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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/261

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Pareille pensée ne lui vient même pas, nul soupçon de ce genre n’effleure son esprit, il croit simplement. Bien qu’il croie cependant, il ne s’endort pas, il ne néglige pas de prendre les mesures que lui suggère la sagesse humaine. Remarquez aussi comment les Juifs se sont imposés une sorte de nécessité, par l’anathème qu’ils ont appelé sur leurs têtes. Voilà le jeûne converti en un instrument de meurtre. Hérode s’était déjà assujetti à la nécessité du serment. Tel est l’artifice du démon, il cache ses pièges sous les apparences de la piété. Il eût fallu citer, accuser, composer un tribunal. Une conduite pareille n’était pas celle de prêtres, mais de chefs de brigands ; ni de magistrats, mais de fléaux publics. Et voyez l’excès de la méchanceté. Il ne leur suffit pas de se corrompre entre eux, ils entreprennent encore de corrompre le gouverneur. C’est pourquoi la Providence permet qu’il soit instruit de leurs menées. Ainsi ces hommes montrent, tant par l’impossibilité où ils sont de rien dire, que par leurs menées secrètes, qu’ils ne sont rien. Il est vraisemblable qu’après le départ de Paul, les princes des prêtres se présentèrent chez le gouverneur pour le demander, et qu’ils se retirèrent couverts de confusion à cause de l’insuccès de leur démarche. Le tribun agit sagement. Il ne voulait point livrer Paul par une complaisance coupable. Comment, demandera-t-on, ajouta-t-il foi à ravis##Rem du jeune homme ? Par ce qui s’était passé, il conjectura la vraisemblance de ce complot. Voyez que de méchanceté : ils imposent une sorte de nécessité aux prêtres eux-mêmes. Si les prêtres prirent sur eux une charge si importante, s’ils coururent ainsi tout le risque de l’affaire, faut-il s’étonner que les autres aient fait ce qu’ils ont fait. Paul est déclaré innocent par la sentence des païens, comme le Christ l’avait été par la voix de Pilate. Remarquez comme l’iniquité se combat elle-même. Ils : l’avaient livré pour le faire condamner et mettre à mort ; et c’est le contraire qui arrive, il est trouvé innocent et sauvé. Sans cela il eût été mis en pièces ; sans cela il eût été condamné, il eût péri non seulement le tribun le dérobe à la rage de ses ennemis, mais il devient l’instrument de son salut en le faisant protéger par une si forte escorte. Écoutez comment.
« Et ayant appelé deux centeniers, il leur dit. Tenez prêts dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents lances, pour aller jusqu’à Césarée. Il leur ordonna aussi d’avoir des chevaux pour monter Paul, et le mener sûrement au gouverneur Félix. Il écrivit en même temps une lettre en ces termes : Claude Lysias, au très-excellent gouverneur Félix, salut. Les Juifs s’étant saisis de cet homme, et étant sur le point de le tuer, je suis intervenu avec des soldats et l’ai tiré de leurs mains, ayant su qu’il était citoyen romain. Et voulant savoir de quel crime ils l’accusaient, je le menai en leur conseil. J’ai trouvé qu’il n’était accusé que de certaines choses qui regardent leur loi, sans qu’il y eût en lui aucun crime – qui fût digne de mort ou de prison. Et sur l’avis qu’on m’a donné d’une entreprise que les Juifs avaient formée pour le tuer, je vous l’ai envoyé, ayant aussi commandé à ses accusateurs d’aller proposer devant vous ce qu’ils ont à dire contre lui. Adieu. (23-30) ». Cette lettre contient une justification de Paul : « Je n’ai trouvé en lui aucun crime qui fût digne de mort », en même temps qu’une accusation contre les Juifs. – Ils étaient, dit-il, sur le point de le tuer. Puis il ajoute : « Je l’ai mené en leur conseil », et ils n’ont rien trouvé à lui reprocher. Et au lieu de s’arrêter après leur première tentative et d’en rougir, ils cherchent de nouveau à le tuer, en sorte que la justice de sa cause paraît avec plus d’éclat. Et pourquoi le tribun envoie-t-il aussi les accusateurs ? Afin que devant le tribunal Paul fût déclaré innocent, après un minutieux examen.
Reprenons. « Je suis pharisien », dit-il. Il dit cette parole pour se les concilier. Puis, pour ne pas s’en tenir à une flatterie pure et simple, il ajoute : « Et c’est à cause de l’espérance d’une autre vie, et de la résurrection des morts, que l’on veut me condamner ». Il attaque pour se, mieux défendre ; car les sadducéens disent qu’il n’y a ni ange, ni esprit. Il n’existe rien d’incorporel selon les sadducéens, pas même Dieu lui-même, tant ils étaient matériels. Par conséquent, ils refusaient de croire à la résurrection. « Et quelques scribes du parti des pharisiens s’étant levés, discutaient et disaient : Nous ne trouvons rien de mal en cet homme ».
3. Voyez : le tribun entend les pharisiens déclarer Paul innocent ; et il ne prononce dans le même sens et il l’enlève plus hardiment.