourpre impériale, et vous dites Comment rejetterais-je ces sales haillons ? on va vous introduire dans le palais du prince, et vous dites : Comment abandonnerais-je cette humble cabane ? Certes, nous sommes toujours nous-mêmes la cause et le principe de tous nos malheurs, parce que nous ne secouons jamais une coupable indolence. Car tous ceux qui l’ont réellement voulu y sont parvenus avec ferveur et facilité. Ah ! puissent mes paroles convaincre vos esprits, en sorte que votre conduite soit vraiment chrétienne, et que vous deveniez les imitateurs de ces premiers héros du christianisme, par la grâce et la miséricorde du Fils unique de Dieu, à qui soit, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VIII.


OR, PIERRE ET JEAN MONTÈRENT ENSEMBLE AU TEMPLE, A LA PRIÈRE DE LA NEUVIÈME HEURE. (ACT. 3,1, JUSQU’AU VERSET 11)

ANALYSE.

  • 1. Le sujet de cette homélie est la guérison d’un boiteux opérée par les apôtres saint Pierre et saint Jean et pour mieux faire ressortir l’éclat du miracle, l’orateur constate d’abord l’état de cet homme. – Il développe ensuite tous les détails de ce miracle, et loue la conduite pleine de reconnaissance que tint ce boiteux.
  • 2. Cependant le peuple s’étant rassemblé, Pierre en prend occasion de faire connaître Jésus-Christ. – Ici saint Chrysostome, après avoir rappelé le discours fait dans le cénacle, montre l’apôtre s’élevant dans celui-ci à une plus grande hauteur de force et de confiance. – Mais soudain il interrompt son sujet, et, abordant une question de morale, il exhorte ses auditeurs à travailler courageusement à l’acquisition des vertus chrétiennes, leur prouvant que l’habitude d’une seule facilite la pratique de toutes les autres.
  • 3. C’est pourquoi il les supplie avec prières et avec menaces d’extirper du milieu de Constantinople le jurement et le blasphème, et montre quelle sera sur l’univers entier l’heureuse influence d’un tel exemple. – Si un petit nombre seulement obéit à la voix du pasteur, il s’en consolera, parce qu’il vaut mieux pour lui n’avoir à diriger que quelques brebis dociles que de commander à une multitude de chrétiens qui déshonorent aux yeux des païens la sainteté de la religion.


1. Une étroite amitié unissait les deux apôtres, Pierre et Jean. Aussi voyons-nous que, dans la dernière cène, « Pierre fait signe à Jean », et qu’ils courent tous deux au tombeau. C’est encore Pierre qui interroge Jésus-Christ au sujet de Jean et lui dit : « Et