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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/262

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Les discours tenus par Paul avaient été remplis de sagesse. « La nuit suivante, le Seigneur se présentant à lui, lui dit : Ayez bon courage, Paul, comme vous m’avez rendu témoignage à Jérusalem, il faut de même que vous me rendiez témoignage dans Rome ». Voyez quelle consolation ! Le Seigneur commence par louer son apôtre ; ensuite, pour que son départ imprévu pour Rome ne l’effraie pas, il le lui annonce d’avance ; comme s’il disait : non seulement tu iras là, mais tu auras encore l’occasion d’y montrer la même intrépidité apostolique. Ensuite, il n’est pas dit qu’il se sauvera du péril, mais qu’il méritera par son témoignage la grande couronne dans la grande ville. Pourquoi l’apparition n’a-t-elle pas lieu avant le péril ? parce que c’est toujours dans les tribulations que Dieu console, c’est alors que sa présence est la plus désirée, et il nous exerce dans les périls. A ce moment-là, c’est vrai, il était dans le calme, étant débarrassé de ses liens ; mais il allait bientôt courir un danger terrible : « Nous avons juré en appelant l’anathème sur nous, de ne pas manger ni boire ». Quelle fureur étrange ! ils se soumettent à l’anathème sans aucune raison. « Afin qu’il l’amène vers vous, comme devant connaître plus exactement de son affaire ». Que dites-vous ? Est-ce qu’il, n’a point parlé publiquement devant vous jusqu’à deux fois ? n’a-t-il pas dit qu’il était pharisien ? N’est-il pas superflu d’aller plus loin ? Mais ils aimaient tant les tribunaux et les lois, ils tenaient si fort à ne rien négliger ! Et ils déclarent leur dessein, et ils annoncent le forfait qu’ils méditent. « Le fils de la sœur de Paul ayant appris le complot ». C’est pan trait, de la divine providence qu’ils n’aient pas remarqué qu’on les entendait. Que fit Paul ? Il ne fut pas troublé, mais il vit dans ce qui se passait l’œuvre de Dieu, et remettant tout à Dieu il sut tirer de ce fait son salut. Voyez comment Dieu a tout dispensé pour le bien. Le jeune homme dénonce le complot, on l’en croit, et Paul est sauvé. – Mais, dira-t-on, puisqu’il avait été renvoyé absous, pourquoi faire partir des accusateurs ? – Pour que l’enquête soit plus exacte et l’innocence de l’apôtre mieux établie. Telle est la conduite de Dieu : ce qui devait nous perdre dans la pensée de nos ennemis est souvent ce qui nous sauve. Aussi Joseph fut en butte aux pièges de la femme de son maître, et ce qui paraissait un piège se changea en voie de salut. Le séjour de la prison était en effet bien préférable à là maison où vivait ce monstre. Dans cette maison il était traité avec douceur, mais sa crainte des obsessions de sa maîtresse était continuelle, crainte pire pour lui que le séjour de la prison. Après l’accusation, il fut désormais libre et tranquille, et n’eut plus à redouter les pièges impurs de cette femme. Mieux valait pour lui la société des infortunés que celle d’une maîtresse égarée par sa passion. Ici il se consolait lui-même par la pensée qu’il était captif pour la chasteté ; là il redoutait les blessures qui pouvaient être faites à son âme : rien de plus fâcheux qu’une femme amoureuse pour un jeune homme qui ne veut pas consentir à son désir, rien de plus impur, de plus repoussant. Il n’y a pas de prison qui soit aussi dure. On peut donc dire qu’au lieu d’être jeté en prison, il en fut délivré. Cette femme attira sur Joseph l’inimitié de son maître, mais elle lui assura l’amitié de Dieu, elle le fit avancer dans l’intimité du Maître véritable et absolu ; elle le dépouilla de l’intendance de sa maison, mais elle l’introduisit dans la maison du Maître par excellence.
D’un autre côté ses frères le vendirent, mais ils le délivrèrent ainsi des ennemis qu’il rencontrait dans la maison de son père, de la haine, de l’envie, des embûches quotidiennes, ils l’envoyèrent loin de ceux qui le haïssaient. Quoi de plus fâcheux que d’être forcé de vivre avec des frères envieux, d’être en butte aux soupçons, aux pièges de toute espèce ? La Providence fit servir à, la grandeur du juste Joseph ce que ses frères et la femme de Putiphar avaient tenté pour le perdre. Était-il dans les honneurs, c’est alors qu’il était en danger ; était-il dans l’abaissement, c’est alors qu’il était le plus en sûreté. Les eunuques l’oublient, et ceci tourne encore à sa gloire et ne fait que lui ménager une occasion plus brillante pour sortir de prison ; de la sorte sa délivrance sera due non à la faveur humaine,.mais tout entière à la divine Providence ; il sortira à propos pour rendre de grands services, et Pharaon, en le tirant de sa prison, sera son obligé plus que son bienfaiteur. Il convenait que sa délivrance fût non pas une grâce accordée à un esclave, mais une conséquence de la nécessité où se trouverait